Municipales 2025 – J2: le Liban-Nord en quête de repères politiques
©Ici Beyrouth

 

Municipales 2025, Jour 2. Après le Mont-Liban, c’est maintenant au tour des électeurs du Liban-Nord de glisser leurs bulletins dans les urnes pour élire leurs conseils municipaux et leurs mokhtars. 

Près d’un million de Libanais – 981.634 pour être précis – sont appelés à élire 288 conseils municipaux, soit 3.351 conseillers, et 821 mokhtars. 

 

Le paysage politique du Nord peut être divisé en deux: d’une part, le Nord sunnite, notamment le Akkar, Minyé-Denniyé et Tripoli, et d’autre part le Nord chrétien, à savoir Batroun, le Koura, Zghorta et Bécharré. 

 

Hariri, le grand absent

Coté sunnite, c’est l’absence de leadership qui marque ce scrutin, notamment à Tripoli. Le retrait politique de l’ancien Premier ministre Saad Hariri et de son mouvement du Futur depuis plusieurs années a laissé place à un vide que tentent de combler les notables de la région, quittes à former des alliances tactiques qui ne reflètent pas les grandes lignes de politique nationale. 188 Tripolitains se sont officiellement présentés pour le seul conseil municipal de Tripoli qui ne compte que 24 sièges. La participation, et surtout la représentation des minorités confessionnelles – chrétiennes et alaouite – sont au cœur des batailles à Tripoli et à Mina.

 

Au Akkar, l’un des plus grands et des plus pauvres cazas du Liban, et à Minyé-Denniyé, ce sont surtout les familles et les clans qui mènent les batailles électorales. Dans certaines localités, le clivage politique est au cœur de la bataille entre familles. Ainsi, par exemple, à Minyé-Nabi Youcha3 ou à Bakh’oun, les deux listes concurrentes sont soutenues respectivement par des parlementaires ou d’anciens députés de bords différends. Dans d’autres, le consensus prévaut, notamment grâce aux familles: 13 conseils municipaux sur les 37 du caza de Minyé-Denniyé et 44 conseils sur les 134 du caza du Akkar ont été élus d’office. 

 

Cazas chrétiens: la recherche d’ancrage local en vue des législatives de 2026
Côté chrétien, le paysage du Nord ressemble assez aux luttes politiques que l’on a pu voir dimanche dernier au Mont-Liban: un Courant patriotique libre en perte de vitesse, camouflé derrière les familles, et Forces libanaises et Kataëb qui tentent de s’imposer comme les principaux acteurs de leurs communautés. 

À Zghorta, les yeux sont rivés sur la fédération des municipalités. 25 conseils municipaux sur les 32 du caza y sont représentés, et ce sont les Frangié qui tiennent le caza depuis une cinquantaine d’années. Mais le malheureux candidat de la dernière présidentielle et chef des Marada, Sleiman Frangié, voit son leadership zghortiote menacé par le Mouvement de l’indépendance de Michel Moawad, soutenu par les autres forces souverainistes, qui tente d’obtenir la majorité des conseils municipaux

  

Même constat dans le caza de Batroun. À Batroun (ville), autrefois bastion du CPL et de son chef, Gebran Bassil, le président sortant a réussi à allier les aounistes, les FL, les Kataëb et les Marada pour pouvoir garder son siège. Cette alliance contre-nature ne se retrouve pas dans les autres localités du caza où les formations politiques tentent d’imposer leur influence face aux dynamiques traditionnelles qui prennent souvent le dessus.

  

Ce deuxième dimanche électoral nous donnera tout de même, malgré les coalitions hétéroclites, une idée du poids de chaque acteur politique dans cette grande répétition, à un an des législatives qui pourraient être les plus importantes du Liban contemporain au vu des transformations drastiques tant au niveau national que régional.

 

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