Dans le cadre du festival Beyrouth Livres organisé par l’Institut français du Liban, Camille Laurens, académicienne au sein du prix Goncourt, a fait le déplacement avec trois autres membres pour annoncer les noms des quatre finalistes du prix Goncourt depuis Beyrouth.

Cela faisait quelque vingt ans que Camille Laurens n’était plus revenue au Liban. Je l’avais rencontrée et interviewée à l’occasion de sa présence au Salon du livre francophone, du temps de l’âge d’or de Beyrouth, troisième capitale francophone de la littérature. Dire que ce fut un plaisir de la revoir serait peu, même si nous avions gardé un contact épisodique et que j’avais été maintes fois priée de l’inviter – à titre individuel – par la Librairie Antoine et Virgin, deux librairies dont la présence et l’espace au sein de ce Salon étaient dominants.
L’œuvre de Camille Laurens s’est toujours articulée autour de l’amour; l’amour à tout âge et ses problématiques. Elle a toujours eu le courage de raconter les choses sans fard. D’aller au plus juste et de toucher au plus profond. Le combat des femmes, qu’une société machiste cherche souvent à "invisibiliser", est son cheval de bataille. Vingt ans plus tard, j’ai retrouvé la même femme, dont les yeux brillaient du même éclat, encore et toujours animée par le désir de faire entendre la voix des femmes, de revendiquer leur désir de vivre et d’aimer quel que soit leur âge. Pour elle, à soixante ans, une femme n’est pas "périmée" et l’amour, comme la sexualité, n’a pas d’âge. Voilà seulement deux à trois ans qu’elle fait partie de l’Académie Goncourt, ce qui rend aisé son rapport à ce travail de lecture en amont, jusqu’à en tirer une joie, contrairement à d’autres académiciens qui ont laissé entendre que les livres leur tombaient souvent des mains et que certains les ennuyaient beaucoup. Camille Laurens, même si elle revendique avoir pris de l’âge, est restée la même femme. Cela est-il dû à son enthousiasme à se battre et à défendre l’amour et la sexualité des femmes jusqu’à ce que la mort les sépare? Seul l’avenir nous le dira…