L’émergence des mouvements de contestation dans les régions traditionnellement contrôlées par le Hezbollah, dont Baalbeck, donnerait une lueur d’espoir aux Libanais, qui s’engagent corps et âme dans une bataille électorale décisive pour l’avenir du pays.

Les élections législatives sont une opportunité en or pour un grand nombre de Libanais qui militent pour ouvrir la voie au changement du paysage politique actuel, plus particulièrement à l’ombre de la crise politique et économique que traverse le pays. Une émergence de forces d’opposition et de contestation se fait donc remarquer sur l’ensemble du territoire dans le but de se démarquer des partis politiques traditionnels. C’est, entre autres, le cas de " la coalition du changement " à Baalbeck, qui a organisé dimanche un meeting politique dans la ville historique de la Békaa pour lancer son programme politique, en vue du scrutin électoral prévu pour le 15 mai 2022.

Dans un discours prononcé à cette occasion par son porte-parole, Mohamed Sleiman, la coalition a voulu mettre en exergue sa volonté de redresser la situation dans le pays, lequel a pâti du régime politique en place et de la vague de détournements de fonds publics, de corruption et de déconstruction des services de l’État au fil des années. Dans ce cadre, la coalition en question a dénoncé les égarements des responsables politiques au pouvoir, les accusant non seulement de corruption et de clientélisme, mais aussi d’abus de pouvoir, d’opportunisme et de pratiques confessionnelles. Dans une allusion à peine voilée au Hezbollah, la coalition a aussi accusé le parti chiite de faire obstruction à la Justice et d’interférer dans de nombreux dossiers.

Il convient de souligner que la " coalition du changement " à Baalbeck réunit des personnes indépendantes, issues des milieux d’opposition et des mouvements de contestation du 17 octobre 2019. Cependant, le lancement n’a pas fait l’unanimité au niveau de certains groupements appartenant à la même mouvance politique car ils n’ont pas été conviés à l’élaboration du programme ni au lancement de la coalition, comme l’indique à Ici Beyrouth une activiste engagée au sein de la révolution d’octobre 2019, Mme Bahia Solh. Nous avons été mis à l’écart, malgré notre participation, notre engagement et notre présence sur le terrain. Seuls quelques groupes – dont font notamment partie Wassef Haraké et Firas Allam – ont été conviés, ce qui a suscité un grand mécontentement chez les personnes marginalisées, explique-t-elle.

Néanmoins, une chose demeure certaine. La scène politique à Baalbeck, autrefois fief indiscuté du Hezbollah, serait en train de se libérer peu à peu de l’emprise du parti pro-iranien et de produire des listes totalement opposées à l’axe politique du Hezbollah. D’ailleurs, et selon des échos rapportés à Ici Beyrouth, les tribus de la Békaa auraient l’intention, elles aussi, de former leur propre liste opposée au parti pro-iranien pour bien marquer leur refus de la mainmise du Hezbollah sur la région. Dans ce cadre, le scénario de Baalbeck n’est pas un cas isolé, puisque récemment, une liste opposée au tandem chiite a vu le jour à Tyr, autre circonscription où l’influence du duopole est habituellement incontestée.

En conclusion, le scrutin électoral s’annonce particulièrement fiévreux à Baalbeck et permet enfin aux opposants du Hezbollah de se manifester et d’œuvrer pour un vrai changement, bouleversant ainsi le statu quo mis en place depuis plusieurs décennies.