L’émissaire américain chargé du dossier de la délimitation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, Amos Hochstein, a entamé mercredi 9 février une nouvelle mission particulièrement difficile, " une mission de la dernière chance ", comme l’ont qualifiée certaines sources.

Les milieux locaux qui suivent ce dossier de près indiquent qu’au cours de ses derniers contacts à Beyrouth, le médiateur US n’a pas perçu une vision libanaise unifiée concernant le problème de la délimitation des frontières maritimes au sud. Partant de ce constat, il aurait souligné à l’intention de ses interlocuteurs que si les divergences internes se poursuivent sur ce plan, il deviendra difficile d’aboutir à un accord du fait qu’en définitive, les Israéliens ne sont pas particulièrement pressés de conclure cet accord bilatéral avec le Liban.

liban israel

A la lumière de cette donne, les concertations devraient s’intensifier sous peu entre les pôles du pouvoir, précisément entre le président Michel Aoun, le chef du législatif Nabi Berry et le Premier ministre Najib Mikati afin de dégager une position officielle commune concernant les idées dont était porteur M. Hochstein. Pour l’heure, les discussions tournent autour de la ligne (frontalière maritime) 23, les autorités libanaises affirmant que les droits du Liban pour l’exploitation des ressources gazières s’étendent au sud de la ligne 23.

A en croire certains milieux généralement bien informés, les discussions entre le médiateur américain et les responsables officiels libanais ont été axées sur trois suggestions : (i) l’adoption d’une ligne pour la délimitation des frontières qui ne soit pas rectiligne, mais qui serait plutôt déviée ; (ii) l’échange de champs (gaziers) ; (iii) le partage de champs. De même source on indique que ce ne sont pas les Américains qui ont proposé un échange entre les champs de Qana et de Karish, mais certaines factions libanaises bien déterminées. Cette proposition ne bénéficie pas toutefois de l’aval de toutes les parties libanaises.

Les milieux précités soulignent dans ce cadre qu’il n’est pas concevable pour le Liban d’abandonner le champ de Karish car il pourrait bien avoir des droits sur ce champ. De plus, un éventuel échange de champs ne saurait être envisagé avant de déterminer la zone de conflit.

Dans ce contexte, l’expert en affaires énergétiques, Roudy Baroudi, souligne la nécessité de se baser sur le droit de la mer et de redéfinir les frontières maritimes à partir de la ligne de Ras Naqoura, sur le littoral, et non pas sur base des notes présentées par le Liban en 2010. A cette date, la ligne maritime avait été tracée à partir d’une distance de 64 mètres du point frontalier de l’extrémité terrestre. Israël, de son côté, a adopté en 2011 une ligne qui commence à 34 mètres du littoral, au point de Ras Naqoura. Or il s’avère que ces données sont erronées et doivent être rectifiées, d’autant qu’en 2010 et 2011, la technique de GPS n’était pas aussi sophistiquée qu’aujourd’hui, ce qui implique qu’il est nécessaire de corriger les coordonnées maritimes erronées.

Roudy Baroudi fournit à cet égard une carte qui est rendue publique pour la première fois (voir par ailleurs) et qui illustre de façon claire les erreurs commises par les deux pays et qu’il est nécessaire de rectifier. M. Baroudi souligne à ce sujet que si le Liban ou Israël a recours aux Nations-Unies, celles-ci imposeront une rectification de l’erreur commise par les deux parties afin d’aboutir à une solution équitable qui assurerait les intérêts des deux pays. C’est alors que les compagnies internationales pourront mener les opérations de prospection en toute tranquillité.

En tout état de cause, l’émissaire américain désire un retour aux négociations indirectes entre le Liban et Israël à Naqoura, mais il insiste pour que ce nouveau round de pourparlers soit couronné par un accord définitif, loin de toute nouvelle surprise de dernière minute qui ne ferait que prolonger le conflit entre les deux parties.