Lors de sa visite de trois jours au Liban clôturée mercredi soir, la délégation du Trésor américain a averti les responsables libanais que l’institution financière du Hezbollah " al-Qard al-Hassan " , sanctionnée par Washington, menace la crédibilité du système financier libanais. Elle a aussi encouragé la mise en place d’un programme soutenu par le Fonds monétaire international qui aiderait à restaurer la confiance dont le système économique a tant besoin.

Composée de Paul Arhen, secrétaire adjoint par intérim du Bureau de lutte contre le financement du terrorisme et des crimes financiers et de son adjoint, Eric Meyer, la délégation a soulevé avec ses interlocuteurs libanais dans les secteurs public et privé des questions en rapport avec "la nature paralysante de la corruption systémique" et identifié des "domaines spécifiques essentiels pour remédier au manque de transparence et de responsabilité au niveau de l’État", selon un communiqué publié par le Trésor américain.

Durant ses entretiens, elle a aussi souligné que la lutte contre la corruption au Liban est "une condition préalable pour lutter contre les crises de bonne gouvernance et économique qui secouent le pays". La délégation a notamment mis l’accent sur la nécessité pour le gouvernement libanais de mettre en œuvre des réformes profondes et significatives avant les élections.

Al-Qard al-Hassan

Pour ce qui est du Qard el-Hassan, l’institution financière du Hezbollah, la délégation du Trésor américain a insisté sur le fait que cet organisme sanctionné par les États-Unis "met en péril la crédibilité du système financier libanais". Elle a souligné qu’il s’agit d’une institution "pseudo-financière non réglementée qui abuse de sa licence d’ONG accordée par le ministère de l’Intérieur et qui fournit une couverture à l’activité financière du Hezbollah".

Dans ce contexte, la délégation du Trésor, qui est engagé dans une lutte contre le financement du terrorisme, s’est dit inquiète, selon le communiqué, d’"abus commis au sein du système bancaire par des membres de l’élite politique et économique". Elle a appelé à de "sérieux efforts pour enquêter sur ces abus", invitant notamment la Banque du Liban et la Commission spéciale d’enquête à les mener. Elle a également fait pression pour que "les autorités compétentes mènent des enquêtes et fassent preuve de diligence sur toute transaction connexe".

Par ailleurs, la délégation a exhorté les dirigeants libanais et les banques à veiller à ce que "tout plan de redressement financier maximise les rendements des petits déposants", tout en soulignant la nécessité d’ "une action rapide pour améliorer le système financier".

Elle a enfin discuté des préparatifs pour la prochaine évaluation mutuelle du Groupe d’action financière pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Les responsables du Trésor ont également "remercié le gouvernement libanais pour sa position ferme contre l’invasion injustifiée, non provoquée et préméditée de l’Ukraine".

L’ABL et la corruption  

De son côté, Sélim Sfeir, président de l’Association des banques au Liban (ABL) a confirmé l’engagement des banques libanaises à contribuer à la lutte contre la corruption, ses membres, a-t-il dit, "continuant à se conformer aux réglementations américaines, locales et internationales, malgré la crise que traverse le pays". "Les représentants du secteur bancaire au Liban continuent de faire de leur mieux, dans les circonstances actuelles, pour exercer une diligence raisonnable afin de contrôler les flux de fonds qui passent par le système financier libanais et d’appliquer les normes de conformité requises", selon un communiqué de l’ABL.

Lors de son entretien mercredi avec la délégation du Trésor américain, M. Sfeir avait soulevé l’inquiétude du secteur concernant les risques auxquels les banques et leurs déposants sont confrontés en raison des circonstances actuelles, alors que les gouvernements successifs n’ont pas été en mesure jusqu’à ce jour de mettre en œuvre les réformes nécessaires réclamées par le peuple libanais et la communauté internationale.