Astérix peut-il passer les frontières ? Encensé dans les festivals internationaux, en proie aux doutes à domicile, le cinéma français reste à la recherche d’une potion magique pour exporter à nouveau ses blockbusters.

Deux projets portent les espoirs tricolores cette année :  Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu et la nouvelle version des Trois Mousquetaires, en trois films dont deux sortiront en 2023. Les aventures du Gaulois Astérix seront les premières, après leur sortie française le 1er février.

" Astérix et Obélix, c’est une franchise qui est connue dans le monde entier " et " le film est déjà vendu à peu près partout ", sauf en Chine, souligne son réalisateur, Guillaume Canet. " Je souhaite qu’il soit vu dans le monde entier, surtout que parce que, par rapport au cinéma français, ce serait super qu’un film de cette taille-là marche pour qu’il y en ait d’autres ", poursuit-il.

Signe de l’intérêt que le film suscite, il a été préfinancé par Netflix, qui pourra le distribuer à l’étranger. L’introspection n’en finit pas dans le cinéma français, jugé par certains trop autocentré. Dernière à tirer, l’ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot a la dent dure dans un livre-bilan publié début janvier : " Subventions directes, avances sur recettes, exonérations fiscales, intermittence ont créé une économie assistée qui non seulement ne s’inquiète guère des goûts des spectateurs, mais professe un mépris affiché pour les films " grand public " et rentables ", écrit-elle.

Car le paysage post-Covid n’est pas réjouissant à l’export : les films français n’ont fait que 27 millions d’entrées à l’international en 2022, soit un peu moins que la moitié d’une année moyenne sur la décennie écoulée, selon des chiffres publiés mardi par UniFrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde. La situation est bien meilleure qu’en 2021 (+51,8 %), mais très loin des 56 millions de spectateurs atteints en moyenne sur la décennie, et encore plus loin du record de 2014 (120 millions d’entrées).

" C’est un résultat plutôt encourageant avec une bonne dynamique pour 2023 ", estime cependant Serge Toubiana, le président d’UniFrance. " La part du cinéma français est non négligeable " à l’international, notamment dans l’animation, ajoute-t-il, se félicitant de " la présence des œuvres françaises très forte dans les festivals internationaux, et sur les plateformes ", où la France est le premier pays non anglophone (6,5 % des films).

L’audiovisuel français devrait faire mieux en 2023, promet le dirigeant, avec " des films populaires, des comédies, des films en costume ".

Mais, à l’inverse du cinéma sud-coréen, très identifié notamment depuis la Palme d’Or de Parasite (2019), le cinéma français est " extrêmement varié. Ce qui manque, c’est des fers de lance qui dynamisent le marché, comme on en avait avec Luc Besson ", diagnostique Serge Toubiana.
Dans les années 2010, celui-ci a permis au cinéma français d’inscrire des records hors des frontières, avec notamment le film de science-fiction Lucy et son record de 56 millions de spectateurs à l’étranger.

Le réalisateur du Cinquième Élément n’a toutefois pas eu autant de chance en affaires : la mini-major qu’il avait créée a enchaîné les difficultés, tout comme ses studios près de Paris qui devaient rivaliser avec leurs homologues anglo-saxons. Du côté du cinéma en langue française, les records d’Intouchables, sorti en 2011 et qui a cumulé près de 32 millions d’entrées, et du " Fabuleux destin d’Amélie Poulain " (2001, 23 millions de spectateurs) semblent loin.

Quant au cinéma d’auteur, très décrié, il n’en accumule pas moins les distinctions et les marques d’intérêt à l’international, notamment pour ses réalisatrices : Palme d’Or à Julia Ducournau pour Titane, Lion d’Or pour Audrey Diwan et l’Événement, intérêt critique pour Alice Diop et son film " Saint Omer "…Certaines, comme Céline Sciamma, dont le " Portrait de la Jeune fille en feu " est devenu un film féministe de référence, sont même désormais vues par un public plus nombreux à l’étranger qu’en France.

AFP