Jeu de rôles ou désaccords réels? Depuis quelque temps, les objets de désaccords entre le Hezbollah et le camp présidentiel sont devenus de plus en plus nombreux. Et lorsqu’on sait que le Courant patriotique libre (CPL), fondé par le président Michel Aoun, a scellé une alliance électorale inébranlable avec la formation pro-iranienne en prévision des législatives de mai, la question n’est que légitime.

Recevant hier une délégation de femmes du CPL, le président Michel Aoun s’est prononcé contre l’abolition du confessionnalisme politique, à moins qu’une loi unifiant le statut personnel au Liban ne soit votée au Parlement. "Il ne nous est pas possible de vivre sous un même toit avec des droits différents et inégaux", a-t-il dit, avant de plaider pour une révision des lois qui établissent une inégalité entre les hommes et les femmes.

L’intervention du président de la République au sujet du confessionnalisme politique est intervenue au lendemain d’un discours du chef du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, qui a critiqué dans un discours à Marwaniyé, au Liban-Sud, la non-application des dispositions de l’accord de Taëf. "L’engagement en faveur de Taëf était théorique. (…) Le premier Parlement de l’après-Taëf était censé mettre en place la commission nationale supérieure pour l’abolition du confessionnalisme politique, mais cette démarche avait été refusée. (…) Certaines communautés n’en ont pas voulu, ce qui fait que nous sommes revenus à la rengaine de la discrimination confessionnelle et régionale, laquelle a pavé la voie à une crise profonde dans le pays", avait-il dit.

Soulignant que son parti ne veut pas d’un amendement de la Constitution ou de Taëf, M. Raad a plaidé pour leur application totale et pour "un engagement sérieux à ce niveau, dans le but d’assurer la souveraineté et la stabilité du pays".

Récemment, le Hezbollah s’est vivement opposé à la concession faite par le chef de l’État au sujet de la ligne 29 que le Liban considérait comme étant la limite de sa frontière maritime avec Israël, dans les négociations indirectes à ce sujet avec Israël. Le retour concédé par le chef de l’État à la ligne 23, qui fait perdre au pays près d’un millier de kilomètres carrés offshore, a été critiqué avec violence par le Hezbollah. Ce dernier s’était par la suite déchaîné contre la position officielle de Beyrouth au sujet de la guerre de l’Ukraine, dans la mesure où elle avait été élaborée par les chefs de l’État, du gouvernement et de la diplomatie, sans consultations préalables avec les différentes composantes du Conseil des ministres.