Drones, robots, mitrailleuses télécommandées: les Émirats arabes unis, cibles d’attaques de drones par les rebelles yéménites houthis, répondent par le développement de systèmes de défense téléguidés pour contrer ces armes " intelligentes ". Cet investissement ouvre un nouveau chapitre de la guerre au Yémen qui s’enlise, qui après plus de sept ans de conflit a coûté la vie à plus de 377.000 personnes selon l’ONU.

Un business en plein essor
De grands drones noirs portant le logo orange du consortium émirati d’armement EDGE ont été présentés lors de l’exposition de lundi à mercredi sur les systèmes de défense téléguidés (UMEX) à Abou Dhabi, au côté d’autres armes " intelligentes ".  La normalisation des relations entre les Émirats et Israël en 2020 a également ouvert de nouvelles opportunités. Elle a permis à l’État hébreu de participer pour la première fois à l’UMEX.Le 17 janvier dernier, une attaque de drones et de missiles contre des installations pétrolières à Abou Dhabi a fait trois morts. Une réaction à l’engagement de la " petite Sparte " du Golfe au sein d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, qui soutient depuis 2015 le pouvoir au Yémen en guerre contre les Houthis.  " Les systèmes autonomes sont de plus en plus répandus ", a affirmé à l’AFP Miles Chambers, directeur du développement commercial international d’EDGE. " Nous investissons massivement pour développer les systèmes de défense autonome (…) dans la guerre électronique et dans les munitions intelligentes. Ce sont nos trois piliers ". Basé à Abou Dhabi, EDGE regroupe 25 entreprises émiraties. En 2020, les ventes d’armes du consortium formé il y a trois ans ont atteint 4,8 milliards de dollars, presque toutes au gouvernement des Émirats. Le groupe a été classé la même année 23e parmi les 100 meilleurs producteurs d’armes et services militaires dans le monde, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

La guerre du XXIe siècle " intelligente " ?

L’utilisation de drones et autres armes téléguidées est de plus en plus courante. En 2021, les Etats-Unis et Israël ont accusé l’Iran d’une attaque contre un navire au large d’Oman. La même année, l’Iran a accusé Israël d’avoir assassiné l’un de ses scientifiques nucléaires en recourant à une mitrailleuse télécommandée montée sur une camionnette. Enfin en novembre 2021, le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi a survécu à une attaque de drone chargé d’explosifs contre sa maison à Bagdad. Mais les drones sont surtout utilisés par les Houthis. D’après des chiffres de la coalition militaire publiés en décembre, le mouvement zaïdite a lancé plus de 850 drones et tiré 400 missiles balistiques contre l’Arabie saoudite voisine depuis 2015 tuant 59 civils. La coalition a elle mené 401 raids aériens au Yémen au cours du seul mois de janvier, selon le Yemen Data Project, un observateur indépendant qui a également fait état d’environ 9.000 civils yéménites tués dans les frappes depuis 2015.

Selon Ahmed Al Mazrouei, propriétaire d’une société émiratie développant principalement des véhicules à quatre roues motrices et de transport de troupes, " les défis sont importants car ils nous poussent à nous développer ". " L’objectif est d’avoir plus de systèmes et plus de technologie " dans les dix prochaines années et d’être " compétitif à l’échelle mondiale. " Lundi, le ministère émirati de la Défense a signé trois accords avec des entreprises nationales et internationales d’une valeur totale de plus 178,2 millions de dollars, dont une vente de systèmes de drones à l’International Golden Group basé aux Emirats.

Avec AFP

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