Biden accuse Poutine de " génocide "
A Marioupol, la résistance ne tient plus
Inquiétudes sur l’usage d’armes chimiques
L’existence de ce vaste complexe métallurgique transformé en bastion par les forces ukrainiennes de Marioupol, avec des kilomètres de souterrains, promet une bataille acharnée pour le contrôle total de Marioupol, voire le recours à des armes chimiques, envisagé par les séparatistes prorusses du Donbass.
Des déclarations des forces prorusses qui contrôlent la république autoproclamée de Donetsk (DNR) ont alimenté l’inquiétude. Le porte-parole de cette entité, Edouard Bassourine a évoqué la possible utilisation d’armes chimiques par les troupes russes pour chasser les combattants ukrainiens défendant l’usine Azovstal, le grand complexe industriel de la ville, sur la côte. Une menace que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit prendre " très au sérieux ".
Et Washington a enfoncé le clou. Juste avant les accusations de lundi, les Etats-Unis avaient reçu " des informations crédibles selon lesquelles les forces russes pourraient utiliser différents agents anti-émeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés à des agents chimiques qui renforceraient les symptômes pour affaiblir et immobiliser les combattants et civils ukrainiens dans le cadre de leur campagne agressive pour prendre Marioupol ", a ainsi affirmé mardi Antony Blinken, sans en dire davantage sur la nature de ces renseignements. " Nous partageons ces informations avec l’Ukraine " et " sommes en contact direct avec nos partenaires pour déterminer ce qui se passe actuellement, c’est un vrai sujet de préoccupation ", a-t-il ajouté.
L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’est, elle aussi, dite mardi " préoccupée " par ces informations, sur lesquelles le Royaume-Uni avait déjà mis en garde lundi.
L’offensive russe se poursuit " calmement "
" Opération psychologique des Anglais "
Le président a également sous-entendu que si les forces russes n’allaient pas plus vite, c’était pour éviter de trop grandes pertes. Le Kremlin avait admis la semaine dernière que l’armée russe avait essuyé des pertes " importantes " sans les chiffrer précisément. M. Loukachenko y a lui vu " une opération spéciale psychologique des Anglais ".
Plus tôt dans la journée, M. Poutine avait qualifié de " noble " l’offensive militaire russe, assurant une fois encore qu’elle visait à sauver les Russes et russophones du Donbass d’un génocide orchestré par des " néonazis " ukrainiens. " Il n’y aucun doute (que les objectifs russes seront remplis), ils sont absolument clairs et nobles (…) L’objectif principal est d’aider les gens du Donbass ", a-t-il réaffirmé. Poutine a aussi moqué les Etats-Unis mardi, estimant qu’ils étaient prêts à combattre la Russie " jusqu’au dernier Ukrainien ".
L’offensive du Donbass est imminente
Dans l’est, frontalier de la Russie et où Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s’attendre, à brève échéance, à une importante offensive. " Selon nos informations, l’ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l’est. L’attaque aura lieu très prochainement ", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.
Des civils continuaient de fuir les régions de Lougansk et Donetsk, d’où six trains d’évacuation devaient partir mardi selon l’administration régionale.
" Tous mes parents sont originaires de Russie, j’y suis née. Mon père et ma mère aussi. J’ai de la famille partout en Russie. Ici, dans le Donbass et à Kramatorsk, vivent des personnes de toutes les nationalités (…) Où a-t-il vu des nazis ? ", demande à Sloviansk, une ville de la région, Valentina Oleynikova, 82 ans, qui part avec son mari. Elle faisait référence au président russe, qui justifie l’invasion de l’Ukraine par une prétendue volonté de " dénazifier " le pays.
Macron: " Poutine ne s’arrêtera pas "
Vladimir Poutine a en fait " décidé qu’il ne s’arrêterait pas ", a déclaré le président français Emmanuel Macron dans un entretien publié mardi, disant croire " assez peu à notre capacité collective à le mettre autour d’une table de négociation à court terme ".
Même constat chez le président allemand Walter Steinmeier qui a déclaré mardi qu’il n’imaginait " pas de retour à une normale " avec la Russie de Poutine.
Un proche de Poutine arrêté par les Ukrainiens
Pour Poutine, Boutcha c’est du " fake "
Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, a qualifié mardi de " fake " les informations accusant ses soldats d’avoir massacré des centaines de civils à Boutcha, localité de la banlieue nord-ouest de Kiev, d’où ils se sont retirés fin mars après avoir échoué à encercler Kiev.
L’AFP y avait vu samedi le 2 avril les corps sans vie d’au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha. L’un des hommes avait les mains liées et les cadavres étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.
Macabres découvertes autour de Kiev
Dans l’immédiat, les pertes civiles se révèlent au fil des jours dans d’autres zones du pays, avant même la grande bataille promise dans l’est pour le contrôle du Donbass.
Le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, a ainsi révélé mardi qu’environ 400 civils avaient été enterrés depuis le début de la guerre le 24 février dans la seule ville de Severodonetsk. Les morgues dans les villes de la région " débordent de corps de civils morts ", a ajouté Serguiï Gaïdaï sur Telegram.
Autour de Kiev, les corps de six personnes tuées par balles retrouvés dans un sous-sol dans la banlieue est, selon le Parquet général ukrainien, se sont ajoutés mardi aux centaines d’autres retrouvés ces deux dernières semaines dans les environs de la capitale.
A Andriïvka, un village situé à 30 km à l’ouest de Kiev qui était encore sur la ligne de front quelques semaines auparavant, des journalistes de l’AFP ont assisté à l’exhumation des corps d’autres victimes, trois hommes en habits civils. Parmi eux, celui de Iouri Kravtchennia. Selon sa femme, Olessia, il été abattu dans la rue juste après le début de l’invasion russe, alors qu’il se tenait mains en l’air. Alors que sa dépouille était sortie de terre, Olessia a hurlé de douleur et elle s’est effondrée. " Je ne peux pas continuer sans lui ", a-t-elle dit.
" Horribles exactions "
Mardi, le président Zelensky a dénoncé " des centaines de cas de viol " constatés selon lui dans les zones précédemment occupées par l’armée russe après le début de l’invasion le 24 février, " y compris de jeunes filles mineures et de tout petits enfants "
" Presque quotidiennement, on retrouve de nouvelles fosses communes ", a par ailleurs, déclaré M. Zelensky, qui s’adressait au parlement lituanien par liaison vidéo. " Des milliers et des milliers de victimes. Des centaines de cas de tortures. On continue de retrouver des corps dans les égouts et les caves ".
Des responsables de l’ONU avaient réclamé lundi des enquêtes sur les violences faites aux femmes dans la guerre russe en Ukraine et de protéger des enfants déplacés par millions en raison du conflit, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.
Retour de 870.000 réfugiés
Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début de la guerre dont des femmes et des enfants, a annoncé mardi le service des garde-frontières ukrainiens. " Actuellement, 25.000 à 30.000 Ukrainiens par jour regagnent leur pays. Contrairement aux premiers jours quand il s’agissait essentiellement d’hommes, maintenant il y a aussi des femmes, des enfants et des personnes âgées ", a déclaré le porte-parole des garde-frontières ukrainiens Andriï Demtchenko. " Ils disent qu’ils voient que la situation est plus sure, surtout dans les régions occidentales et ils ne peuvent plus rester à l’étranger, ils sont prêts à retourner dans le pays et rester ici ", a ajoute le porte-parole.
Plus de 4,6 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février, selon les chiffres du HCR mardi.
L’Eglise orthodoxe de Chypre qualifie l’invasion en Ukraine de " non-chrétienne "
Avec AFP