Le Brexit continue à faire couler de l’encre outre-Manche. Cette fois, c’est la Banque d’Angleterre qui dénonce pour la énième fois la décision soumise à référendum par Boris Johnson six ans auparavant. La BoE affirme que l’économie a mal encaissé les conséquences de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, alors que l’inflation aurait été moins forte si la Perfide Albion était restée au sein de l’UE.

Un camion affichant une publicité anti-Brexit devant le Parlement britannique à Londres.

 

 

Le Brexit continue d’avoir un effet négatif sur le commerce extérieur britannique et plombe les revenus, aggravant au Royaume-Uni la crise économique qui secoue aussi le reste du monde, ont affirmé des membres de la Banque d’Angleterre (BoE).

" Il y a un effet de long terme sur la productivité, je crois de l’ordre de 3% ", a constaté mercredi devant la commission du Trésor du parlement britannique Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, citant des estimations publiées " peu de temps " après le référendum et qui n’ont selon lui pas changé.

Six ans après le vote par le Royaume-Uni de la sortie de l’Union européenne, et près de deux ans après son entrée en vigueur effective, le poids de cette décision sur le commerce extérieur vient s’ajouter aux chocs successifs de la pandémie et de l’envolée des cours de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine.

Nigel Farrage, chef de l’extrême droite britannique et héraut du Brexit lors de la campagne pro-Brexit en 2016.

 

 

" Nous observons un ralentissement des échanges commerciaux au Royaume-Uni bien plus rapide que dans le reste du monde ", a rappelé Swati Dhingra, membre du Comité de politique monétaire (MPC) de la BoE).

Spécialiste des échanges internationaux, elle estime que le référendum du Brexit a " contribué à une augmentation des prix et à une réduction des revenus ", avec des salaires réels selon elle " 2,6% plus bas qu’ils ne l’auraient été en suivant la tendance " avant le vote.

Les membres de la BoE répondaient aux questions des parlementaires alors que l’inflation a atteint un plus haut en 41 ans au Royaume-Uni à 11,1%, bien au dessus de l’objectif de la banque de 2%.

Le Brexit a été voté six ans auparavant, mais n’est effectif que depuis deux ans. Lors de son application, les frontières terrestres ont connu une période de tension: bouchons interminables à Calais, échauffourées entre douaniers et routiers, etc.

 

 

Jeudi, le gouvernement du Premier ministre Rishi Sunak doit présenter un budget fait de baisses des dépenses et d’augmentations d’impôts.

" Si nous n’avions pas eu le Brexit, nous n’aurions probablement pas besoin de parler d’un budget d’austérité cette semaine ", avait critiqué Michael Saunders, ancien membre de la BoE, qui avait accusé dans un interview à Bloomberg TV la sortie de l’Union européenne d’avoir " fait des dommages permanents à l’économie britannique ".

Depuis fin 2021, la BoE a relevé à plusieurs reprises ses taux pour les monter à 3%, un sommet depuis 2008, mais a signalé lors de sa dernière réunion qu’elle pourrait ralentir ces hausses pour éviter d’aggraver la récession qu’elle estime déjà commencée au Royaume-Uni.

L’avis des Britanniques reste partagé sur le Brexit, mais les instances économiques sont presque unanimes: le Brexit a un effet négatif sur l’économie.

 

 

Si la BoE répondait aux attentes du marché qui espérait au moment de sa dernière réunion des hausses de taux encore nombreuses, la récession durerait huit trimestres, a-t-elle prévenu.

Sur cette période, " le PIB baisserait de 3%, et d’un peu moins de 2% à taux constant ", a commenté M. Bailey.

Le PIB britannique s’est contracté de 0,2% au troisième trimestre. Il faut deux trimestres consécutifs de recul de l’activité pour être officiellement en récession.

Avec AFP