" Certains lundis de la toute fin de novembre, ou du début de décembre, surtout lorsqu’on est célibataire, on a la sensation d’être dans le couloir de la mort. Les vacances d’été sont depuis longtemps oubliées, la nouvelle année est encore loin; la proximité du néant est inhabituelle. "

Point-virgule, humour, juxtaposition… Oui, la première page d’Anéantir est du pur Houellebecq. Alors plongeons allègrement. Certains d’entre vous l’ont déjà fait d’ailleurs (avant même la sortie du livre et de manière illégale – et ça, c’est pas bien). Et pour ceux qui sont en pleine lecture, en lieu et place d’une énième critique du roman, laissez-moi plutôt répondre à certains commentaires acerbes que vous avez pu entendre ici ou là.

Son style est plat?

Oui, bien sûr, et c’est volontaire. Une sobriété qu’il entretient et à travers laquelle pointent un langage clinique, des vers blancs, des démonstrations techniques, du langage administratif, des imparfaits du subjonctif et des catachrèses, des visions déshumanisantes, des jaillissements poétiques et des piques très drôles. Une simplicité qui est avant tout une recherche de quelque chose qui va se fondre dans le réel.

Trop compliqué?

Fiction politique, roman d’espionnage, récit intime… On lui reproche, dans Anéantir, de lancer des fils sans jamais les nouer, de dérouler les intrigues autour de la complexité de ses pensées sans les relier, ni les justifier. Mais c’est que Houellebecq nous donne à voir des bobines vivantes qui vont poursuivre leur route, avec ou sans nous, lecteurs; une manière qui n’est pas sans rappeler Les Faux Monnayeurs de Gide, selon moi.

L’amour pour braver la mort?

On lui a très (trop) souvent reproché de proposer une vision désabusée de la femme, de nous montrer l’amour comme voué à l’échec, la femme à la procréation et l’homme à la solitude. Amour et sexe pour seules consolations. Et là, pour une fois, malgré la noirceur du monde, l’auteur laisse émerger, à la place de la possibilité d’une île, la possibilité d’un amour authentique. De trop désespéré à trop romantique… Jamais contents, les critiques?

Je laisserai Gide d’ailleurs conclure: " C’est avec les bons sentiments qu’on fait de la bonne littérature. "

https://angelique-in-paris.mailchimpsites.com

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