Le Pentagone a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le déploiement de forces supplémentaires dans le Golfe. C’est le troisième renforcement du dispositif militaire US en un mois, dont l’ampleur et la fréquence interrogent. Surtout que Washington dit " envisager plusieurs options militaires " pour faire face aux menaces de l’Iran, de la Russie et de la Syrie, dont " les liens croissants à travers le Moyen-Orient deviennent préoccupants ".

Le Département américain de la Défense a annoncé jeudi soir le déploiement de moyens supplémentaires pour renforcer la capacité de dissuasion du US Centcom face aux incidents provoqués par l’Iran dans les eaux du Golfe.

" En réponse aux récentes tentatives de l’Iran de menacer la libre circulation du commerce dans le détroit d’Ormuz et ses eaux environnantes, le secrétaire à la Défense a ordonné le déploiement d’une partie du Bataan Amphibious Readiness Group/Marine Expeditionary Unit (ARG/MEU) composé de l’USS Bataan, de l’USS Carter Hall et de son personnel et de son équipement associés dans la zone de responsabilité de l’US Centcom, en plus des forces récemment approuvées (le 18 juillet NDLR) comprenant des F-35, des F-16 et le destroyer lanceur de missiles guidés, l’USS Thomas Hudner ", déclare le communiqué de presse du Pentagone reçu par Ici Beyrouth.

" Par ces actions, les États-Unis démontrent leur engagement à garantir la liberté de navigation et à dissuader les activités iraniennes de déstabilisation dans la région. ", ajoute le communiqué.

Comme l’indique le communiqué, il s’agit de deux bâtiments de la Marine américaine spécialisés dans l’assaut amphibie. Les deux navires portent plusieurs aéroglisseurs pouvant emporter des troupes et/ou des véhicules militaires pour des missions d’assaut.

Les navires emportent également plusieurs aéronefs à décollage et atterrissage vertical, comme des hélicoptères ou des " Ospreys ".

Les deux navires portent plusieurs aéroglisseurs pouvant emporter des troupes et/ou des véhicules militaires pour des missions d’assaut. (DVIDS)

Leurs équivalents français de la Marine nationale sont les " porte-hélicoptères amphibie " (anciennement BPC), à l’instar du Mistral, déployé au Liban au lendemain de la double explosion du 4 août 2020.

Quelque 2.000 membres du Corps des Marines feront partie du personnel mobilisé.

Le dispositif dépend du Commandement central de l’armée américaine ou US Centcom (United States Central Command), qui fait partie des six  " Unified combatant command  " géographiques répartis sur la planète. Le quartier général du Centcom se trouve depuis 2002 sur la base militaire d’Al-Udeid au Qatar, la plus grande base militaire américaine du Moyen-Orient.

Ce déploiement est une réponse à plusieurs incidents survenus dans les eaux du Golfe récemment. Le corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), l’armée idéologique iranienne, avait, en effet, saisi un navire marchand dans les eaux internationales du Golfe le jeudi 6 juillet. Cette action suivait deux autres tentatives avortées la veille après l’intervention de la Marine américaine.

Le CGRI est souvent accusé de perturber le trafic maritime dans les eaux du Golfe, zone maritime cruciale pour le transport mondial du pétrole, depuis qu’en 2018 les Etats-Unis se sont retirés de l’accord international destiné à limiter le programme nucléaire iranien, réimposant des sanctions à la République islamique visant notamment son secteur pétrolier.

Des membres des Forces spéciales lors d’un exercice d’entraînement sur l’USS Bataan. (DVIDS) 
" Options militaires "

Par ailleurs, selon l’Associated Press, un haut responsable du Pentagone avait déclaré vendredi dernier, sous le couvert de l’anonymat, que les États-Unis sont de plus en plus préoccupés par les liens croissants entre l’Iran, la Russie et la Syrie à travers le Moyen-Orient.

Le responsable a déclaré aux journalistes, toujours selon l’information publiée par l’AP et relayée par plusieurs autres médias américains, que les États-Unis envisageaient un certain nombre d’options militaires pour faire face à l’agression croissante de la Russie dans le ciel au-dessus de la Syrie.

Mercredi encore, pour la troisième fois depuis début juillet, un incident s’est produit entre un avion russe et un avion américain au-dessus de la Syrie. Les États-Unis ont critiqué une manœuvre  " dangereuse  " d’un avion de chasse russe qui s’est approché d’un avion de reconnaissance américain.

Le 6 juillet dernier, des avions de chasse russes ont harcelé des drones américains qui effectuaient
dans l’espace aérien syrien une mission de surveillance contre les jihadistes de Daech. (USDoD)

 

L’activité militaire russe, dont la fréquence et l’agression ont augmenté depuis mars, découle d’une coopération et d’une coordination croissantes entre Moscou, Téhéran et le gouvernement syrien pour tenter de faire pression sur les États-Unis pour qu’ils quittent la Syrie, a déclaré le responsable, relayé par l’AP.

Le responsable a refusé de détailler les options, mais a déclaré que les États-Unis ne céderaient aucun territoire et continueraient à voler dans l’ouest du pays dans le cadre de missions anti-Daech (ou État islamique).

Environ 900 soldats américains opèrent en Syrie dans le cadre d’une coalition visant à lutter contre les éléments de Daech dans le désert syrien. Ils sont souvent assistés par des frappes de l’US Air Force à partir de bases aériennes au Qatar et aux Émirats arabes unis.