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En cette fin d’été où l’on guette le premier souffle d’air frais, le château de Crémat a ouvert ses portes pour un événement évocateur "L’art de la fête" sur les collines niçoises. Dans sa deuxième édition les 9 et 10 septembre 2023, l’événement a rassemblé dans les jardins du château une cinquantaine d’exposants: artistes, artisans et restaurateurs dont la peintre franco-libanaise, Nadine Fayad Comair, qui a livré ses impressions à Ici Beyrouth.

Perché sur une colline champêtre, le château de Crémat étonne et détonne avec ses ornements rococo et sa façade repeinte en rouge. Construit à la Belle Époque, en 1906, par Antoine Mari, marchand d’huile d’olive niçois, le château de Crémat semble, avec sa tour à mâchicoulis, issu de la période médiévale. Entièrement restauré en 2018, il surplombe les vignobles de Bellet (l’un des plus anciens entre mer et montagne), la campagne environnante et la Méditerranée.

L’histoire dit que, dans les années 1920, son propriétaire le céda à une richissime Américaine, Irène Bretz, qui entreprit d’importants travaux d’aménagements. Figure dominante des Années folles, elle recevait des célébrités, dont Gabrielle Chanel. On raconte que Coco Chanel, séduite par l’emblème du château, deux C qui s’opposent et s’entrelacent, en fit son sigle.

Pierre Tomé racheta le château dans les années 1940 et, passionné de vin, fit inscrire le Bellet en Appellation d’origine contrôlée (AOC). D’autres propriétaires se succédèrent dont, en 2002, le Néerlandais Cornelis Kamerbeek qui entreprit sa restauration et créa des jardins à la française. Il modernisa la cave et obtint en 2014 la certification agriculture biologique (AB). En 2017, le château fut repris par la famille Derichebourg qui le rénova et le décora dans un style "années folles".

Et c’est dans ce domaine viticole, ce lieu historique et patrimonial hautement symbolique, que de nombreux artistes, artisans, peintres, créateurs de bijoux, se sont retrouvés pour exposer leurs créations et que les réjouissances ont attiré un public venu célébrer la fin de l’été. Le Théâtre national de Nice a offert une soirée littéraire et musicale qui a séduit les amateurs. La lecture des textes de Victor Hugo par Muriel Mayette-Holtz était accompagnée d’un répertoire de chansons des années 1930 interprétées par Bénédicte Allard avec François Barucco au piano.

Installée à Nice depuis 2020, l’artiste franco-libanaise Nadine Fayad Comair, ambassadrice Côte d’Azur, explique ce que révèle ce titre: "Être ambassadrice de la Côte d’Azur c’est représenter l’image de marque de la région, à la fois lumineuse, accueillante, créative et dynamique. Il s’agit surtout de véhiculer les valeurs propres à la Riviera."

Seule artiste libanaise parmi la cinquantaine d’artistes à participer à l’Art de la fête, Nadine Fayad Comair livre son expérience et ses impressions:

"C’est une très belle expérience dans un lieu prestigieux dont les insignes ont été copiés par Coco Chanel après avoir eu l’aval de la propriétaire du château. On voit le logo sur les vitraux et la porte d’origine. L’actuel propriétaire du château Thomas Derichebourg était tout le temps présent à la fête, accueillant et souriant. L’ambiance était très conviviale. Les artistes-peintres exposaient leurs œuvres dans une salle mise à leur disposition. Les créateurs de bijoux et tout ce qui relève de l’art culinaire, ainsi que la dégustation des vins de Bellet, se sont retrouvés sous la verrière. Et, dans les jardins, on pouvait admirer les collections permanentes des artistes au château. Mais il y avait aussi des ateliers de fleurs, de gâteaux…"   

Un véritable hymne à la fête durant deux journées consécutives où Nadine Fayad Comair a eu l’occasion de croiser des artistes de la région: "Quand on participe à un tel événement, on a la possibilité de faire connaissance avec d’autres artistes, d’échanger, de rester en contact. Ça reste de très belles rencontres."

La Méditerranée avec ses deux rives orientale et occidentale, baignée de soleil, lui inspire ses rêves d’évasion, de voyage et de liberté. Elles s’expriment dans ses toiles lumineuses aux couleurs éclatantes. Cette artiste talentueuse, dont les œuvres figurent dans des collections privées, a exposé dans plusieurs galeries à Beyrouth, Paris, Nice mais aussi au Moyen-Orient et aux États-Unis. Sa participation à "l’Art de la fête" était, pour ainsi dire, une évidence. Quand elle parle de ses toiles, Nadine Fayad Comair explique: "Ce que je peins est un ressenti. Par nature ou tempérament, j’essaie de contourner la morosité ambiante, de voir le beau et de l’exprimer. J’ai été journaliste pendant de nombreuses années et quand il n’y avait plus de mots pour dire ma pensée, je peignais. Aujourd’hui, quand je retourne au Liban (plusieurs fois par an) je m’attache à peindre les beaux paysages, à transcender la tristesse, à transmettre la joie."     

L’artiste jongle avec une multitude de projets: "J’ai été sélectionnée pour participer à la quatorzième édition de la Biennale de Florence le 14 octobre 2023 mais hélas, je ne pourrais pas m’y rendre. Cependant, je participerai en avril 2024 à Nice Art Expo au Palais des expositions. En parallèle, j’expose mes tableaux aux enchères à Drouot et je suis heureuse de dire que je suis la seule Libanaise à figurer dans le dictionnaire des artistes cotés. Mes œuvres sont aussi vendues aux enchères à l’Hôtel des ventes de Lausanne." Elle exprime sa vision de l’art en quelques mots: "Échanger mes toiles avec d’autres artistes est une façon de donner vie à mes œuvres. Pour moi, l’art est un partage."

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