La diplomatie constitue l’un des outils les plus importants de la politique internationale au service du maintien de la sécurité et de la paix mondiales, il est vrai, mais il est tout aussi vrai que le coût politique des marchés internationaux qui sont conclus commande une réflexion, parallèlement aux efforts fournis pour éviter les guerres et leurs retombées catastrophiques.

Dans le cadre de l’accord sur le nucléaire iranien qui avait été conclu sous le mandat du président américain Barak Obama, puis abrogé par son successeur Donald Trump, il est important de calculer les profits et les pertes liés à un retour à cet accord ou à sa modification.

Téhéran a longtemps œuvré pour arracher une reconnaissance régionale et internationale de son rôle croissant dans la région, qui lui sert de levier pour une " exportation de la révolution ", ce fameux slogan brandi en 1979 par l’imam Khomeini, avant qu’il n’en limite la diffusion, par pragmatisme, tout en manoeuvrant pour le concrétiser.

Pour ce faire, l’Iran a implanté ses instruments locaux dans un certain nombre de pays arabes, notamment le Liban, l’Irak, la Syrie et le Yémen et s’est attelé à les renforcer par le biais d’une politique bien ficelée, qui lui a permis d’hypothéquer progressivement le pouvoir de décision politique dans ces pays en affaiblissant leurs gouvernements centraux à coups d’intimidation programmée, d’obstruction ou d’intervention armée.

Dans ce contexte, il ne suffit pas que l’Iran traite avec la communauté internationale à travers uniquement le dossier nucléaire, en dépit de ses avancées dans la production de l’énergie nucléaire et même si ce dossier lui ouvre une voie d’accès au club des grandes puissances. Une démarche qui, soit dit en passant, se recoupe avec ses rêves impériaux qu’il cherche à réaliser aux dépens des peuples de la région.

En règle générale, l’Iran ne mène pas ses propres combats. Elle en charge ses agents locaux. C’est ainsi que les Houthis soutenus par Téhéran bombardent des installations à Abu Dhabi puis l’Iran dépêche son ministre des Affaires étrangères aux Émirats arabes unis pour dénoncer l’attaque. Parallèlement, ses sbires font obstruction à tout règlement politique au Liban et en Irak en empêchant la formation de gouvernements et la tenue d’élections. S’en suivent des déclarations des responsables iraniens qui ne dupent personne sur la " non-ingérence de Téhéran dans les affaires internes de ces pays ".

Partant, il n’est pas étonnant de voir les opérations militaires se poursuivre au Yémen en même temps que les attaques sur l’aéroport d’Abha et autres installations en Arabie saoudite, tandis que les déclarations des responsables iraniens se poursuivent au sujet de l’importance du dialogue entre Riyad et Téhéran et ses répercussions positives sur l’ensemble de la région.

Cette ambivalence politique est au service d’un seul et unique objectif, à savoir, les intérêts directs de l’Iran. Dans ce contexte, une question s’impose : comment l’expansionnisme iranien au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen sert-il les intérêts des populations de ces pays ? L’Iran a-t-il jamais aidé leurs gouvernements à construire des ponts, des infrastructures, des hôpitaux et des écoles ? A-t-il jamais apporté un soutien à leurs forces régulières ou au contraire, a-t-il concentré toute son aide à ses agents locaux ? A-t-il facilité les processus politiques dans ces pays, ou les a-t-il utilisés comme monnaie de change dans des négociations en fonction de son agenda et ses intérêts directs ?

L’Iran a entraîné ces pays sur son propre terrain de jeu et a affecté leurs structures politiques et sociales. Il en a fait des pays rétrogrades, incapables d’être en phase avec la civilisation humaine. Des pays qui marchent à l’encontre de l’Histoire, sombrant dans le cloisonnement, le repli et l’obscurantisme. Les populations de ces pays sont réduites à quémander le b.a.-ba des besoins d’un vie digne et décente comme l’électricité, l’eau, le téléphone et les services de base, censés être fournis dans n’importe quel pays au XXIe siècle.

Par conséquent, si la logique de paix mondiale impose de recourir aux négociations diplomatiques, option toujours de choix pour trouver des solutions face aux guerres ravageuses, il n’en demeure pas moins que cette option doit reposer sur des fondements qui prennent en compte les intérêts des peuples et non seulement ceux des grandes puissances qui, au mieux, créent des problèmes en cas d’accords et des conflits armés, en cas de désaccord.

Cependant, il existe un juste milieu qu’on se doit de chercher et de ne pas occulter dans le cadre d’un accord international qui vise à préserver la paix mondiale. C’est l’espace dans lequel on peut concilier entre la dissuasion quant au développement du nucléaire d’une part, et le contrôle des politiques destructrices, d’autre part. Qui a dit que les destructions sont du fait des guerres uniquement ?