Détenu en France depuis 1984, Georges Abdallah est condamné à la perpétuité pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien.

La justice administrative a refusé jeudi d’ordonner l’expulsion de l’un des plus anciens détenus de France, Georges Ibrahim Abdallah, condamné, en 1987, à la perpétuité pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien.

Cet arrêté d’expulsion de France était selon sa défense une étape nécessaire en vue d’une possible libération. Incarcéré depuis près de 38 ans, Georges Ibrahim Abdallah a vu ses neuf demandes de libération conditionnelle rejetées.

Dans sa décision, le tribunal administratif de Paris explique qu’il ne peut ordonner au ministère de l’Intérieur de prendre un tel arrêté. " Aucune disposition législative ou réglementaire, ni aucun principe général, n’impose au ministre de l’Intérieur de prendre une mesure d’expulsion à l’encontre d’un ressortissant étranger qui, toujours en détention, ne constitue pas une menace à l’ordre public ", indique le tribunal.

Depuis 1999, Georges Ibrahim Abdallah est libérable. La justice avait répondu favorablement à sa demande de libération en 2013, sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère français de l’Intérieur. Alors place Beauvau, Manuel Valls ne l’a jamais pris.

En 2020, Georges Ibrahim Abdallah avait tenté à nouveau sa chance avec Gérald Darmanin. Ses courriers restés sans réponse, il avait alors saisi le tribunal administratif.

" Pas surpris " par la décision du tribunal, son avocat Jean-Louis Chalanset a regretté que l’ "on tourne en rond ": " Tant qu’il n’y a pas de garantie d’expulsion, on ne peut pas déposer une nouvelle demande de libération. " " Une nouvelle fois, le pouvoir politique et exécutif empêche la libération conditionnelle de Georges Ibrahim Abdallah ", a-t-il lancé.

À l’audience fin janvier, la rapporteure publique avait recommandé le rejet de sa requête, sur la base de l’argument repris par le tribunal dans sa décision. " Une telle solution n’est guère satisfaisante, mais aucune autre ne nous paraît envisageable dans le cadre juridique ", avait-elle commenté. " Il est bien évident que le maintien en détention " de Georges Abdallah " obéit à des considérations de nature extra-juridiques et qui vous échappe ", avait-elle conclu, espérant que sa situation " puisse évoluer par d’autres voies ".

Au début des années 80, Georges Abdallah avait cofondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule marxiste pro-syrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-1982 en France. Il avait été arrêté à Lyon en 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité après avoir été reconnu coupable de complicité dans l’assassinat à Paris, en 1982, de deux diplomates, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov, et dans la tentative d’assassinat du consul général des États-Unis, Robert Homme, à Strasbourg, en 1984.