Emmanuel Macron a reçu lundi Bernard Cazeneuve, puis Xavier Bertrand, mais c’est un troisième nom, plus inattendu, qui pourrait finalement l’emporter.

La quête d’un chef de gouvernement en France est-elle proche de son dénouement, près de deux mois après les législatives? Emmanuel Macron a reçu lundi l’ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve et le président de région, Xavier Bertrand (droite), mais c’est un troisième profil, moins politique, qui semble tenir la corde, celui de Thierry Beaudet.

Objectif de ces consultations qui s’accélèrent: trouver un chef de gouvernement qui ne soit pas aussitôt censuré à l’Assemblée nationale, les élections législatives anticipées ayant conduit à une chambre basse sans majorité.

Dans une France profondément divisée, le gouvernement démissionnaire depuis 48 jours, une situation inédite, continue de gérer les affaires courantes.

Le nom de Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), inconnu du grand public, a commencé à circuler depuis lundi matin. Beaudet semble tenir la corde pour devenir Premier ministre dans une configuration quasi ingouvernable.

Troisième chambre de la République avec l’Assemblée et le Sénat, le CESE regroupe 175 membres représentant la société civile française.

"L’idée générale est de regarder si les hypothèses Cazeneuve et Bertrand sont viables au regard du critère de stabilité", a confié un proche du président français, Emmanuel Macron. Et d’ajouter qu’il peut "avoir d’autres noms en tête".

"Option très sérieuse"

Et, de fait, lundi, l’hypothèse du patron du CESE, âgé de 62 ans, a commencé à circuler. Certaines sources assurent même que l’affaire était entendue dès avant ces nouveaux entretiens à l’Élysée, qui seraient voués à écarter les ténors politiques reçus par le président.

Emmanuel Macron a échangé avec Thierry Beaudet dans le cadre de ses précédentes discussions institutionnelles, a fait savoir son entourage.

"C’est une option très sérieuse", assure à l’AFP un proche du chef de l’État qui connaît "très bien" Thierry Beaudet et évoque des "indices sérieux" en faveur de sa nomination à Matignon. "C’est une réponse solide et nouvelle à ce besoin de dialogue dans la société, en particulier avec les forces sociales", plaide-t-il.

Chez les partenaires sociaux, cette option est accueillie avec une bienveillance teintée de prudence.

C’était pourtant en favori que Bernard Cazeneuve a ouvert le bal lundi, pendant une heure quinze, de ces nouvelles consultations à l’Élysée, avant d’être raccompagné jusqu’au vestibule par le chef de l’État.

Si le scénario Cazeneuve venait à s’imposer, il devrait bénéficier d’un soutien tacite d’au moins une partie des socialistes, outre celui du bloc central et d’une partie de la droite.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, est resté très réservé lundi, concédant seulement qu’il y "réfléchirait" si M. Cazeneuve "obtenait l’abrogation" de la réforme des retraites. Tout en disant redouter qu’il soit "en réalité prisonnier d’une majorité, une coalition, celle d’Emmanuel Macron".

Premier ministre de droite?

Emmanuel Macron a ensuite reçu son prédécesseur socialiste, François Hollande, puis un autre ex-président, Nicolas Sarkozy, qui plaide pour un Premier ministre de droite.

Xavier Bertrand, âgé de 59 ans, président du parti de droite Les Républicains et d’une région du nord de la France, est pour sa part arrivé à l’Élysée peu avant 15h30 locales (13h30 GMT). Il n’a pas caché que la fonction l’intéressait et Nicolas Sarkozy a jugé que ce serait "un bon choix".

Mais M. Bertrand n’a pas l’appui des dirigeants de son parti qui veulent arriver en opposants à la présidentielle de 2027 et refusent toute coalition ou participation au futur gouvernement.

Emmanuel Macron, qui pourrait procéder à une nomination mardi, a récemment écarté la candidature de la haute-fonctionnaire Lucie Castets, présentée par les formations du Nouveau Front populaire (NFP), alliance de gauche arrivée en tête des législatives, en arguant du risque de censure immédiate à l’Assemblée nationale.

Le président français veut aussi que le bloc central fasse partie de la future majorité.

Le Rassemblement national, parti d’extrême droite, troisième bloc à l’Assemblée derrière la gauche et les macronistes, pourrait de son côté ne pas censurer immédiatement un nouveau Premier ministre, a déclaré le député RN Jean-Philippe Tanguy.

Mais il le ferait "sans doute" au moment du budget, a-t-il ajouté.

Le temps presse pour former un nouveau gouvernement, car le budget 2025 doit être déposé au Parlement le 1ᵉʳ octobre au plus tard.

Valérie Leroux et Fabrice Randoux, avec AFP