La magie du cinéma revient avec l’ouverture de la 19e édition du Festival international du film de Marrakech qui se déroulera du 11 au 19 novembre 2022. Tilda Swinton, Paolo Sorrentino, Jim Jarmusch, Asghar Farhadi… De grands noms du cinéma d’auteur y prendront part, après deux ans d’écran vide en raison de la crise sanitaire. Le FIFM dit vouloir privilégier "les jeunes talents qui façonneront le cinéma de demain" en compétition officielle, tout en déroulant le tapis rouge aux stars du 7e art qui affluent, à chaque édition, en grand nombre dans la capitale touristique du Maroc. La rencontre entre ces univers est "la singularité de la ligne éditoriale du festival", explique Rémi Bonhomme, le directeur artistique du festival.

Sorrentino, Jarmusch, Carax, entre autres, sont les auteurs à l’honneur pour le retour du festival international du film de Marrakech. Le programme "In Conversation with" revient pour une série d’échanges qui s’annoncent intenses et passionnants avec des personnalités du cinéma mondial. Des discussions à bâtons rompus avec des artistes qui, devant le public de Marrakech, partageront généreusement leur vision et leur pratique du cinéma, entre démonstrations brillantes et anecdotes savoureuses.

Fidèle au positionnement du Festival, la compétition officielle présentera des premiers et seconds longs métrages afin de révéler et de promouvoir les nouveaux talents du cinéma mondial. Parmi les 14 films sélectionnés, 10 sont des premiers longs métrages et 6 sont signés par des femmes. La sélection éclectique provient de 14 pays différents dont 2 d’Amérique latine: Brésil et Mexique, 3 européens: France, Portugal et Suisse, 4 issus de la région MEA et de sa diaspora: Maroc, Suède, Somalie, Syrie, Tunisie, ainsi que l’Australie, le Canada, l’Iran, l’Indonésie et la Turquie. En somme, quatorze longs-métrages dont six signés par des réalisatrices, du Mexique au Portugal en passant par l’Iran, seront en lice pour L’Étoile d’or, la récompense suprême. Ils seront départagés par un jury international présidé par le cinéaste italien Paolo Sorrentino. Réalisateur et scénariste oscarisé, Paolo Sorrentino est aujourd’hui l’un des représentants les plus célèbres et passionnants du cinéma italien. Son œuvre, riche d’une dizaine de films et de séries, explore des thématiques contemporaines et livre une réflexion singulière sur le pouvoir, la politique et la religion, entre autres. Auteur à l’imaginaire foisonnant, porté par une ambition esthétique sans cesse renouvelée, Paolo Sorrentino a été récompensé dans les plus grands festivals et événements cinématographiques à travers le monde.

"Le Festival de Marrakech est pour moi le lieu où s’est réalisé le rêve de regarder de nombreux films avec Martin Scorsese, et passer des journées entières à parler de cinéma avec lui et d’autres collègues si talentueux. Revenir cette année en tant que président du jury est un honneur. Je crois, je veux croire que les cinémas vont se remplir de nouveau et je suis certain que beaucoup de beaux films vont sortir prochainement. Être témoin de ce renouveau depuis un lieu aussi symbolique, découvrir le cinéma de demain d’un point de vue culturel et géographique aussi intéressant sera un cadeau supplémentaire", a-t-il affirmé.

Le président du jury Paolo Sorrentino par Claudio Porcarelli.

Le Napolitain, oscarisé pour La Grande Bellezza, 2013, sera épaulé, entre autres, par l’acteur français Tahar Rahim, la réalisatrice libanaise Nadine Labaki ou encore l’actrice germano-américaine Diane Kruger. C’est l’inusable Pinocchio, film d’animation et remake du conte de Carlo Collodi, réalisé par le metteur en scène mexicain Guillermo del Toro, qui sera projeté en ouverture du festival. Des hommages seront rendus au réalisateur américain James Gray (Little Odessa, The Lost City of Z) et à l’actrice écossaise aux multiples facettes Tilda Swinton qui avaient dirigé le jury du FIFM respectivement en 2018 et 2019. Le festival fêtera également les parcours d’une figure de proue du cinéma marocain, Farida Benlyazid, et de l’acteur indien Ranveer Singh, vedette de Bollywood.

Pour cette édition, le FIFM se distingue par un large éventail d’invités dans le cadre de ses fameuses Conversations. Le public de Marrakech aura l’occasion de discuter avec des auteurs tels que le maître iranien du suspense, Asghar Farhadi, deux fois oscarisé pour Une Séparation, en 2011, et Le Client, en 2016.

Le surdoué et très secret Leos Carax, à la parole rare, devra se prêter à l’exercice des questions réponses. Jim Jarmusch, l’enfant chéri du cinéma indépendant américain, et le Suédois Ruben Östlund, deux fois palmé à Cannes, sont également annoncés. Les festivaliers investiront les lieux emblématiques de la ville rouge pendant huit jours et nuits.

À commencer par la place Jamaa El-Fna (La place des Trépassés) qui présentera comme chaque année des projections en plein air, en mettant à l’honneur la science-fiction avec les récents Dune, 2021, de Denis Villeneuve ou Ad Astra, 2019, de James Gray. Le musée Yves Saint Laurent, près du célébrissime Jardin Majorelle, très prisé par les touristes du monde entier, sera le fief de l’intéressante section "11e continent" où seront présentés des films d’archives récemment restaurés comme Muna moto, 1975, du Camerounais Jean-Pierre Dikongué-Pipa ou Beirut the Encounter, 1981, du Libanais Borhane Alaouié. Mais également des œuvres sortant des sentiers battus comme Eami, 2022, de la Paraguayenne Paz Encina, ou Reel no. 21 a.k.a. Restoring Solidarity, 2022, du Palestinien Mohanad Yaqubi.

Enfin, les cinéphiles pourront voir ou revoir 15 films présentés ou primés cette année dans des festivals majeurs, dont Aucun Ours, du multiprimé iranien Jafar Panahi, en prison à Téhéran depuis juillet. Cette romance a reçu le Prix spécial du jury à la Mostra de Venise 2022. Un autre film récompensé à la Mostra, Saint Omer, de la Française Alice Diop, Grand prix du jury, sera projeté lors des Séances Spéciales. "Cette 19e édition fait coexister différents territoires du cinéma à travers 76 films" représentant "33 pays et couvrant ainsi tous les continents", se félicite Rémi Bonhomme.

En marge des festivités, le FIFM organise, depuis 2018, les Ateliers de l’Atlas, un programme de soutien aux jeunes cinéastes d’Afrique et du Moyen-Orient porteurs de projets en développement et de films en postproduction. Un des lauréats de ces ateliers, le réalisateur égyptien Omar El Zohairy, a obtenu en juillet le Grand prix de la Semaine de la critique à Cannes pour son décapant Plumes.

Marie-Christine Tayah avec AFP

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