Il ne manquait plus qu’elles ! Comme si les choses, elles aussi avaient leur part, le droit de réclamer quoi que ce soit. Comme si l’on devait toujours diviser, multiplier, effacer, prendre, prendre et reprendre, rendre, donner, partager, s’en aller. Revenir pour faire la part des choses, ou pour donner aux choses leur part. Parce qu’à tout bout de champ, quelqu’un réclame toujours quoi que ce soit. Un cadre, un poste, une étiquette, un titre, un anneau, un parapluie, une rose, etc. Pour exister. J’ai donc je suis. J’appartiens donc j’existe. On est. Parce qu’on a. Par ce que, ceux que l’on a. Et l’on fait le tour du monde, du jardin d’à côté, the greener, du grenier d’enfance, des photos d’hier. Pour voir clair. Avec des yeux assombris, des idées grises et des rêves grisés. La vie fait son tour de cartes et tous les châteaux tombent. En Espagne ou de l’autre bout de la Terre. Châteaux aux bois dormants ou château de sable fin. Celui qu’a le marchand, le tendre. Tout finit par se déconstruire. Par choix, par insouciance ou par insolence. Et alors, rebâtir, pétale froissé après pétale froissé, croissant de lune après croissant de lune, ici ou ailleurs, au fond d’une chambre d’enfant ou d’un train qui part vers nulle part, juste pour prendre le large… rebâtir… une cabane en bois, sur les sommets arides des montagnes vierges ou au bord de la mer bleue, aussi bleue que le cœur des mères… infini. Faire la part des choses. Rendre à César ce qui est à César. Laisser les trophées aux ventouses de ce monde. Oublier la poudre aux yeux dans un coin derrière les rideaux ou sous les projecteurs. Rebâtir. Tout. Sans rien. À petits muscles. Rebâtir. Une cabane vide. La berceuse d’un soir. Quelques feuilles, un crayon, un seul visage, des images floues, des couleurs farfelues et une photo de toi.
Beyrouth.