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Témoin d’un passé glorieux, le musée Masséna, autrefois villa Masséna, se distingue à Nice par son architecture d’inspiration gréco-romaine. Il se dresse gracieusement au côté du Negresco, face à la Méditerranée. Franchir le seuil de ce musée ancestral que des milliers de pas ont foulé, y laissant leurs empreintes et l’écho de leurs voix, c’est faire un voyage dans le temps. Un retour à la Belle Époque, celle dont on ne se lasse pas de rêver, celle qui, avec ses connotations festives, nous projette dans un monde élégant de bals masqués.

Ce lieu, on le sent, a gardé entre ses pierres le passage d’hommes qui ont forgé l’Histoire. Il nous plonge, d’emblée, dans l’histoire du Comté de Nice et des liens qui unissent la famille Masséna et Napoléon. Cela commence comme un conte, avec le souhait du prince Victor d’Essling, député des Alpes-Maritimes sous le Second Empire, descendant du Maréchal Masséna, de construire une villa sur le bord de mer de Nice. Il veut pour modèle la villa Rothschild de Cannes à l’architecture néoclassique. Il charge les architectes Hans-Georg Tersling et Aaron Messiah d’adopter le style Empire en hommage à Napoléon I auquel la famille Masséna doit ses titres. Les jardins sont dessinés par le paysagiste et botaniste Édouard André. Un vœu devenu réalité en 1901. On y donne de brillantes réceptions où l’aristocratie européenne, venue passer l’hiver ensoleillé à Nice, est conviée.

Cependant, à la fin de la Grande Guerre, le fils de feu Victor d’Essling, André Masséna, fait don de la villa à la ville de Nice, mais à deux conditions: qu’on y aménage un musée d’histoire locale et que le jardin soit ouvert au public. En 1921, la villa, transformée en musée, ouvre ses portes et accueille au sein de ses colonnes gréco-romaines tous les visiteurs désireux de découvrir ses trésors.

Les années passent. Le musée Masséna, usé et vieilli, a besoin de reprendre son souffle. Un chantier de rénovation s’impose au début du vingt-et-unième siècle. De longues années de restauration et de travaux offrent au musée, en 2008, une nouvelle vie avec ses jardins réaménagés conformément au plan d’origine. Désormais, il accueille des expositions artistiques temporaires, mais aussi littéraires, comme celle intitulée Napoléon, héros de la littérature, à l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon, à l’automne 2021. C’était aussi l’année du centenaire du musée.

En traversant le jardin qui, désormais, s’appelle "Jardin de la Légion d’honneur" et donne sur la promenade des Anglais, on débouche sur un parc de plantes luxuriantes, de fleurs de toutes les couleurs, de bosquets, de feuillages, de palmiers et d’orangers où des promeneurs en quête de silence viennent s’asseoir sur un banc, un livre à la main. Et au milieu de cette profusion de végétation et de chants d’oiseaux, des sentiers ombragés dégagent une atmosphère romantique. Un peu plus loin, s’élève, comme un souvenir funeste et douloureux, le mémorial des victimes de l’attentat du 14 juillet 2016 qui appelle au recueillement.

Nous voici dans l’enceinte du musée Masséna. Au premier étage, la grande galerie s’ouvre sur de fastueux salons de réception: le salon des portraits où l’on découvre ceux de Napoléon I, Napoléon III et d’Eugénie; le grand salon dont les tableaux dépeignent les batailles du Maréchal Masséna, notamment celles d’Essling et d’Ebelsberg, et le fumoir avec ses fauteuils, guéridon et console de style Empire. La salle à manger dont l’aménagement fut conçu pour répondre au mode de vie mondain de Victor Masséna est prolongée par une magnifique véranda vitrée en hémicycle. Celle-ci offre une vue splendide et un accès direct aux jardins par les terrasses. L’enfilade de salons mène au bureau du prince d’Essling et, enfin, au cabinet de lecture où des ouvrages reliés garnissent les vitrines.

On apprend que Victor Masséna a racheté une grande partie des meubles du château de Govone près de Turin, véritables chefs-d’œuvre de l’art turinois, mais aussi des décorations en bois sculpté, dessus de portes, frises et fresques…

C’est au second étage que l’on découvre la fabuleuse histoire du Comté de Nice, allant du dix-neuvième siècle au début du vingtième siècle, suivant une approche chronologique et thématique. On peut lire, exposés sur les murs, les affiches et les arrêtés municipaux; contempler les gravures et les aquarelles, mais on peut aussi admirer les costumes traditionnels déployés dans de grandes vitrines. Passant d’une salle à l’autre, on s’arrête devant les œuvres d’art témoignant du rattachement de Nice à la France, de la Belle Époque sur la Côte d’Azur et des traditions niçoises. On s’arrête aussi devant les tableaux de peintres paysagistes niçois du dix-neuvième siècle comme Alexis Mossa et Antoine Trachel. Une collection de bijoux, de vêtements d’apparat, d’accessoires de l’empereur Napoléon I et de l’impératrice Joséphine ajoute à la magnificence des lieux.

Le troisième étage, à lui seul, recèle des trésors inestimables. On apprend que le chevalier Victor de Cessole, grand collectionneur de beaux livres, a généreusement offert à la ville de Nice sa bibliothèque constituée sur plusieurs générations et riche de milliers d’ouvrages et de documents essentiellement consacrés à l’histoire du Comté de Nice, de la Provence, de la Savoie et de l’Italie du Nord. On y trouve des œuvres dialectales: pièces poétiques et littéraires, journaux politiques et satiriques mais aussi des ouvrages scientifiques, des récits de voyages et une collection d’images pieuses de saints locaux. Alpiniste, photographe et président du Club alpin des Alpes-Maritimes, Victor de Cessole a également fait don de tous ses documents relatifs à la montagne.

La bibliothèque de Cessole fut inaugurée en 1937. Elle accueille aujourd’hui les chercheurs sur rendez-vous. Les œuvres révèlent les multiples appartenances historiques de la région niçoise: d’abord provençale, puis rattachée au duché de Savoie (1388-1792), à la France (1792-1814), au royaume de Piémont-Sardaigne (1814-1860) et enfin à la France. Elle s’enrichit, au fil des années, de collections privées qui en font une bibliothèque patrimoniale à nulle autre pareille. À la tombée de la nuit, on peut distinguer de loin, depuis la promenade, les belles façades historiques du musée éclairé.

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