Suite de l’enquête menée par Ici Beyrouth sur le basketball libanais, avec une analyse du sponsoring de ce sport. Les deux principaux sponsors de l’équipe nationale (Robocom et JSBC) cherchent avant tout à promouvoir le sport pour ses bienfaits sociétaux, mais le fondateur de Robocom est en même temps conscient des avantages en termes de notoriété et d’image pour sa marque. 

Le basket libanais est classé 55e au classement mondial de la FIBA. Ce classement devrait s’améliorer  avec la victoire récente dans le championnat arabe des nations. Si ce classement est bien sûr flatteur pour le Liban, comparé à d’autres sports (à titre de comparaison, le Liban  occupe la 100e place au football) ou à d’autres industries, dans un contexte de crise aigüe, il marque aussi un certain plafond, qui ne sera dépassé que par une approche encore plus professionnelle des sponsors et de la stratégie de la Fédération libanaise de basketball (FLB) pour les démarcher.

Les deux visibilités les plus courantes sur un terrain sportif d’un partenariat sponsoring sont les panneaux publicitaires dans le stade ainsi que la présence du logo sur le maillot de l’équipe. Seront détaillés dans cette première partie les objectifs des deux principaux sponsors de la sélection, dont les contrats portent sur de courtes durées, qui ont cependant refusé de dévoiler à Ici Beyrouth le montant de leur accord avec la FLB.

Les financements de sponsors, guidés par de bonnes relations amicales ou politiques avec des décideurs du basket, sont certes une manne à ne pas négliger et à respecter. Mais ce modus operandi ne permettra pas à ce sport de franchir un cap, que permettraient d’atteindre des partenariats sponsoring avant tout guidés par des considérations économiques. Des partenariats envisagés dans une optique de retour sur investissement présentent l’avantage d’être moins aléatoires, de s’inscrire dans la durée, et renforcent le statut de l’ayant-droit, fort de la visibilité qu’offre son produit basket.

JSBC dans le basketball pour ses externalités positives pour la société

Ainsi, l’approche de Hisham Jerdak, président de JSBC, compagnie de conseil en ingénierie qui sponsorise la sélection nationale, est d’abord guidé par des considérations personnelles et sociétales. "Je suis en contrat avec la Fédération en partie en raison du fait qu’Akram Halabi (NDLR: président de la Fédération) et Charbel Rizk (NDLR: secrétaire général de la Fédération) sont des amis proches. Et tant qu’ils seront là, nous resterons à leurs côtés. Parfois, les besoins de la sélection sont supérieurs au montant de notre accord, et nous ajustons notre investissement en conséquence. Avant la sélection, je faisais du sponsoring pour des clubs. Je crois que le sport doit faire partie de la culture du pays, davantage que la politique. Nous n’envisageons pas le partenariat dans une optique d’amélioration de notre image. Nous n’avons jamais envisagé les choses ainsi. Je suis sponsor de la Sagesse et j’étais auparavant sponsor de Champville, et il y a eu une période où j’étais à la fois sponsor de La Sagesse et de Champville. J’ai en partie renouvelé mon contrat avec la Sagesse car j’ai une excellente relation avec leur coach, Joe Ghattas. Le sport donne aux gens la paix, la culture de l’amour et éloigne les jeunes de différentes tares de la société. La situation du Liban est difficile en ce moment; il est donc d’autant plus important d’apporter un soutien au sport dans ce contexte."

L’autre sponsor de la sélection nationale, Robocom, leader régional de l’industrie du gaming, est également guidé par des considérations sociétales, tout en ayant conscience des retombées positives de son partenariat sponsoring sur sa marque, en termes de notoriété et d’image.

"Nous voulons gagner la Coupe du monde. Nous ne sommes pas fous. Nous sommes des rêveurs"

"Nous sommes rentrés dans le basket à travers la création du Dynamo. Le Libanais se distingue par l’espoir et la résilience. Et nous avions remarqué ces deux dernières années que le Libanais avait perdu espoir. Nous sommes jeunes et nous avons réussi, et nous nous demandions comment nous pouvions renvoyer l’ascenseur de ce succès à la société et lui redonner espoir. Nous voulions quelque chose de plus fort que la charité. Nous pensons que le sport est le meilleur moyen de redonner espoir aux gens et d’inspirer. Nous avons ainsi lancé une initiative dans le basketball, d’abord avec le Dynamo. Nous avons respecté l’esprit du jeu en lançant le club en seconde division. Nous avons racheté ce club, qui s’appelait auparavant Tebnine, et nous voulions qu’il soit dénué de toute considération politique. Nous avons appelé le club Dynamo Liban et le conseil d’administration de l’équipe est multiconfessionnel. Une fois le club promu en première division, nous avons fait connaissance avec Akram Halabi qui, en écoutant notre vision, nous a proposé de réaliser un partenariat avec l’équipe nationale. Notre contrat avec la FLB est d’une durée de deux ans, jusqu’à la Coupe du monde, et notre but est de gagner celle-ci. Nous ne sommes pas fous, nous sommes des rêveurs, et nous nous fixons des standards élevés. Le sport représente plus que tout autre chose notre philosophie et notre vision d’espoir et de résilience. J’aurais pu mettre cet argent dans des panneaux à Dubai Mall. Mais nous avons rendu heureux les Libanais et l’émotion que nous avons générée valait beaucoup plus qu’un panneau publicitaire. Mon exposition a été démultipliée par la victoire dans la Coupe arabe. Le pari de ce contrat sponsoring a donc été gagnant avec le gain de ce titre. Si nous avions perdu, Robocom n’aurait pas obtenu d’exposition, mais la victoire dans la Coupe arabe a augmenté notre notoriété."