Nous avons tous un devoir de mémoire envers notre pays, ce pays, beau, riche, ce pays qui souffre alors que la vie est sa finalité. Nos racines, notre identité, l’héritage de nos ancêtres, ce qui nous a façonnés dans notre singularité, tout est là. Alors, retrouver sous le voile, quoiqu’épais de ses déboires, les merveilles insoupçonnées qu’il possède, est une raison d’y croire encore. Cette rubrique hebdomadaire va tâcher d’en parcourir les divers aspects dans un souci de connaissance et prise de conscience, essentiel à toute action pérenne.

Au Liban, on trouve le Cèdre à partir de 1500 mètres d’altitude. La réserve naturelle du Chouf est la plus grande. Sur 550 km2, elle englobe les superbes forêts de Maasser el-Chouf, Barouk et Ain Zhalta.

Dans le Caza du Mont-Liban, une seule forêt de Cèdres millénaires subsiste, celle de Jaj au-dessus de Byblos.

La cédraie de Tannourine, dans le nord, remarquable par son relief et sa densité, est classée réserve naturelle depuis 1999.

La forêt d’Ehden, une des premières à se transformer en réserve naturelle, se distingue par sa grande biodiversité. C’est un lieu mythique.

Les montagnes du Akkar abritent le plus grand nombre de cèdres du Liban.

La forêt de Bécharré est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998. Elle est surnommée la forêt des Cèdres de Dieu, Arz el-Rab. On y compte 380 cèdres dont deux trimillénaires, dix millénaires et le reste plusieurs fois centenaires. En se promenant dans ce lieu magique, on découvre une sculpture réalisée par l’artiste Rudy Rahmé sur un cèdre trimillénaire foudroyé. Cette œuvre a été répertoriée dans le Guinness Book 2008.

Un immense tronc de cèdre a été retrouvé en 1964 à Fakra, au pied du mont Sannine. Il avait séjourné plus de 2650 ans sous terre et était parfaitement conservé.

Le Comité international de sauvegarde du cèdre du Liban, fondé par Mme Désirée Sadek, et certaines ONG font de leur mieux pour sauvegarder ces monuments de l’histoire de notre pays. Désirée Sadek écrit: "Les cèdres sont là pour témoigner. Comme le Liban, il leur est interdit de mourir."

Il existe plusieurs variétés de cèdres: Le Cedrus Atlantica, ou cèdre de l’Atlas, qui, comme son nom l’indique, est originaire de ces montagnes du nord de l’Afrique; le Cedrus Deodora, ou cèdre de l’Himalaya, que l’on retrouve aussi au Tibet; et le cèdre Brevifolia ou cèdre de Chypre. Le cèdre de l’Atlas et le cèdre de Chypre sont parfois considérés comme des sous-espèces du Cedrus Libani.

Salah Stétié, éminent homme de lettres et diplomate parle du cèdre en ces termes: "Emblème d’un pays, il est aussi pour beaucoup un point de référence et un centre de convergence d’une grande importance spirituelle. Pourquoi en est-il ainsi? Parce que l’arbre en question est lié à la symbolique de l’amour dans son acceptation humaine et mystique et qu’il se trouve, en outre, mélangé à la notion si mystérieuse d’imputrescibilité et donc d’immortalité qui, de toute évidence, est la nostalgie première et dernière de l’homme. C’est pourquoi, depuis les temps les plus reculés, le bois parfumé du cèdre a accompagné l’homme en quête de son identité éternelle."

Célébré par les peintres, les poètes et les écrivains, le cèdre du Liban est le plus renommé et le plus ancien cèdre cultivé. C’est un conifère au tronc massif, ses branches puissantes se développent horizontalement formant une table à la cime. Il peut atteindre 40 mètres de haut, l’équivalent d’un immeuble de 12 étages et, son tronc, 15 mètres de circonférence. Son ombre peut s’étaler jusqu’à 50 mètres d’envergure, soit la longueur d’une piscine olympique. Ses aiguilles sont vert foncé et piquantes. Ses fruits sont des cônes ovoïdes dressés vers le ciel. Ils n’apparaissent sur l’arbre que lorsqu’il est âgé de 40 ans et parfois pas avant 100 ans. Il compte parmi les bois les plus précieux et les plus résistants.

Il faut au cèdre 50 ans pour parvenir à l’âge adulte. Sa croissance d’abord rapide, se ralentit entre 50 et 70 ans pour devenir très lente par la suite. Les plus gros troncs atteignent 4,5 mètres de diamètre ce qui correspond à 2500 ans. Durant ses 30 premières années, il a un port conique qui devient tabulaire par la suite.

Avis aux intéressés et aux mains vertes:

Le cèdre se reproduit par semis naturel. Il donne des grains fertiles vers l’âge de 40 ans. Il peut vivre des milliers d’années. L’automne est la période idéale pour planter un cèdre.

Le semis direct donne d’excellents résultats alors que le reboisement à partir de plans âgés de 5 ans réussit dans 70 à 80% des cas.

En 2016, 0,2 % (2125 hectares) de la superficie du Liban était occupée par des cèdres.

Il y a une politique de reboisement en cèdres et de sauvegarde. Toutefois, l’engouement que l’on peut avoir pour ces actions doit tenir compte des contraintes inhérentes à la nature de cet arbre magnifique. Le cèdre a besoin pour vivre et se reproduire d’une altitude entre 1700 et 2000 mètres. En deçà et au-dessus, ses chances de se développer sainement sont faibles. Il n’y aura pas de forêt de cèdres à basse altitude. On peut en planter un dans son jardin à des altitudes moindres, mais ce n’est pas là qu’il pourra se reproduire. Le ministère de l’Agriculture travaille à cet éveil au niveau des acteurs investis ou intéressés par cette mission.

Ce fils de notre terre, digne représentant de notre patrimoine, a besoin de nous. Ne l’oublions pas.

"La paix est un arbre long à grandir. Il nous faut, de même que le cèdre, aspirer encore beaucoup de rocaille pour lui fonder son unité."- Antoine de Saint-Exupéry