" Plus on est personnel, plus on est universel ": pour son quatrième " seul en scène " depuis ses débuts en 2002, François-Xavier Demaison, l’ancien fiscaliste qui a concrétisé sur le tard sa passion pour le théâtre, signe un spectacle intimiste, mêlant souvenirs et confidences.

À l’affiche du Théâtre de l’Œuvre qu’il codirige, l’humoriste et épicurien assumé fête ses retrouvailles avec le public en se remémorant avec gourmandise dix bouteilles d’exception, l’occasion d’un voyage dans le temps jalonné d’émotions souvent partagées avec le public.

" Nous avons tous les mêmes problématiques. Je propose mon regard sur la vie et la société sans me positionner en donneur de leçons, loin de là ", confie-t-il à l’AFP.

" La pandémie a provoqué une introspection générale. Il y en a qui changent de boulot, de ville, de femmes, de maris… Cette introspection fait écho à la mienne il y a vingt ans ", ajoute François-Xavier Demaison, 48 ans, qui en 2001, alors fiscaliste à Manhattan, a assisté à l’attentat du World Trade Center. " J’ai changé de vie après ce choc pour mieux profiter du présent ".

Sur scène, il préfère rire des remises en question: " Pendant le confinement, on a appris des choses sur nous, sur nos proches. J’ai appris par exemple que ma femme était brune… "

" Déboucher ces bouteilles comme des madeleines de Proust, c’est parler des choses qu’on vit et des verres qu’on vide ", ajoute le comédien, révélé en incarnant Coluche sous la direction d’Antoine de Caunes en 2007. Une performance qui lui a valu d’être nommé pour le César du meilleur acteur.

– " Le luxe de ne pas choisir " –

" Ma vocation première a été le théâtre. Pour rassurer mes parents, j’ai opté pour Sciences Po ", raconte-t-il. Dans son nouveau spectacle, il revit notamment le déjeuner familial pour fêter son baccalauréat, arrosé d’un grand cru de Bordeaux. " Avec ta mère, on a mis le paquet: tu n’auras pas un bel héritage, mais tu auras de beaux souvenirs ! ", lui a dit son père.

Entre souvenirs et digressions hilarantes, Demaison règle leur compte aux influenceurs " qui vivent à Dubaï pour fuir l’impôt et le Bescherelle ". " J’aime la scène de manière charnelle, le théâtre, la poussière, le public, le trac… ", confie-t-il en coulisses.

" Drame ou comédie, j’ai le luxe de ne pas choisir. Je me sens à l’aise dans les deux. Tant qu’on ne me classe pas, j’en profite. Le rôle de Coluche a été mon adoubement ", ajoute François-Xavier Demaison, qui sera cette année à l’affiche de quatre films, dont " La Syndicaliste ", un drame social avec Isabelle Huppert, sous la direction de Jean-Paul Salomé.

Il veille aussi sur le Théâtre de l’Oeuvre qu’il dirige à Paris depuis 2017 avec son associé, le metteur en scène Benoît Lavigne.

" Diriger une salle est bien compliqué dans cette période, mais l’expérience est belle. Nous avons réussi à doubler la fréquentation avec une programmation riche comme Laetitia Casta dans +Scènes de la vie conjugale+ de Bergman ".

Quand il n’est pas sur les planches ou sur un plateau, l’humoriste se transforme en vigneron au cœur du Languedoc, avec 15.000 flacons bon an, mal an: " Une aventure avec Dominique Laporte (meilleur sommelier de France en 2004, NDLR) qui me rend très heureux ! "

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