Face à une situation vécue comme troublante et qui nécessite une action, il arrive souvent d’entendre cette phrase : "pense d’abord"; c’est le cas de l’élève perplexe devant sa copie d’examen ou la personne soucieuse de faire le bon choix de profession ou encore cette jeune personne déçue de son couple. Que veut dire "penser"? Réfléchir ou raisonner? Certes, mais à quoi? Et comment? Dans cette série sur la santé mentale et l’acte de penser, je vais commencer par les jeunes scolarisés.

Dès l’école maternelle, le jeune enfant est initié à découvrir, à participer et plus tard à anticiper. Dans un premier temps, Il apprendra à "penser", en manipulant un matériel et en découvrant le "sens" de ce qu’il apprend. Citons l’éducation sensorielle qui lui apprendra à découvrir les objets par le toucher (lisse, rugueux, chaud, froid…), les aliments par le goût (salé, sucré…) et par la consistance (soupe, viande, biscuit…), etc.

Dans un deuxième temps, il apprendra à faire des rapprochements entre les éléments acquis: l’assiette se rapproche plus d’une fourchette que du dentifrice, par exemple. Donc il a appris à mettre en catégories les ustensiles de la cuisine, les accessoires de la toilette, etc. Ainsi, sa pensée commence à se structurer. Penser, c’est aussi "mettre en catégorie" et différencier les éléments. Il est important de savoir que la maturité de la pensée se fait en fonction de l’âge. Au départ, le très jeune enfant peut reconnaître et différencier les couleurs, puis les formes.il apprendra à faire des rapprochements entre les éléments acquis parce qu’ils ont la même forme verticale. Il est également amené à faire le lien entre une voiture rouge et une fraise rouge, parce qu’ils ont la même couleur. Plus tard, il apprendra à différencier les objets en fonction de leur nature, comme par exemple, le pain est mis avec des aliments et la brosse à dent avec les accessoires de bain. Ensuite, ce sera un rapprochement par fonction: les objets qui sont tranchants se mettent ensemble, quelles que soient leurs formes, leurs couleurs ou leurs tailles.

Dans un troisième temps, il apprendra à donner une suite à une histoire en repérant les différentes séquences. L’exercice proposé à l’enfant sera de mettre les images dans l’ordre logique. Autrement dit, où commence l’histoire et par quoi elle se termine. Prenons cet exemple: image 1: un petit garçon qui s’enfuit; image 2- un petit garçon qui jette des cailloux sur un chien; image 3: un chien assis devant la porte d’entrée d’une maison; image 4: un chien qui aboie sur un passant. L’enfant est invité à repérer les différentes séquences et à classer les images dans un ordre qui permettra de comprendre l’histoire (images 3; 2; 4; 1).

Ainsi, penser, c’est "repérer", "raisonner", "mettre en lien" pour donner un sens et accomplir une action. Cela dit, tous les jeunes n’ont pas eu le même parcours et ne présentent pas les mêmes capacités cognitives et les mêmes compétences. Le professionnel, quelle que soit sa discipline (éducateur, psychologue, orthophoniste, psychomotricien…), doit savoir repérer les jeunes en difficultés et leur apporter son soutien en les initiant "à penser", c’est-à dire "à trouver des repères".

Ainsi, lorsqu’on voit un jeune se débattre en vain devant un exercice de calcul, il faut éviter de lui dire: "Tu sais comment faire, tu l’as appris à l’école. Pense!", mais plutôt essayer de savoir ce qu’il a compris de la consigne et l’aider à remettre de l’ordre dans les notions et dégager les mots clés. Autrement dit, il faut l’initier à "repérer" les facteurs clés, leur donner un sens, dans le but de traiter la question.

Tout est dans la façon de s’y prendre et dans la nature de la communication. Les parents sont souvent dépassés par les événements, surtout en matière d’études et d’examens, et s’emportent lorsque leur enfant n’étudie pas ou néglige ses devoirs, créant une ambiance stressante. Nous invitons les parents, dans ce cas précis, à chercher les causes plutôt que d’agir sur le symptôme (la négligence). Peut-être que le jeune est en difficulté et se sent en retard ou en situation d’échec. Initier une personne à "savoir penser" contribue positivement à son développement, à sa santé mentale, et peut générer un bien-être et une meilleure estime de soi. La personne qui raisonne ne se laisse pas envahir par l’émotion et peut éviter plus facilement les situations qui s’avèrent stressantes.

L’Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme "un état de bien-être dans lequel une personne peut se réaliser, faire face au stress normal de la vie, accomplir un travail productif (…), un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne constitue pas seulement une absence de maladie ou d’infirmité".

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