" La bouche parle de l’abondance du cœur. La caque sent toujours le hareng "

C’est par ce proverbe qu’a répondu Samir Geagea, chef des Forces libanaises, au président de la République Michel Aoun qui l’accusait de " ne faire que de la provocation " et qui a laissé entendre que M. Geagea l’avait " trahi ", dans une allusion claire au fiasco de l’accord de Maarab.

Le chef des FL a contre-attaqué avec une touche de sarcasme.  " Je remercie le président de la République pour sa bienveillance à mon égard dans un entretien journalistique publié aujourd’hui dans un quotidien libanais. Je me suis souvenu, en lisant l’entretien, de la maxime : La bouche parle de l’abondance du cœur. La caque sent toujours le hareng "

https://twitter.com/DrSamirGeagea/status/1489275931449511936?s=20&t=250kHb5D-A4uBZM6a8HYug


Dans un entretien publié jeudi matin dans les colonnes d’ Al-Jamhouriya, le président de la République n’a pas mâché ses mots envers les adversaires politiques du courant politique qu’il a fondé, le CPL, présidé aujourd’hui par Gebran Bassil, alors qu’il souhaitait, il y a quelques semaines encore, réunir tous les leaders politiques libanais autour d’une même table, pour une conférence nationale de dialogue . En réponse aux questions de notre confrère d’al-Joumhouriya, le chef de l’Etat a également accusé le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé de manipuler le taux de change du dollar face à la livre libanaise. Il s’en est aussi pris au chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, lui reprochant une versatilité politique et une responsabilité au niveau des processus qui a conduit à l’effondrement économique du pays.

Par ses attaques contre les adversaires politiques de son courant politique, devient ainsi partie alors que conformément à la Constitution, il est le garant de l’unité du Liban.

Par cet entretien, le président Aoun serait-il en train de violer, une nouvelle fois, la Constitution ? Selon plusieurs juristes contactés par Ici Beyrouth, l’alinéa a de l’article 60 de la Constitution est clair : " le chef de l’État est le symbole de l’unité de la nation ". Or, il est assez évident que cet entretien ne fait que désunir et cliver encore plus les différents acteurs politiques, à quelques mois des élections législatives et présidentielles. Pour l’ancien président du Conseil d’État le juge Chucri Sader, le président de la République a certainement failli à ses obligations : " la Constitution a fait du président de la République, un arbitre qui doit rassembler autour de la Nation les différentes forces politiques. Or, ce que vient de faire le président Aoun, c’est juste l’inverse de l’article puisque, tout d’abord, il prend parti, ensuite il creuse le fossé  " entre les Libanais.

Au bout de cinq ans de mandat tumultueux, comptons-nous encore le nombre de fois où le président Aoun a bafoué notre régime démocratique républicain et parlementaire ?