Fait rarissime au sein de L’Opéra de Paris, trois des six nouvelles productions lyriques prévues pour la saison 2022-2023 ont été confiées à des metteuses en scène.
Invitées pour la première fois à l’Opéra, la Britannique Deborah Warner, l’Américaine Lydia Steier et l’Argentine Valentina Carrasco se sont vu confier respectivement la mise en scène de " Peter Grimes " de Benjamin Britten, " Salomé " de Richard Strauss et surtout le très attendu " Nixon in China ", opéra phare du compositeur américain John Adams qui entre au répertoire.
La nouvelle saison, dévoilée mercredi matin, met en avant aussi davantage de cheffes d’orchestre, avec l’Italienne Speranza Scappucci, qui dirigera " Les Capulet et les Montaigu " de Bellini, l’Australienne Simone Young, à la baguette pour " Salomé " et l’Allemande Joana Mallwitz pour " Peter Grimes ".
" C’est un enjeu essentiel pour l’Opéra de Paris (…) il est important de promouvoir et faire rayonner les talents, dont les femmes ", affirme le directeur de l’institution, Alexander Neef.
Pas d’injonction pour les Russes
Autres nouvelles productions, le rare " Hamlet " d’Ambroise Thomas, confié au Polonais Krzysztof Warlikowski, le " Roméo et Juliette " de Gounod selon une version de Thomas Jolly et " Ariodante " de Haendel, qui sera signé du Canadien Robert Carsen.
Plusieurs reprises seront à l’affiche, notamment " La Bohème " de Puccini dans la version de Claus Guth qui avait divisé la critique 2017 car situé dans l’espace ou encore " La Force du Destin " de Verdi.
Dans cette production, la reine du lyrique, la Russe Anna Netrebko, était prévue pour chanter le rôle de Donna Leonora en décembre. Mais depuis l’invasion de l’Ukraine, la star a suspendu tous ses engagements. Elle avait dénoncé la guerre mais refusé les injonctions de prendre position publiquement.
" La brochure de saison a été imprimée avant le début de l’invasion (…) les conditions ne sont aujourd’hui pas réunies pour dire quelle sera la distribution de ce spectacle ", a commenté M. Neef.
Il a rappelé que l’Opéra ne demandera pas aux " artistes russes de se prononcer officiellement contre la guerre pour être programmés ", tout en précisant que les artistes ayant " manifesté un soutien clair à l’action du régime actuel en Russie " ne seront pas programmés.
Côté danse, plusieurs entrées au répertoire, dont " The Dante Project " de Wayne McGregor (musique de Thomas Adès), une co-production avec Royal Opera House où cette chorégraphie a été présentée en octobre, le ballet " Mayerling " (1978) de Kenneth MacMillan, ou encore " Kontakthof " de Pina Bausch.
Pertes de revenus
La directrice de la danse, Aurélie Dupont, qui fait souvent des commandes à la nouvelle génération de chorégraphes contemporains, a fait appel au Norvégien Alan Lucien Oyen et l’Américaine Bobbi Jene Smith pour les deux créations de la saison.
Un grand ballet académique, le Lac des Cygnes, est au programme ainsi qu’une soirée hommage à l’ex-star française de la danse Patrick Dupond, décédé en 2021.
Le Ballet de l’Opéra va se produire ce juillet au célèbre Hollywood Bowl à Los Angeles.
Côté finances, la pandémie a fait perdre à l’Opéra 175 millions d’euros de chiffre d’affaires sur 2020-2022. L’institution a réalisé plus de 70 millions d’euros d’économies et reçu une aide exceptionnelle de 86 millions d’euros de l’Etat, mais près de 20 millions d’euros restent à sa charge.
L’Opéra vise un retour progressif à l’équilibre d’ici trois ans, en menant notamment un développement de ses ressources propres, la diminution des coûts de production et une maîtrise des charges internes.
De 2010 à 2020, la subvention de l’État a baissé de 13% et s’établit désormais à 95,3 millions d’euros par an, soit 43% des ressources totales.
L’Opéra a annoncé aller en Guyane " pour identifier de jeunes talents " afin qu’ils suivent une formation dans son Académie, qui initie chaque année des jeunes artistes à des dizaines de métiers de l’opéra, à la suite d’un rapport l’année dernière appelant l’institution à plus de diversité.
Avec AFP
