La page des mégacentres pour les législatives de 2022 est tournée. Le Conseil des ministres s’est entendu pour mettre en œuvre cette réforme indispensable de la loi électorale lors de la prochaine consultation populaire, en 2026, désamorçant ainsi une mine politique qui aurait pu faire voler en éclats le gouvernement.

Réuni jeudi au palais présidentiel, le gouvernement devait examiner les conclusions des sous-commissions ministérielles qu’il avait chargées de plancher sur les obstacles juridique, financier et logistique devant l’établissement – avant le 15 mai prochain, date du scrutin – de six à neuf centres de vote vastes, de nature à permettre aux électeurs de choisir leurs représentants au Parlement, sans avoir à se déplacer vers leurs villages d’origine, s’ils en sont éloignés.
La réunion du gouvernement a été précédée de deux entretiens du président Michel Aoun, l’un avec le ministre de la Justice Henri Khoury, l’autre avec le Premier ministre Nagib Mikati. C’est probablement à la faveur de ces discussions qu’il a été décidé de ne pas entretenir la polémique politique autour de l’opportunité d’un établissement de mégacentres avant le 15 mai. Le camp présidentiel est accusé de s’accrocher à cette revendication pour essayer d’obtenir un report du scrutin.

Le débat à ce sujet ne s’est donc pas prolongé en Conseil des ministres. Le chef de l’État devait souligner son attachement à la tenue du scrutin à la date fixée par le ministère de l’Intérieur, "indépendamment des positions relatives à l’affaire des mégacentres". "Mais que chaque partie assume la responsabilité de ses positions", a-t-il ajouté pour marquer sa désapprobation face à une majorité hostile à cette procédure parce qu’elle risque justement de déboucher sur un report des élections. "Les mégacentres faciliteront la vie aux électeurs accablés par les difficultés économiques et financières et relèveront le niveau de participation au scrutin", a-t-il dit.

Il devait proposer un vote mais l’idée a été être écartée sur proposition du chef du gouvernement. M. Mikati a argué du fait qu’un vote renverrait une image négative à l’opinion publique. Il a proposé qu’un projet d’amendement de la loi électorale prévoyant l’ouverture de mégacentres soit élaboré et transmis au Parlement ou que cette affaire soit dans son ensemble remise à la prochaine consultation électorale. C’est cette deuxième option qui a fini par être retenue et le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a été chargé d’élaborer un projet d’amendement de la loi électorale dans ce sens.

La séance qui promettait d’être houleuse en raison des divergences de vue ministérielles concernant les mégacentres, s’est ainsi déroulée dans le calme.

Des nominations

Le gouvernement devait nommer un ministre de l’Information, Ziad Makari, proche des Marada, en remplacement de Georges Cordahi, qui avait dû démissionner à la suite de propos polémiques qu’il avait tenus en octobre dernier, au sujet de la guerre au Yémen et de la crise qu’ils avaient provoqués entre Beyrouth et les pays du Golfe.

Il a en outre prolongé le mandat du général Tony Saliba à la tête du service de Sécurité de l’Etat, mais en sa qualité de civil, puisqu’il est passé à la retraite, et nommé le général Hassan Choucair en tant  qu’adjoint.

Par crainte d’une crise alimentaire qui se justifie par les difficultés financières du Liban et la guerre en Ukraine qui perturbe au niveau international l’importation de blé et de graines pour la fabrication d’huiles végétales, le gouvernement a approuvé une demande du ministère de l’Industrie d’interdire l’exportation de produits alimentaires libanais, sauf autorisation du département concerné.

Il a aussi approuvé des recommandations de la commission ministérielle ad hoc chargée d’examiner le dossier des silos du port qui risquent de s’effondrer, en dépit des protestations des familles des victimes de l’explosion du 4 août 2020, qui refusent une démolition de cette structure alors que l’enquête sur les causes du cataclysme qui avait pulvérisé une partie de la capitale continue d’être bloquée.

A un moment donné de la réunion, le ministre d’État pour les affaires des réfugiés, Issam Charafeddine, s’est retiré pour protester contre le fait que ses collègues n’ont pas voulu examiner un plan qu’il avait élaboré pour un retour des réfugiés syriens chez eux.