Après l’attentat contre l’aéroport de Mogadiscio, le groupe islamiste Shebab s’en est pris à la ville de Beledweyne, au centre de la Somalie, tuant plus de trente personnes. Chassés de la capitale depuis 2011, les Shebab maintiennent leur contrôle sur de vastes pans de territoire et mènent des attaques contre les forces gouvernementales depuis lors. Cette vague d’attaques terroristes survient dans un contexte délicat d’élections présidentielles, laissant craindre aux observateurs la possibilité d’une déstabilisation accrue du pays.

 

Prières devant les corps de deux victimes lors d’une attaque des Shebab à Mogadiscio, le 24 mars 2022. (AFP)

Deux attaques survenues mercredi soir à Beledweyne, une localité du centre de la Somalie et revendiquées par les shebab, ont tué au total plus de trente personnes, a déclaré jeudi à l’AFP un responsable de la police locale. Ces attaques sont intervenues quelques heures après une autre attaque menée contre l’aéroport de la capitale Mogadiscio.

" Nous essayons toujours d’avoir des statistiques officielles sur le nombre total de victimes, mais nous avons jusqu’ici confirmé que plus de trente personnes ont été tuées par la deuxième explosion à elle seule, qui a été causée par une voiture piégée ", a déclaré par téléphone à l’AFP Isak Ali Abdulle, le responsable de la police locale. " Les terroristes ont mené la première attaque avec un kamikaze et ont tenu prête une voiture chargée d’explosifs devant l’hôpital afin de faire plus de victimes ", a-t-il ajouté.

La première attaque a tué deux députés sortants, dont Amina Mohamed Abdi, qui faisait campagne pour sa réélection, ainsi que " plusieurs " de ses gardes. La deuxième a eu lieu peu de temps après devant l’hôpital, où des voitures éventrées étaient visibles jeudi. " Après la (première) explosion, les morts et les blessés ont été emmenés comme d’habitude à l’hôpital principal (…) mais la deuxième explosion qui venait d’une voiture piégée a eu lieu en face de l’hôpital ", a ajouté le policier. Les islamistes shebab ont revendiqué les attaques, affirmant avoir visé des " hommes politiques concourant pour les élections " en cours.

Mercredi matin, au moins trois personnes ont par ailleurs été tuées lors d’une attaque sur l’aéroport de Mogadiscio, enceinte sous haute protection abritant des bureaux de l’ONU, des ambassades et une base de la force de l’Union africaine (Amisom).

Les shebab, qui combattent le fragile gouvernement fédéral somalien, ont été chassés de Mogadiscio en 2011 après une offensive de l’Amisom, mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales de Somalie et continuent de mener des attentats sur des cibles gouvernementales et militaires.

La Somalie, et particulièrement sa capitale, ont été ces dernières semaines le théâtre de multiples attaques, alors que le pays attend depuis plus d’un an l’élection d’un nouveau Parlement et d’un nouveau président. Le mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, est arrivé à échéance en février 2021 sans qu’il soit parvenu à organiser un scrutin. Depuis, le processus avance péniblement, retardé par des conflits au sommet de l’exécutif et entre le gouvernement central et certains Etats fédéraux. Après maints reports, la clôture des élections de la chambre basse a été fixée au 31 mars. Cette étape doit ouvrir une nouvelle phase devant mener à la désignation d’un nouveau chef de l’État.

" La violence n’est pas une façon d’avancer pour la Somalie. L’UE condamne le terrorisme et les massacres politiquement motivés ", a écrit jeudi sur Twitter Tiina Intelmann, ambassadrice de l’Union européenne en Somalie. " Nos pensées vont à tous ceux qui ont été touchés par les attaques à Mogadiscio et à Beledweyne hier. Nous condamnons fermement l’utilisation de la violence pour intimider et perturber les élections. Le Royaume-Uni se tient aux côtés de la Somalie dans sa lutte contre le terrorisme ", a également écrit sur Twitter Katie Foster, l’ambassadrice anglaise pour la Somalie.

Avec AFP