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Changer l’eau des fleurs est actuellement au théâtre de la Renaissance à Paris jusqu’au 7 janvier 2024. La pièce est mise en scène par Salomé Lelouch et interprétée par Caroline Rochefort (Molière de la révélation féminine pour cette pièce aux Molières 2022), Morgan Perez, Jean-Paul Bezzina et Frédéric Chevaux.

Basée sur un roman de Valérie Perrin, auteure, photographe de plateau et scénariste, la pièce Changer l’eau des fleurs est mise en scène par Salomé Lelouch, fille de Claude Lelouch à qui l’auteure avait confié la mise en scène de son roman (prix des lecteurs du Livre de Poche, prix Jules Renard, prix Maison de la Presse…) Le réalisateur Claude Lelouch avait épousé la romancière Valérie Perrin l’été dernier à Paris.

L’histoire

Violette Toussaint est gardienne de cimetière dans une petite ville de Bourgogne. Les gens de passage et les habitués viennent se réchauffer dans sa loge où rires et larmes se mêlent au café qu’elle leur offre. Son quotidien est rythmé par leurs confidences. Un jour, parce qu’un homme et une femme ont décidé de reposer ensemble dans son carré de terre, tout bascule. Des liens qui unissent vivants et morts sont exhumés et certaines âmes que l’on croyait sombres se révèlent lumineuses.

C’est dans un cimetière que l’on suit Violette Toussaint, "une fée du quotidien", sourire aux lèvres, archiviste numéro un. Elle s’attelle à ses tâches quotidiennes sans se plaindre. Elle connaît le nom de tous les défunts, leurs histoires de famille, leurs petites cachotteries. Elle garde leurs secrets auprès des vivants. Elle a, chez elle, dans un cahier, tous les détails des enterrements, ceux que l’on a ratés, ce que l’on a évité par peur des secrets. Violette Toussaint, elle aussi, garde un secret bien enfoui.

Dans cette adaptation du roman, la pièce de théâtre se révèle d’un réalisme poignant. "Rien n’est grave, rien n’est vraiment grave, à part la mort d’un enfant." Cette comédie dramatique intime, ponctuée de résilience, d’harmonie, de sourires au cœur et de poésie, est une réflexion philosophique sur les parcours quotidiens des êtres et les trames relationnelles. Changer l’eau des fleurs effleure aussi délicatement la dimension métaphysique de la vie qui se poursuit après les départs éternels et les fissures indélébiles des âmes, dans un cimetière où les fleurs occupent la place centrale, arrosées par l’eau de la vie.

Dans les gestes attentionnés de tous les jours, dans les conversations anodines, embellies de sens et de chaleur, la pièce est faite d’attente. Elle se déroule sur le fil de l’espoir, suspendue au rêve. "C’est la première lettre d’amour que je reçois de toute ma vie, une étrange lettre d’amour, mais une lettre d’amour quand même."

Au-delà des liens sociaux persiste la coïncidence et l’attachement à la vie après la mort. Le cadre même du cimetière devient serein dans une scénographie étudiée. Le jeu des acteurs est subtil et réaliste, léger et convaincant. Dans ce cadre onirique, le cimetière est arrosé d’eau et d’amour. Il regorge de fleurs et de journaux remplis d’histoires. Les acteurs évoluent dans une ambiance invraisemblablement féérique et incarnent à la perfection le roman de Valérie Perrin. Changer l’eau des fleurs est la preuve que malgré les épreuves, croire au ciel et au bonheur vaut toute l’intensité de la vie.

Marie-Christine Tayah

Instagram: @mariechristine.tayah

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