C’est le grand jour! Aujourd’hui sera donné le coup d’envoi d’un phénomène aux dimensions planétaires: la Coupe du monde de football. Après la cérémonie d’ouverture, à 17h, le Qatar, pays organisateur, entrera en lice pour affronter l’Équateur.

Nous y sommes! Le Mondial, c’est aujourd’hui, c’est tout à l’heure. Après les J – 200 et J – 100, le rideau se lève au stade al-Bayt de la ville d’al-Khor (au nord de Doha).

Le Qatar et l’Équateur frapperont, à 18h, les trois coups d’un événement renouvelé tous les quatre ans. Vingt-neuf jours d’exploits, avec 32 équipes, 832 joueurs et 32 milliards de téléspectateurs en audience cumulée… Période durant laquelle les conflits, les crises politiques, l’Ukraine, l’Iran, le marasme libanais, les soubresauts monétaires vont, on l’espère, s’estomper sous le tapis vert d’un gazon. Le monde entier va vivre et vibrer au rythme des retransmissions télévisées de 64 matchs de football étalés sur un mois. Ce qui est fantastique dans une telle compétition, c’est qu’elle est rare, qu’elle ne ressemble à aucune des précédentes et qu’elle nous réserve, on le sait à l’avance, un éventail d’émotions à nulles autres pareilles.

La main de Dieu

La main de Maradona au stade Aztèque, en 1986, son éclair de génie quelques minutes plus tard, le grand pont de Pelé sur Mazurkiewicz seize ans plus tôt, déjà au Mexique, les deux coups de tête victorieux de Zizou, un soir de juillet 1998, un autre coup de boule du même Zizou, moins glorieux celui-ci, en 2006, ou la claque monumentale infligée par l’Allemagne au Brésil en 2014 restent gravés à l’encre indélébile dans la mémoire collective. Car les émotions d’un Mondial se conservent toute la vie. On les choisit, on les cajole et on les enjolive à l’envi.

Pour la présente édition, la 22e de l’histoire, bien malin qui pourra pronostiquer le vainqueur final. Comment dégager, en effet, un favori parmi les cadors annoncés?

Le Brésil, c’est cinq Coupes du monde sur l’étagère, un record du genre. Après la dérouillée reçue à domicile en 2014 et un Mondial 2018 en demi-teinte, la "Seleçao", compte bien se racheter au Qatar. Elle en a les moyens. Les Allemands, eux, voudront surtout oublier la Bérézina du dernier Mondial où ils avaient connu l’expérience fort peu enviable de se faire virer dès le premier tour. La France, avec sa pléthore de vedettes, espère bien rejoindre le cercle très fermé des nations qui ont pu conserver leur titre sur deux Coupes du monde successives. Les Anglais, inventeurs du jeu, semblent engagés dans une interminable quête de titre depuis 1966. Sans doute sont-ils porteurs d’une froideur assortie à un flegme très british. Après, il y a l’Argentine de Messi, qui se verrait bien tirer sa révérence sur un titre mondial, les Pays-Bas, redoutables en compétition, l’Espagne, rajeunie, et le Portugal d’un Ronaldo vieillissant. Une surprise venue d’Afrique ou un joker sud-américain? Et pourquoi pas la Belgique, une fois? Superstars ou notoriétés plus confidentielles, vieux briscards ou jeunes promesses: ils sont tous là.

Accusations et critiques

Tout ce beau monde se retrouve cette fois-ci au Qatar qui est d’ores et déjà entré dans l’histoire. En effet, c’est le premier Mondial dans un pays arabe; le premier aussi à interrompre une saison de football professionnel, programmé à la fin de l’automne pour éviter les chaleurs insupportables de ce minuscule pays désertique. Surtout, jamais un pays organisateur n’avait été confronté à un tel flot ininterrompu de critiques: il y eut d’abord les accusations de corruption pour emporter sur le fil la décision de la Fifa, en 2010, face au géant américain. Puis vinrent les critiques sur l’impact environnemental, la question des droits humains, notamment ceux des personnes LGBTQ+, le sort réservé aux travailleurs migrants, le timing hivernal, la bière qui ne va point couler à flot, etc.

À tort ou à raison? Toujours est-il qu’à quelques heures du coup d’envoi, la planète entière trépigne d’impatience. Le pays du Cèdre, malgré tous ses malheurs, ne fait pas exception et se prépare lui aussi. L’espace d’un Mondial, les Libanais vont mettre, momentanément, leurs querelles de côté et ont d’ores et déjà garni leurs balcons et leurs voitures aux couleurs de leurs équipes préférées. La ferveur bat son plein et les pronostics sont lâchés. Quel drapeau restera fièrement arboré? Réponse le 18 décembre, date de la finale.

Que la fête commence!