Suite de l’enquête sur le financement du basket libanais, avec pour premier focus, la Fédération libanaise de basket, dont tous les postes de recettes sont en chute libre. Si l’enveloppe des droits TV et numériques est en baisse de 67 % par an, la billetterie et l’apport des sponsors sont également en baisse.

Les autres principaux postes de recettes de la Fédération ont également enregistré une baisse importante. A commencer par la billetterie " Avant la crise, nous comptions notamment sur les rencontres qualificatives pour la coupe du monde disputées à domicile " explique le président de la Fédération de basket-ball, Akram Halabi. " Un match à guichets fermés nous rapportait 110000 dollars. Aujourd’hui, un match à domicile pour cette même compétition, rapporte 8000 dollars, comme ce fut le cas du dernier match face à l’Indonésie. Nous devons payer la location du terrain 2500 dollars. Avec toutes les dépenses inhérentes à un match de ce type, nous sortons financièrement perdants sur ce type de rencontres. Avant la détérioration économique, le ticket VIP était à 150000 livres libanaises, soit 100 dollars. Aujourd’hui, le prix de ce même billet s’élève à 350000 livres libanaises, soit près de 16.5 dollars. " ajoute-t-il avec amertume. Les recettes de la fédération pour un match de ce type ont donc baissé de 93 % et le prix unitaire d’un billet VIP a baissé de 83.5 %. Vertigineux.

Des sponsors qui se retirent

Le sponsor titre du championnat du Liban de basket, XXL Energy, a un accord avec la Fédération libanaise de basket, renouvelé chaque année. Halabi, sans dévoiler le montant du partenariat marketing, indique que " le montant n’est pas très élevé. Mais bien évidemment, nous leur sommes reconnaissants pour leur investissement. " L’équipe nationale a en ce moment deux sponsors principaux: il s’agit de la compagnie de réalité virtuelle, Robocom, et la compagnie de construction, JSBC. Halabi déplore que " plusieurs sponsors tels qu’Alfa, MasterCard et Société Générale se soient retirés du sponsoring du basket libanais en raison de la crise ".

Pour augmenter ses recettes, la Fédération a préparé un projet visant à la vente de produits dérivés de la sélection, la création d’une e-league ainsi qu’un projet de commercialisation de photos digitales.

La diaspora libanaise à la rescousse

Les recettes étant en baisse, couvrir les dépenses devient plus difficile. Halabi explique que " le coût de la participation au championnat arabe de Dubaï, par la sélection nationale, est de 20000 dollars. Nous avons contacté des Libanais de la diaspora vivant à Dubaï, qui ont rassemblé le montant et ont financé les frais, qu’ils ont directement payé à la Fédération arabe de basket. Apres Dubaï, nous avons deux déplacements pour les qualifications au mondial, à Amman puis a Riyadh. Ce qui engendre beaucoup de dépenses entre billets d’avions et hôtels. Et si nous nous qualifions pour le second tour, la sélection va voyager en Nouvelle-Zélande, en Corée du sud et aux Philippines. "

Halabi a en outre fait appel à la diaspora libanaise pour aider le basket. " Beaucoup de clubs au Liban ont des problèmes, du fait de mauvaises gestions de certaines directions, qui ont accumulé des dettes. Je fais appel aux libanais, qui soutiennent un club, quel qu’il soit, de créer un fonds ou une caisse de solidarité pour sauver les clubs. De petites sommes, de ne serait-ce que 20, 50 ou 100 dollars par individu peuvent aider les clubs dans ce contexte de crise ".

La baisse du financement politique, un mal pour un bien

Halabi ajoute en outre qu’ " Avant la crise, des personnalités politiques soutenaient financièrement des clubs. La crise économique a aussi entrainé l’arrêt de ces soutiens, à l’exception de quelques clubs. Ceci a provoqué un manque. " Cependant, cela pourrait être un mal pour un bien en vue d’un développement encore plus professionnel de ce sport. Halabi souligne que " nous adoptons une politique visant à garder une certaine distance avec les partis politiques et nous sommes en train de pénaliser les clubs dont les supporters scandent des slogans politiques ou confessionnels dans les stades ".

Ebauches de solutions

Halabi a conclu en invitant " les clubs de basket à devenir une " usine de formation ", qui produit elle-même ses joueurs, dès leur plus jeune âge, et la possibilité ainsi de faire une plus-value financière avec la vente potentielle de ce joueur en cours de carrière " Miser sur la formation permettrait en effet de générer une source supplémentaire de revenus pour ces clubs. Cette politique de formation est notamment adoptée par plusieurs grands clubs européens de football tels que l’Ajax d’Amsterdam.

D’autres pistes pourraient également être étudiées par la Fédération pour survivre à la crise en générant d’avantage de recettes. Externaliser la vente et la gestion des droits marketing, télévisuels et numériques des compétitions de la Fédération, pourraient générer l’obtention de nouveaux contrats par des agences marketing régionales dont c’est le cœur de métier. Ces dernières, fortes d’une expérience transversale sur plusieurs sports et marchés, pourront mieux promouvoir, chiffres et études à l’appui, les avantages en termes de notoriété, d’image et d’augmentation de chiffres d’affaires d’un partenariat sponsoring dans le basket et les valeurs positives qu’il dégage dans l’inconscient du consommateur.

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