Ma petite bibliothèque est une rubrique qui mettra à votre disposition des chroniques, pour vous permettre de choisir judicieusement vos livres et échafauder votre propre bibliothèque.

Littérature, amour, aventure, morts; mise en abyme, succession de narrateurs, multitude de temps, variation de registres, divers ingrédients sont agencés dans La plus secrète mémoire des hommes de Mohamed Mbougar Sarr, qui voit le jour en septembre 2021 et obtient le prix Goncourt la même année.

De par une écriture labyrinthique, le lecteur se perd dans un imbroglio qui le pousse à suivre la voie du personnage central dans sa quête. Inspiré de l’histoire de Yambo Ouologuem, Sarr crée un de ses personnages, un mystérieux auteur connu sous le nom de T.C. Elimane. Ce dernier publie en 1938 un livre qui périt sous des accusations de plagiat. En 2018, soixante-dix ans après la disparition de l’accusé de la scène littéraire, Diégane, écrivain sénégalais, parcourt la France et le continent africain pour découvrir l’identité de ce "Rimbaud nègre" sombrant dans l’oubli, et se retrouve tête-à-tête avec le colonialisme et la Shoah. À travers les pages où s’étalent des phrases fleuves, Sarr rend hommage à la littérature africaine, voire à la littérature, qui étend ses bras pour accueillir quiconque veut la découvrir. Il décrit les relations franco-africaines et la réception des œuvres africaines en France, ainsi que les nombreuses conséquences et les lésions laissées par le colonialisme.

Nombreux sont les avis qui tournent autour de ce roman dit "déroutant" par certains et "incompréhensible" par d’autres. Mais un bon livre est-il toujours explicable?