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Dans son œuvre cinématographique Le Molière imaginaire, Olivier Py nous plonge dans les ultimes instants du célèbre dramaturge. Le film explore avec une intensité dramatique les deux dernières heures de sa vie, oscillant entre les planches et les coulisses.

Le Molière imaginaire, voyage cinématographique qualifié de "descente en apnée" par Py, invite à sonder "les abysses de la psyché d’un artiste" confronté à l’approche de sa mort.

Prévu pour une sortie en salle ce mercredi, ce second long-métrage de l’ex-directeur du Festival d’Avignon capture le parcours de Molière (interprété par Laurent Lafitte) au sein du théâtre du Palais-Royal, le 17 février 1673. Saisi de convulsions et expectorant du sang, il demeure déterminé à interpréter Argan dans Le malade imaginaire, son ultime chef-d’œuvre.

L’œuvre dépeint l’épuisement du dramaturge, naviguant entre la scène et les loges, déambulant à travers un labyrinthe parfois macabre, où il rencontre des figures telles que le comédien Michel Baron (Bertrand de Roffignac), sa conjointe Armande Béjart (Stacy Martin), sa troupe, ainsi que des apparitions telles que Madeleine Béjart (Jeanne Balibar).

"Cette histoire a toujours suscité en moi un vif désir de narration. Notamment parce que j’ai moi-même interprété Le Malade imaginaire aux côtés de Jean-Luc Lagarce (dramaturge et metteur en scène, décédé du sida), alors qu’il était en fin de vie. Cela constitue une part essentielle de ma jeunesse", confie Olivier Py à l’AFP.

Selon Olivier Py, ce "Molière crépusculaire" lui permet d’exprimer à la fois son amour pour le théâtre et la mélancolie inhérente à cet art. "Dans le théâtre, nous disparaissons. D’où le rêve de faire du cinéma, pour laisser une trace indélébile", affirme-t-il. Pour lui, le film se veut une réflexion profonde sur la relation entre la mort et l’artiste, un questionnement "métaphysique", un "memento mori" ou une "vanité" dans la veine du dix-septième siècle.

Olivier Py souligne l’énigme entourant la vie de Molière, les biographies se fondant principalement sur quelques thèses rédigées une décennie après sa disparition. Il choisit de représenter un Molière épris du jeune acteur Michel Baron en fin de vie, une "hypothèse à envisager pour tout historien", d’après lui. "Je ne suis pas historien, je suis poète", déclare-t-il, assumant les libertés narratives du film.

Une particularité notable de ce long-métrage réside dans sa réalisation en un unique plan-séquence, sans coupure, ni fondu, ni contrechamp, visant à faire éprouver au spectateur l’inexorabilité de la mort. La préparation du film a exigé un travail minutieux sur une maquette détaillée (à l’échelle 1/50ᵉ) pour orchestrer les mouvements de la caméra et des acteurs, avant un tournage exécuté dans une ambiance intimiste, éclairée exclusivement à la bougie.

Avec AFP.