Le Pentagone a annoncé lundi le renforcement de son dispositif militaire pour faire face aux menaces iraniennes sur la navigation dans les eaux du Golfe. Le déploiement d’un navire et d’avions F-16 et F-35 supplémentaires vient également renforcer la capacité de dissuasion du Centcom face aux incidents provoqués par les forces russes en Syrie.

Des F-35 font partie du nouveau déploiement. La mobilisation de ces avions de dernière génération révèle la gravité de la situation dans le Golfe et en Syrie. (USDoD)

Les États-Unis ont annoncé lundi déployer un navire de guerre de type destroyer et des avions de combat F-35 et F-16 au Moyen-Orient pour dissuader l’Iran de saisir des embarcations dans le Golfe.

Vendredi, un haut responsable du Pentagone avait évoqué l’envoi dans le Golfe par les Etats-Unis d’un avion d’appui aérien rapproché, avec à bord " des munitions qui pourraient être utiles face à des bateaux rapides et des cibles en mouvement " pour répondre aux " attaques rapides d’embarcations " observées.

Le corps des Gardiens de la Révolution islamique avait saisi un navire marchand dans les eaux internationales du Golfe le jeudi 6 juillet. Cette action suivait deux autres tentatives avortées la veille par la Marine américaine, tandis que l’armée idéologique de la République islamique continue de perturber le trafic maritime local.

Un avion furtif F-22 opérant depuis la base américaine Al-Udeid au Qatar. (DVIDS)

L’Iran avait émis la possibilité de pouvoir assurer la sécurité dans le Golfe d’Arabie conjointement avec ses voisins arabes, dimanche 21 mai.  " La République islamique d’Iran et les pays du sud du Golfe persique sont capables de coopérer pour assurer la sécurité " maritime dans cette région, avait déclaré le chef d’état-major de l’armée, Mohammad Bagheri.

" Options militaires " en Syrie

Cité par l’Associated Press, un haut responsable du Pentagone avait déclaré vendredi, sous le couvert de l’anonymat, que les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par les liens croissants entre l’Iran, la Russie et la Syrie à travers le Moyen-Orient.

Le responsable a déclaré aux journalistes, toujours selon l’information publiée par l’AP et relayée par plusieurs autres médias américains, que les États-Unis envisageaient un certain nombre d’options militaires pour faire face à l’agression croissante de la Russie dans le ciel au-dessus de la Syrie.

L’activité militaire russe, dont la fréquence et l’agression ont augmenté depuis mars, découle d’une coopération et d’une coordination croissantes entre Moscou, Téhéran et le gouvernement syrien pour tenter de faire pression sur les États-Unis pour qu’ils quittent la Syrie, a déclaré le responsable, relayé pr l’AP.

Le 6 juillet dernier, des avions de chasse russes ont harcelé des drones américains qui effectuaient
dans l’espace aérien syrien une mission de surveillance contre les jihadistes de Daech. (USDoD)

Il a ajouté que les agressions russes compliquent les efforts pour lutter contre le groupe Daech.

Le responsable a refusé de détailler les options, mais a déclaré que les États-Unis ne céderaient aucun territoire et continueraient à voler dans l’ouest du pays dans le cadre de missions anti-Daech (ou État islamique).

Environ 900 soldats américains opèrent en Syrie dans le cadre d’une coalition visant à lutter contre les éléments de Daech dans le désert syrien. Ils sont souvent assistés par des frappes de l’US Air Force à partir de bases aériennes au Qatar et aux Émirats arabes unis.

Une " plus grande coopération irano-russe "

Le dispositif dépend du Commandement central de l’armée américaine ou US Centcom (United States Central Command), qui fait partie des six  " Unified combatant command  " géographiques répartis sur la planète. Le quartier général du Centcom se trouve depuis 2002 sur la base militaire d’Al-Udeid au Qatar, la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient.

Le Centcom a également reçu en renfort des F-16. (DVIDS)

Toujours l’Associated Press, le responsable a expliqué que la Russie était redevable à l’Iran pour son soutien dans la guerre en Ukraine, et que Téhéran voulait que les États-Unis quittent la Syrie afin de faciliter les actions des Iraniens dans ce pays.

Le responsable a rappelé que l’Iran veut acheminer plus facilement des armes et des munitions au Hezbollah libanais qui menace constamment Israël.

Les États-Unis ont vu davantage de coopération, de collaboration, de planification et de partage de renseignements, en grande partie entre les chefs des forces al-Qods, une unité d’élite des Gardiens de la Révolution islamique, et les Russes en Syrie, dans le but de faire pression sur les forces américaines, a ajouté le responsable.

Les incidents se sont multipliés dans les eaux du Golfe, zone maritime cruciale pour le transport mondial du pétrole, depuis qu’en 2018 les Etats-Unis se sont retirés de l’accord international destiné à limiter le programme nucléaire iranien, réimposant des sanctions à la République islamique visant notamment son secteur pétrolier.

Georges Haddad, avec AFP, Reuters et Associated Press