Nichée entre deux cafés de Zaituna Bay, la galerie d’art Aramé vous accueille dans une ambiance intimiste pour présenter le "Masterpiece Show" à partir du 16 décembre prochain. Une occasion parfaite pour découvrir les œuvres de Daron Mouradian, Ruben Grigorian, Amen Gevorgian, Vahagn Haroutyunian ou encore d’Arthur Sharafian, des grands noms de la peinture arménienne et libano-arménienne. L’Agenda culturel a rencontré l’artiste Daron Mouradian qui apporte des éléments sur sa vision de l’art, ses techniques artistiques et son originalité, si chères à la galerie Aramé.

Vous venez de poser pied pour la première fois sur le sol beyrouthin: quels sont les sentiments qui vous animent?

En effet, c’est ma première fois au Liban! Je suis sensible à l’art phénicien dont hérite ce pays, ainsi qu’à sa culture et à son histoire qui m’intéressent beaucoup également. Ce voyage est l’occasion pour moi de me placer en tant qu’examinateur, c’est-à-dire d’être ouvert à la découverte.

Les événements récents survenus à Beyrouth et en Arménie ont-ils eu un impact sur vos créations ?

Quand je dessine, je ne cherche pas vraiment à traduire sur la toile la pensée qui me traverse l’esprit. Par exemple, quand on me demande comment je veux qu’on me serve un café, je réponds simplement avec du sucre. J’ai choisi cet exemple car il montre qu’une réponse doit se contenter d’apporter un élément clair, sans faire transparaître les difficultés qu’il y a autour. Je ne veux pas montrer la difficulté dans mes œuvres comme le font d’autres artistes, bien que je respecte ce choix. Le public a un rôle dans la perception des émotions des artistes. C’est pourquoi, je laisse toujours mes collègues et amis artistes décider du titre de mes œuvres. Alors, certes, il y a des obstacles dans nos vies à tous, mais il me semble juste de dire que les politiciens doivent régler les problèmes qui surgissent dans leurs pays. Moi, je suis un artiste, pas un politicien!

Y a-t-il des points communs entre vos travaux et ceux de vos collègues artistes exposés à la galerie Aramé? Et pour ce qui est de la comparaison avec des artistes internationaux?

Nous organisons souvent des rencontres entre les artistes arméniens, où nous parlons d’art notamment. Pour autant, nous n’avons pas du tout les mêmes techniques artistiques. Pour ce qui est de la vision plus internationale, beaucoup trouvent dans mes travaux des influences du mouvement impressionniste dont sont issus Cézanne et Monet notamment. Peut-être qu’en côtoyant des artistes, on en vient sûrement à trouver des sources d’inspiration, mais pour moi si quelqu’un se dit influencé par un autre dans ses travaux, alors ce n’est pas vraiment un artiste.

Que signifient les pommes qui jonchent le sol dans presque toutes vos productions?

Absolument rien! Ces pommes sont seulement de l’ordre de la composition, je ne veux pas faire de mon travail un travail philosophique. Laissons les peintres et les philosophes effectuer leur travail chacun de leur côté! Je vais vous donner l’exemple des Beatles. J’apprécie vraiment ce groupe de musique, mais je ne comprends pas bien l’anglais. En revanche, ce qui importe pour moi, c’est la musicalité, l’ensemble de la composition et non pas les détails liés à la signification des paroles.

Comment définiriez-vous la beauté de vos œuvres? 

Il s’agit d’une question difficile ! Peu importe ce que je ressens, je m’exprime avec mes pinceaux. C’est peut-être ça la beauté de la création! C’est-à-dire tout ce qu’il y a autour d’une œuvre et les émotions qu’elle suscite. La beauté c’est le fait de créer quelque chose qui nous vient d’une vision, d’un rêve et de s’attacher à le faire. Rechercher les détails du rêve, s’accrocher aux détails: toutes ces étapes que le spectateur ne voit pas comportent selon moi une forme de beauté. Pour autant, ça ne m’arrive jamais de pleurer devant mes peintures, même si je ressens de la beauté dans les émotions et le travail que j’y ai mis!

Qui est véritablement le prochain?  En lien avec le titre de votre production intitulée "Who Is Next", en tête d’affiche de l’exposition. 

Il faut demander à celui qui a décidé du titre ! Ce qui est intéressant c’est de comprendre l’histoire de cette dame. Elle vient de tuer un rat, et ce qu’elle nous dit avec son regard menaçant et le pistolet au sol, c’est que personne ne doit s’aventurer dans son monde, sous peine d’être le prochain!

Lise Picquette

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Merci à Sylvie Boujakian, responsable marketing de la galerie d’art Aramé, qui a assuré la traduction de cet échange de l’arminien à l’anglais. 

Cet article a été originalement publié sur le site de l’Agenda culturel.