Il est des rencontres de femmes comme des retrouvailles, en attente et espérées.
Il est des premiers regards qui s’échangent et qui portent en eux une complicité, une évidente communion artistique, intellectuelle et surtout humaine.
Il est des moments partagés comme un apaisement et une douceur d’amitié.
Andrée Hochar Fattal est de ces femmes, de ces rencontres, de ces évidences.  

Après avoir étudié à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts (ALBA), elle s’envole pour Paris en 1976 avec mari et enfants, et y poursuit ses fréquentations plasticiennes en parcourant la Ville Lumière, entre les cours de sculpture auprès de Jean Claude Athané et les études de nus à l’Atelier Bertholle.
Et, depuis 1990, elle se consacre toute à son art et à son œuvre, et ses Déesses voluptueuses et nourricières, s’exposent et posent à Paris, New York, Bruxelles et Beyrouth.

C’est toujours une histoire de femmes qui se poursuit. Lors d’une exposition à la Galerie Alice Mogabgab, Nadine Panayot "rencontre" les œuvres d’Andrée et cristallise ce moment dans sa mémoire. Elle devient la nouvelle prêtresse du temple muséal de l’AUB, et l’évidence du dialogue entre ces divinités féminines, celles faites de terre et celles faites de bronze, s’impose.

Une élasticité du temps millénaire et actuel s’instaure comme une conversation ininterrompue.
C’est une invitation dans l’Olympe collectif, une navigation sur cette Mare Nostrum, des pages perdues et retrouvées de l’Illiade et de l’Odyssée, un glissement inconscient de notre genèse commune, une promenade mystique et silencieuse.

Car c’est bien de la dévotion spirituelle: Les œuvres d’Andrée Hochar Fattal sont un mélange d’ex-voto et de déités, incarnées dans une sensualité exacerbée de femmes en abandon, extase et adoration.
"Fécondité", "Thalassa", "Méditerranée", "Osmose", "Tourbillon", "Ma pomme", "Fruits défendus", "Elle", sont les titres évocateurs de ces sculptures voluptueuses et épurées. La digestion même d’une création inconsciente et jouissive.

D’un émerveillement que seul un regard lavé et tourné vers la vérité de la beauté, celle qui s’offre à celui et celle qui voit au-delà du visible.

Suspension du temps, voulue et imposée par ce dialogue permanent entre les figurines archaïques et ces créations contemporaines, cette immortalité de terre, de pierre et de bronze, ce face-à-face muet et pourtant empli de compréhension tacite… Cet hommage à Gaia, "Mother Earth", du titre de cette installation, est celui de toutes les femmes, depuis la nuit des temps jusqu’à nos jours, parcelles de vie, de création et de procréation, absolu féminin et divin.

Dans le cadre de la journée mondiale des droits de la femme, du 8 au 31 mars 2022, au Musée Archéologique de l’AUB: "Mother Earth, sculpture – installation by Andrée Hochar Fattal "