Les forces russes ont intensifié mardi leur offensive sur les villes ukrainiennes et tout laisse à penser que la prochaine grande bataille aura lieu dans la capitale Kiev. Des photos rendues publiques dans la nuit de lundi à mardi par la société américaine d’imagerie satellitaire Maxar montraient à cet égard un énorme convoi russe s’étirant sur soixante kilomètres et se dirigeant vers la capitale. Mais le Pentagone jugeait leur progression vers la capitale " au point mort ", entravée par la résistance rencontrée et des problèmes logistiques. En effet, plusieurs photos ou vidéos ainsi que des témoignages d’habitants faisaient état d’un grand nombre de chars, blindés et autres véhicules militaires garés aux bords des routes à cause d’une panne sèche ou de problèmes mécaniques. Les habitants de Kiev restants se préparent depuis des jours, érigeant des barricades, creusant des tranchées et confectionnant des cocktails Molotov.

Au sixième jour de l’invasion russe, les bombardements se sont succédé sur Kharkiv, ville de 1,4 million d’habitants proche de la frontière avec la Russie, dont les assaillants essaient de s’emparer. Sur sa place centrale, le siège de l’administration régionale a été en partie détruit, a déclaré le gouverneur Oleg Sinegoubov, dans une vidéo montrant une explosion. Au moins 10 personnes ont été tuées et plus de 20 blessées, tandis que huit autres ont péri quand un immeuble d’habitation a été touché. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a comparé ces frappes aux bombardements meurtriers sur Sarajevo, en Bosnie, dans les années 1990.

Dans la capitale ukrainienne, cinq personnes sont mortes et cinq autres ont été blessées lorsque la tour de télévision a été prise pour cible en fin d’après-midi. Mais une heure après l’attaque, la plupart des chaînes ukrainiennes semblaient à nouveau fonctionner normalement. (VOIR VIDÉO). Dans la soirée, de nouvelles explosions ont retenti à Kiev et à Bila Tserkva. Pour sa part, la ville de Jitomir (nord-ouest) a été visée par une frappe aérienne qui a fait deux morts et trois blessés et gravement endommagé 10 immeubles résidentiels, selon les secours ukrainiens. Un peu plus tôt, l’armée russe avait appelé les civils vivant près d’infrastructures des services de sécurité à évacuer, disant vouloir s’en prendre à elles pour faire cesser " les attaques informatiques contre la Russie ". Le futur assaut russe sur Kiev fait redouter un nombre considérable de victimes dans cette métropole comptant, en temps normal, près de trois millions d’habitants et dotée d’un riche patrimoine historique.

Les forces russes semblaient également avoir progressé dans le sud de l’Ukraine, sur les rives de la mer d’Azov. Dans le port de Marioupol, " tous les quartiers " sont bombardés, a dit le gouverneur régional, parlant de 21 blessés et d’un nombre indéterminé de morts. Le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes progressant sur la côte à partir de la Crimée avaient rejoint celles du territoire séparatiste prorusse de Donetsk, leur donnant une continuité territoriale stratégique. L’information était dans l’immédiat invérifiable. Peu auparavant, l’armée ukrainienne avait affirmé avoir fait échouer cette tentative. Les Russes contrôlent aussi les entrées de la cité côtière de Kherson (290.000 habitants), plus à l’ouest, selon son maire.

Depuis le début de l’invasion russe le 24 février, un million de personnes ont été déplacées en Ukraine même et plus de 677.000 sont parties vers les pays voisins, selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. De longues files de voitures continuaient à se diriger vers la frontière polonaise, à partir de Lviv, la grande ville de l’ouest de l’Ukraine devenue une porte de sortie et un centre de repli pour les Ukrainiens comme pour les ambassades occidentales. Des femmes réfugiées dans cette cité, laissant les hommes de leur famille " défendre l’Ukraine ", se mobilisaient pour les soutenir, donnant leur sang ou confectionnant des filets de camouflage.

Avec AFP