Biden accuse Poutine de " génocide "
Joe Biden a confirmé mardi accuser son homologue russe Vladimir Poutine de " génocide " en Ukraine, quelques heures après avoir utilisé ce mot pour la première fois afin de qualifier la situation dans le pays envahi par Moscou.   " Oui, j’ai appelé ça un génocide ", a répondu le président américain à des journalistes lors d’un déplacement dans l’Iowa.Jusque-là, l’administration américaine n’avait pas prononcé ce mot, employé par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.   " Il est de plus en plus clair que Poutine essaie simplement d’effacer l’idée même de pouvoir être un Ukrainien ", a-t-il ajouté.Joe Biden a affirmé que si " les avocats, au niveau international ", trancheraient sur la qualification de génocide, " pour moi, cela y ressemble bien ".   Affirmant que les " preuves s’accumulaient " concernant les " choses horribles qu’ont faites les Russes en Ukraine ", le démocrate a prédit que le monde " en découvrirait encore davantage sur la dévastation ".Quelques heures plus tôt, lors d’un discours consacré à la lutte contre l’inflation, Joe Biden avait déjà évoqué le terme de " génocide ".   " Le budget de votre famille, votre capacité à faire votre plein d’essence, rien de tout cela ne devrait dépendre du fait qu’un dictateur déclare la guerre et commet un génocide à l’autre bout du monde ", avait-il dit.   Joe Biden avait déploré la flambée inflationniste supplémentaire causée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, assurant que " 70% de la hausse des prix en mars vient de la hausse des prix de l’essence de (Vladimir) Poutine ".  " L’invasion de l’Ukraine par Poutine a fait grimper les prix de l’essence et des denrées alimentaires dans le monde entier ", avait encore déclaré le président démocrate.

 

 

 

A Marioupol, la résistance ne tient plus
Les combats et bombardements russes à Marioupol ont fait au moins 20.000 morts depuis la fin février, ont affirmé mardi les autorités régionales, alors que l’étau se resserre sur la ville portuaire du sud-est de l’Ukraine, où Kiev et les Occidentaux accusent les forces russes de vouloir recourir à des " agents chimiques " pour déloger les soldats ukrainiens retranchés dans la ville.   C’est le bilan présenté par Pavlo Kirilenko, le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, lors d’un entretien avec la chaîne de télévision américaine CNN, sur la situation humanitaire dans la ville assiégée, coupée du monde et bombardée depuis plus de 40 jours.  Il a admis qu’il était en fait " difficile d’évoquer un nombre de victimes ", la ville faisant l’objet d’un blocus.   Le président Volodymyr Zelensky avait auparavant dit craindre " des dizaines de milliers de victimes ", tous chiffres impossibles dans l’immédiat à vérifier de source indépendante.   Le gouverneur Pavlo Kirilenko a, par ailleurs indiqué, sur Telegram, que la ville est désormais en proie " jour et nuit " à " des combats de rue ". Il a cependant admis n’avoir " presque plus de contacts " avec Marioupol.  Selon le conseiller présidentiel ukrainien Mykhaïlo Podoliak, sur Twitter, " les soldats ukrainiens sont encerclés et bloqués " dans la ville, où " 90 % des maisons " ont été détruites.Prendre Marioupol permettrait aux Russes de consolider leurs gains territoriaux sur la bande côtière longeant la mer d’Azov en reliant les régions du Donbass à la péninsule de Crimée, qu’ils ont annexée en 2014.   L’armée russe a affirmé avoir fait échouer lundi une tentative de percée d’une centaine de militaires ukrainiens avec des blindés qui se trouvaient dans une usine du nord de la ville.

 

 

Inquiétudes sur l’usage d’armes chimiques

L’existence de ce vaste complexe métallurgique transformé en bastion par les forces ukrainiennes de Marioupol, avec des kilomètres de souterrains, promet une bataille acharnée pour le contrôle total de Marioupol, voire le recours à des armes chimiques, envisagé par les séparatistes prorusses du Donbass.

Des déclarations des forces prorusses qui contrôlent la république autoproclamée de Donetsk (DNR) ont alimenté l’inquiétude.  Le porte-parole de cette entité, Edouard Bassourine a évoqué la possible utilisation d’armes chimiques par les troupes russes pour chasser les combattants ukrainiens défendant l’usine Azovstal, le grand complexe industriel de la ville, sur la côte. Une menace que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit prendre " très au sérieux ".

Et Washington a enfoncé le clou.  Juste avant les accusations de lundi, les Etats-Unis avaient reçu " des informations crédibles selon lesquelles les forces russes pourraient utiliser différents agents anti-émeutes, notamment des gaz lacrymogènes mélangés à des agents chimiques qui renforceraient les symptômes pour affaiblir et immobiliser les combattants et civils ukrainiens dans le cadre de leur campagne agressive pour prendre Marioupol ", a ainsi affirmé mardi Antony Blinken, sans en dire davantage sur la nature de ces renseignements.   " Nous partageons ces informations avec l’Ukraine " et " sommes en contact direct avec nos partenaires pour déterminer ce qui se passe actuellement, c’est un vrai sujet de préoccupation ", a-t-il ajouté.

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) s’est, elle aussi, dite mardi " préoccupée " par ces informations, sur lesquelles le Royaume-Uni avait déjà mis en garde lundi.

L’offensive russe se poursuit " calmement "
Le président russe Vladimir Poutine a assuré mardi que l’offensive russe en Ukraine se poursuivait " calmement " et en minimisant les pertes, refusant de fixer un calendrier.   Le chef de l’Etat russe a aussi critiqué le " manque de cohérence " des Ukrainiens dans les pourparlers avec Moscou, les accusant de changer sans cesse de position, ce qui " crée des difficultés " pour parvenir à un accord.  Kiev, de son côté, a confirmé que les négociations étaient " extrêmement difficiles " avec Moscou.Sur le terrain, " notre tâche est d’accomplir les objectifs fixés en minimisant les pertes, nous allons agir de manière harmonieuse, calmement, en conformité avec le plan proposé dès le départ par l’état-major ", a dit M. Poutine lors d’une conférence de presse dans un cosmodrome de l’Extrême-Orient russe.Poutine, qui était à Vostotchny avec son homologue et allié bélarusse Alexandre Loukachenko, a balayé la notion selon laquelle l’armée russe était à la peine face à la résistance ukrainienne et avait dû renoncer à prendre les grandes villes et la capitale Kiev pour se concentrer sur le Donbass, dans l’est du pays. " Nos actions dans certaines régions d’Ukraine étaient uniquement destinées à fixer les forces (ukrainiennes loin du Donbass), porter un coup et détruire l’infrastructure militaire ", a-t-il assuré.

" Opération psychologique des Anglais "

Le président a également sous-entendu que si les forces russes n’allaient pas plus vite, c’était pour éviter de trop grandes pertes. Le Kremlin avait admis la semaine dernière que l’armée russe avait essuyé des pertes " importantes " sans les chiffrer précisément.  M. Loukachenko y a lui vu " une opération spéciale psychologique des Anglais ".

Plus tôt dans la journée, M. Poutine avait qualifié de " noble " l’offensive militaire russe, assurant une fois encore qu’elle visait à sauver les Russes et russophones du Donbass d’un génocide orchestré par des " néonazis " ukrainiens.  " Il n’y aucun doute (que les objectifs russes seront remplis), ils sont absolument clairs et nobles (…) L’objectif principal est d’aider les gens du Donbass ", a-t-il réaffirmé.   Poutine a aussi moqué les Etats-Unis mardi, estimant qu’ils étaient prêts à combattre la Russie " jusqu’au dernier Ukrainien ".

 

 

 

 

L’offensive du Donbass est imminente

Dans l’est, frontalier de la Russie et où Moscou a fait de la conquête totale du Donbass son objectif prioritaire, Kiev a annoncé s’attendre, à brève échéance, à une importante offensive.  " Selon nos informations, l’ennemi a presque terminé sa préparation pour un assaut sur l’est. L’attaque aura lieu très prochainement ", a averti le porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Oleksandre Motouzianik.

Des civils continuaient de fuir les régions de Lougansk et Donetsk, d’où six trains d’évacuation devaient partir mardi selon l’administration régionale.

" Tous mes parents sont originaires de Russie, j’y suis née. Mon père et ma mère aussi. J’ai de la famille partout en Russie. Ici, dans le Donbass et à Kramatorsk, vivent des personnes de toutes les nationalités (…) Où a-t-il vu des nazis ? ", demande à Sloviansk, une ville de la région, Valentina Oleynikova, 82 ans, qui part avec son mari.  Elle faisait référence au président russe, qui justifie l’invasion de l’Ukraine par une prétendue volonté de " dénazifier " le pays.

 

 

Macron: " Poutine ne s’arrêtera pas "

Vladimir Poutine a en fait " décidé qu’il ne s’arrêterait pas ", a déclaré le président français Emmanuel Macron dans un entretien publié mardi, disant croire " assez peu à notre capacité collective à le mettre autour d’une table de négociation à court terme ".

Même constat chez le président allemand Walter Steinmeier qui a déclaré mardi qu’il n’imaginait " pas de retour à une normale " avec la Russie de Poutine.

Un proche de Poutine arrêté par les Ukrainiens
Le milliardaire et député ukrainien Viktor Medvedtchouk réputé très proche de Poutine. (photo prise du site officiel du président Zelensky sur Telegram. https://t.me/V_Zelenskiy_official)

 

Dans l’immédiat, c’est un député et richissime homme d’affaires ukrainien réputé très proche de M. Poutine, Viktor Medvedtchouk, qui a été arrêté par les services de sécurité ukrainiens, selon le président Zelensky qui a accompagné son message sur Telegram d’une photo de l’homme d’affaires menotté.Le président ukrainien a proposé à Moscou dans une allocution vidéo publiée sur Telegram, d' "échanger " Medvedtchouk " contre les garçons et les filles ukraineins qui sont actuellement en captivité en Russie ".

Pour Poutine, Boutcha c’est du " fake "

Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, a qualifié mardi de " fake " les informations accusant ses soldats d’avoir massacré des centaines de civils à Boutcha, localité de la banlieue nord-ouest de Kiev, d’où ils se sont retirés fin mars après avoir échoué à encercler Kiev.

L’AFP y avait vu samedi le 2 avril les corps sans vie d’au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha. L’un des hommes avait les mains liées et les cadavres étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres.

Macabres découvertes autour de Kiev

Dans l’immédiat, les pertes civiles se révèlent au fil des jours dans d’autres zones du pays, avant même la grande bataille promise dans l’est pour le contrôle du Donbass.

Le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, a ainsi révélé mardi qu’environ 400 civils avaient été enterrés depuis le début de la guerre le 24 février dans la seule ville de Severodonetsk.   Les morgues dans les villes de la région " débordent de corps de civils morts ", a ajouté Serguiï Gaïdaï sur Telegram.

Autour de Kiev, les corps de six personnes tuées par balles retrouvés dans un sous-sol dans la banlieue est, selon le Parquet général ukrainien, se sont ajoutés mardi aux centaines d’autres retrouvés ces deux dernières semaines dans les environs de la capitale.

A Andriïvka, un village situé à 30 km à l’ouest de Kiev qui était encore sur la ligne de front quelques semaines auparavant, des journalistes de l’AFP ont assisté à l’exhumation des corps d’autres victimes, trois hommes en habits civils.  Parmi eux, celui de Iouri Kravtchennia. Selon sa femme, Olessia, il été abattu dans la rue juste après le début de l’invasion russe, alors qu’il se tenait mains en l’air.  Alors que sa dépouille était sortie de terre, Olessia a hurlé de douleur et elle s’est effondrée. " Je ne peux pas continuer sans lui ", a-t-elle dit.

 

 

 

 

" Horribles exactions "

Mardi, le président Zelensky a dénoncé " des centaines de cas de viol " constatés selon lui dans les zones précédemment occupées par l’armée russe après le début de l’invasion le 24 février, " y compris de jeunes filles mineures et de tout petits enfants "

" Presque quotidiennement, on retrouve de nouvelles fosses communes ", a par ailleurs, déclaré M. Zelensky, qui s’adressait au parlement lituanien par liaison vidéo. " Des milliers et des milliers de victimes. Des centaines de cas de tortures. On continue de retrouver des corps dans les égouts et les caves ".

Des responsables de l’ONU avaient réclamé lundi des enquêtes sur les violences faites aux femmes dans la guerre russe en Ukraine et de protéger des enfants déplacés par millions en raison du conflit, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.

Retour de 870.000 réfugiés

Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début de la guerre dont des femmes et des enfants, a annoncé mardi le service des garde-frontières ukrainiens.    " Actuellement, 25.000 à 30.000 Ukrainiens par jour regagnent leur pays. Contrairement aux premiers jours quand il s’agissait essentiellement d’hommes, maintenant il y a aussi des femmes, des enfants et des personnes âgées ", a déclaré le porte-parole des garde-frontières ukrainiens Andriï Demtchenko.  " Ils disent qu’ils voient que la situation est plus sure, surtout dans les régions occidentales et ils ne peuvent plus rester à l’étranger, ils sont prêts à retourner dans le pays et rester ici ", a ajoute le porte-parole.

Plus de 4,6 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine le 24 février, selon les chiffres du HCR mardi.

L’Eglise orthodoxe de Chypre qualifie l’invasion en Ukraine de " non-chrétienne "
Le chef de l’Eglise orthodoxe de Chypre a critiqué mardi le président russe Vladimir Poutine, qualifiant sa décision d’envahir l’Ukraine de " non-chrétienne " et " absurde ".  " Rien ne justifie la destruction d’un autre pays ", a affirmé l’archevêque Chrysostomos II à la chaîne de télévision d’Etat CyBC. " Raser un pays sans justification est absurde ".Liés par un héritage chrétien orthodoxe commun, Chypre, qui est membre de l’Union européenne, et la Russie entretiennent depuis longtemps des liens politiques et économiques étroits.   " Je suis triste parce que des gens sont tués ", a encore dit l’influent dirigeant de l’Eglise orthodoxe de Chypre, affirmant que les actions de M. Poutine démontrent " qu’il se comporte comme un non-chrétien ".Après l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février, Chypre a envoyé plus de 215 tonnes d’aide humanitaire à Kiev, sa plus grosse à l’étranger.  Elle a également accueilli quelque 10.000 réfugiés ukrainiens dans un pays qui compte une importante diaspora russe.

Avec AFP