Dans le but de se soustraire aux effets traumatiques, un sujet peut recourir à différentes modalités thérapeutiques en fonction de ses besoins et de sa demande.

Rappelons-nous encore une fois que tant que l’on garde l’éprouvé traumatique enfoui, tant qu’on se dit, comme cela arrive souvent, "il faut oublier, il faut laisser le temps faire son œuvre, il vaut mieux ne pas en parler, etc.", les effets sous-jacents, inconscients, du traumatisme continueront à affecter la conduite d’un sujet.

Une des modalités thérapeutiques serait d’envisager une thérapie de soutien. Ce sont des séances individuelles étalées dans le temps, le thérapeute d’orientation analytique offrant la médiation de son écoute et de sa capacité à tenir face à l’horreur vécue, tandis que le sujet tente de se délivrer de sa rencontre avec l’indicible.

Une autre possibilité est de participer à un groupe de parole dont le but est de permettre à chaque participant d’extérioriser ses émotions, ses ressentis, avec l’aide d’un animateur psychanalyste ou psychothérapeute d’orientation analytique, dont le rôle est de faciliter la libre expression de chacun. Les participants se sentiront soutenus par le groupe, compris par ceux qui partagent un vécu proche, toujours dans le respect de la parole individuelle. La solidarité du groupe, son empathie avec chaque participant s’associent aux autres caractéristiques pour produire un soulagement, un effet libérateur. Là encore, on retrouve la nécessité de penser le traumatisme, de le mettre en mots, dans une tentative de symbolisation jamais facile.

Dans le cas où ces médiations s’avèrent insuffisantes pour soulager un sujet et que ses souffrances demeurent prévalentes et l’empêchent de reprendre progressivement son existence habituelle, le recours à une psychothérapie analytique individuelle ou à une psychanalyse devient nécessaire. Parce qu’il est probable que l’événement traumatisant a réveillé d’autres traumatismes demeurés inconscients que la thérapie aidera à mettre à jour.

Certains sujets peuvent avoir tendance à recourir à la prise de médicaments. Ceux-ci pourront atténuer leurs angoisses et leurs souffrances. Le problème, c’est que cet effet dure le temps de la prise médicamenteuse parce que, comme dans toute névrose, tant que les causes des affects traumatiques ne sont pas traitées, elles demeureront actives dans le psychisme.

Ces différentes modalités thérapeutiques doivent être complétées par une triple obligation:

  1. La reconnaissance explicite de l’événement lui-même et de sa nature (Accident? Acte terroriste? Complicité et négligence?)
  2. La dénonciation de la responsabilité de tous ceux qui sont impliqués, de près ou de loin, dans la catastrophe et leur comparution en justice.
  3. La reconnaissance officielle des victimes humaines et des destructions matérielles permettant l’octroi de dédommagements qui ont autant une valeur matérielle que symbolique.

Des événements brutaux, sans préparation préalable, telle l’explosion du port de Beyrouth, les attentats qui secouent régulièrement le pays, les bombardements ou d’autres explosions dues à diverses causes, les profondes crises fomentées par la kleptocratie au pouvoir, qui font vivre les Libanais dans l’angoisse quotidienne du lendemain, ne peuvent qu’ébranler en permanence les assises psychiques de milliers de Libanais, enfants, adolescents et adultes.

Ne pouvant attendre aucune préoccupation, encore moins une empathie – faisant partie de ses obligations élémentaires – pour la santé psychosomatique des Libanais de la part de l’État, c’est à des initiatives privées, non-gouvernementales ou internationales de s’atteler à la rude tâche d’organiser les aides de tout ordre, à mettre en place dans le but de soulager l’existence individuelle, familiale, socio-économique, psychosomatique d’une population exsangue. Sans aucunement ignorer la saisie impérative d’une cour internationale de justice pour faire la lumière sur les responsables de l’environnement traumatogène dans lequel sont plongés en permanence les Libanais. À la condition, dans les deux cas, de déjouer une quelconque convergence d’intérêts avec la mafia au pouvoir.