L’histoire de Mare Nostrum et d’Ici Beyrouth a commencé sur un partenariat établi suite à ma demande de reprendre des chroniques littéraires de ce site que j’avais trouvées extrêmement pointues. S’est instauré assez vite un échange de textes publiés sur Ici Beyrouth que Mare Nostrum reprenait aussi sur leur site.

Après le temps des échanges d’articles est arrivé la question du Prix Mare Nostrum et de l’extrême délicatesse du fondateur de l’Association et Secrétaire général du prix, Jean-Jacques Bedu, de me proposer via un Zoom à trois, avec sa fille Éliane, Présidente du Prix qui a collaboré, avec des articles sur des thèmes délicats abordés avec maestria, avec Ici Beyrouth, une place au sein jury. C’est ainsi que les ouvrages sélectionnés pour le Prix Roman méditerranéen et Premier Roman ont commencé à me parvenir par la poste, égayant un été difficile dans un Liban dans le gouffre. Le deuxième Zoom s’est tenu pour la délibération finale, ayant déjà voté chacun(e) de notre côté virtuellement et anonymement pour les ouvrages qui nous ont marqués.

L’annonce des noms des lauréats s’est faite simultanément dans le studio d’Ici Beyrouth et sur les réseaux sociaux. C’est Jean-Jacques Bedu qui a dû remplacer sa fille Éliane, parce que la connexion avec Londres s’était avérée compliquée.

C’est donc au sein d’une vraie grande famille empreinte de bienveillance et d’empathie que s’est déroulée la cérémonie de la récompense des lauréats le 30 novembre à Paris au sein du siège de la Fédération Nationale des Caisses d’Epargne, partenaire du Prix.

J’ai, pour ma part, envoyé une vidéo préenregistrée, n’étant pas capable d’être présente ce jour-là à Paris, eu égard aux difficultés auxquelles nous faisons face au Liban.

Dès son introduction Jean-Jacques Bedu a laissé le soin à ses deux filles de conduire une cérémonie qui a été très émouvante par l’enchaînement des interventions. Une manière de transmettre les rênes de cette association et du Prix littéraire à cette jeunesse qui incarne le renouveau.

La personnalité des lauréats – trois femmes et un homme – de cette seconde édition (la première n’ayant pu avoir lieu à cause de la pandémie) a largement contribué au succès de la manifestation. La devise du Prix est d’avoir la Méditerranée en partage. Et ce fut bien la réalité avec Anaïs Llobet (Prix du roman méditerranéen) couronnée pour son ouvrage sur la ville fantôme de Varosha à Chypre, à la frontière d’un pays divisé entre deux peuples désormais séparés par la haine. Le premier roman de Rebecca Benhamou est une œuvre douce, poétique, pleine de tendresse mais aussi de tragédies, en représentant – à travers le drame de l’Algérie et de l’exil – ce qu’est la Méditerranée. Plus grand spécialiste vivant de la Méditerranée, le professeur David Abulafia, couronné dans la catégorie " Histoire et Géopolitique " pour son magistral essai sur la Méditerranée a rappelé à l’importance d’une parfaite coexistence entre juifs, chrétiens et musulmans au sein de cette Mare Nostrum qui souffre tant de nos jours.

Ce fut alors le moment de grâce du Prix lorsque les organisateurs ont pu réunir côte à côte, un moine dominicain (éditeur au Cerf), la précédente lauréate Kahina Bahloul, première femme imame en France et spécialiste de la mystique musulmane, et la nouvelle lauréate du Prix " Philosophie et Spiritualité ", Stéphanie Binder, chercheuse franco-israélienne, qui a déclaré : " J’ai eu l’honneur de me voir remettre le prix par la femme imam Kahina Bahloul, vous avouerez que pour un livre sur les Juifs et les chrétiens cela tombait sous le sens ! Une pensée et beaucoup de forces pour le Liban et Ici Beyrouth. "

Invité à clôturer la manifestation, le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz a montré combien il incarnait un islam apaisé, serein fraternel, et qui – en s’adressant à Kahina Bahloul – a fait montre d’un grand courage en l’invitant à réfléchir comment, demain, les femmes pourront à leur tour diriger la prière.

La troisième édition du Prix Mare Nostrum commence déjà avec les sélections de la rentrée littéraire de janvier 2023. Un Prix volontaire, militant, qui a désormais son cœur tourné vers le Liban, et c’est pourquoi notre partenariat ne fera que se renforcer, ayant trouvé des deux côtés, la complétude de notre part manquante.

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