C’est avec la Première Guerre mondiale que l’intervention en urgence auprès des soldats traumatisés a été progressivement mise en place. Depuis les attentats de ces dernières années, un peu partout dans le monde, les cellules d’intervention médico-psychologique se sont avérées indispensables pour offrir un rapide soutien aux victimes.

Le professionnel des soins psychiques assume le rôle d’un médiateur de la parole. C’est une première rencontre, offrant une première écoute étayante afin que le sujet puisse extérioriser son ressenti traumatique. Des Libanais ont pu ainsi nous communiquer, avec beaucoup de difficultés, bien qu’après un certain délai, combien l’explosion du port de Beyrouth a provoqué chez eux une explosion intérieure, aussi bien psychique que physique.

Il faut toutefois faire attention que l’intervention en urgence n’ait pas pour objectif de vouloir trouver une solution rapide au trauma ou viser une quelconque nécessité adaptative. Cela n’est pas ou ne doit pas être, comme on pourrait le croire, l’application d’un protocole standardisé valable indistinctement.

L’intervenant doit être capable de respecter l’état psychique du sujet et ne pas s’empresser, par exemple, de vouloir le forcer à parler.  L’écoute de l’intervenant est une écoute empathique, en communication avec un éprouvé favorisant un état psychologique en phase avec celui du sujet, Ce dernier peut avoir, parfois, besoin d’un temps de silence dont il faut absolument tenir compte, la traversée de l’indicible ayant rendu une parole insoutenable.

Une autre remarque importante: l’intervenant n’est pas un être objectif, indemne de tout ressenti traumatique. Lui aussi peut avoir vécu l’effroi provoqué par l’évènement et, face à un sujet traumatisé, il recevra l’impact du souffle dévastateur de l’horreur vécue. Il en sera de même pour tous les intervenants futurs. L’issue de leur intervention dépendra lourdement de la résolution qu’ils apportent à leurs propres émois internes.

Pour certains sujets, s’ils sont écoutés avec le respect de leur vécu, si leur parole est reçue sans préjugés, s’ils sont écoutés avec empathie, sans surtout banaliser ("c’est normal, ça va passer, tout va aller bien", etc.) et si cela se fait autant de fois que le sujet en a besoin, alors on peut se rendre compte d’un début de soulagement chez lui. Tout en gardant à l’esprit que le retentissement du traumatisme atteint les sphères les plus éloignées de la conscience.

Il faut, néanmoins, rester vigilant tout au long des jours suivants l’évènement et relever l’éventuelle existence de signes significatifs de changement dans les conduites (alimentation, sommeil, angoisses, réactions impulsives inhabituelles, évitement, isolement, etc.), en y associant éventuellement les proches.

L’intervention en urgence est donc la première étape. Elle pourra être suivie par d’autres, en fonction de la demande du sujet, notamment si les symptômes post-traumatiques deviennent particulièrement envahissants.

À quelles autres thérapeutiques peut-il alors recourir?