L’entraîneur de l’équipe nationale de taekwondo, Ralph Harb, âgé de 37 ans, révèle dans un entretien exclusif avec Ici Beyrouth que Laetitia Aoun et Ray Rahy ont un grand potentiel, et se montre optimiste quant à leurs résultats à venir dans les grandes compétitions internationales.

Vous êtes aujourd’hui entraîneur de l’équipe nationale libanaise de taekwondo. Pouvez-vous nous raconter votre parcours dans ce sport?

Je suis aujourd’hui l’entraîneur de l’ensemble des équipes nationales de taekwondo dans les catégories des cadets, des juniors et des séniors. J’ai commencé ce sport quand j’avais six ans. J’ai gravi les échelons pour finalement devenir ceinture noire à 13 ans. En tant que joueur, j’ai participé à plusieurs compétitions locales et internationales. À 22 ans, j’ai subi une blessure grave qui m’a forcé à mettre fin à ma carrière de joueur, et je suis ainsi devenu coach. Mon évolution progressive dans le coaching m’a mené au poste d’entraîneur de l’équipe nationale.

Est-ce un sport qui jouit d’une certaine popularité au Liban?

Les sports collectifs sont plus populaires en règle générale que les sports individuels, mais au Liban, le taekwondo est l’un des sports individuels les plus populaires.

Nous avons des athlètes qui sont passés près de la qualification olympique pour les jeux Olympiques (JO) 2021. Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les étapes à franchir pour se qualifier pour les JO de Paris en 2024?

Il y a différentes compétitions de taekwondo qui sont classées de G-1 à G-12. Plus le chiffre est élevé, plus la compétition est importante et génère donc davantage de points gagnés dans le classement mondial. Le premier d’une compétition G-1 gagne 10 points, celui d’une compétition G-2 20 points, et ainsi de suite. Les 6 premiers mondiaux de chaque catégorie sont automatiquement qualifiés pour les JO. Les "Grand Prix" internationaux de taekwondo sont classés G-6 à l’échelle des compétitions internationales et mettent en compétition les 32 meilleurs athlètes de chaque catégorie. Laetitia Aoun, Ray Rahi et Tarek Moussali se sont récemment qualifiés pour des "Grand Prix" à Rome et à Manchester.

Seuls les 6 premiers de chaque catégorie se qualifient pour les JO ou y-a-t-il un tournoi complémentaire de repêchage?

Il y a au total 16 places qualificatives dans chaque catégorie pour les JO. Les dix tickets restants pour chaque catégorie sont attribués par le biais de tournois qualificatifs olympiques continentaux. Ces derniers ont généralement lieu six ou sept mois avant le début des JO. La majorité des continents ont chacun deux places qualificatives via ce tournoi, sachant qu’un petit continent comme l’Océanie n’a généralement qu’une place qualificative.

Vous êtes le coach de Laetitia Aoun et Ray Rahi depuis quand? Sachant que ce sont les deux athlètes libanais les plus prometteurs dans ce sport.

Je suis le coach de Laetitia depuis qu’elle est en cadets (U14) et de Ray Rahi depuis cinq ou six ans.

Pouvez-vous nous parler du potentiel de ces deux athlètes?

Ils ont tous les deux un très grand potentiel et ils l’ont prouvé par leur qualification à des "Grand Prix" de ce sport.

Quels sont leurs styles de jeu?

Leurs styles diffèrent, du fait notamment de leurs différences de poids, mais ils suivent les deux le même entraînement tactique.

À part Laetitia Aoun et Ray Rahi, y a-t-il d’autres taekwondoïstes libanais prometteurs?

Oui des athlètes comme Tarek Moussali, Ward Salman, Ralph Henaine, Mariella Bou Khalil et plusieurs autres.

Avez-vous été déçu par les performances de Ray Rahi et Tarek Moussali au Grand Prix de Rome, et celle de Laetitia Aoun, à un degré moindre, au Grand Prix de Manchester?

Non je n’ai pas été déçu. La qualification de Tarek et Ray pour un Grand Prix est en soi un exploit, car cela veut dire que vous faites partie des 32 meilleurs mondiaux de votre catégorie. Et une première participation à un événement de cette envergure n’est jamais facile. C’était une nouvelle forme d’expérience et un nouveau type de stress pour eux. Ils pouvaient faire mieux, mais leurs prestations ont été correctes. Quant à Laetitia, elle a réussi au Grand Prix de Manchester à passer le premier tour en battant une taekwondoïste classée 9e mondiale, avant de perdre au second tour contre une athlète classée 8e mondiale, à seulement un point d’écart. C’est un bon début et je suis sûr que leurs prochaines participations génèreront de meilleurs résultats.

Le taekwondo libanais a un bon classement à l’échelle mondiale. Est-ce que les médias libanais accordent assez d’importance à ce sport?

Non, ce sport devrait être davantage mis en lumière. Il est certain que certaines personnes jouent un rôle pour avancer dans le bon sens, mais la couverture médiatique devrait être plus importante. La réussite du taekwondo libanais est non négligeable. Pendant les quatre derniers championnats d’Asie de taekwondo, le Liban a toujours gagné au moins une médaille. C’est le seul sport libanais à avoir réussi une telle performance. Il devrait donc y avoir plus de médiatisation de ces exploits.

La fédération vise une médaille olympique. Cet objectif vous semble-t-il réaliste?

Oui cet objectif est réaliste. Nous n’avons pas atteint cet objectif en 2021, mais Laetitia et Ray étaient vraiment très près de se qualifier. Nous croyons en nos chances pour 2024.

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