La dernière pièce de Marwa Khalil et Wafa’a Halawi fait un tabac au théâtre Monnot. Mise en scène par Riad Chirazi et interprétée par Marwa Khalil, Wafa’a Halawi et Serena Chami, Mafroukeh est à voir absolument. Du jeudi au dimanche jusqu’au 3 avril.

Mafroukeh est une pièce de théâtre en arabe sur le combat que mène la femme libanaise à la suite d’un divorce.
Trois femmes aussi douées que sympathiques, qui jouent toutes des variations du même personnage, nous parlent de leur combat au quotidien lorsqu’elles essaient de se reconstruire après un divorce.

La pièce explore le parcours de cette femme en quête de liberté dans sa lutte contre une société patriarcale. Une société minée par des traditions archaïques et un sexisme effarant où la femme peine à se reconstruire en tant qu’individu à part entière à la suite d’un divorce dans un pays qui lui nie ses droits les plus fondamentaux. Parsemée de passages touchant et dramatique, la pièce traite, avec humour et légèreté, de sujets lourds qui font écho aujourd’hui encore.

Hélas, les préjugés sont toujours d’actualité et les femmes libanaises se battent sans cesse pour une réelle égalité. De nombreuses ONG sont mobilisées pour essayer de garantir un minimum de droits à la femme divorcée, notamment en matière de garde des enfants, mais les lois religieuses demeurent imperméables au changement. Dans une société régie par les différentes jurisprudences confessionnelles, le combat est rude pour tenter de faire prévaloir une loi civique qui garantirait les droits des femmes en général, et celles des femmes divorcées en particulier.

Ce ne sont pas toujours les larmes qui mesurent la douleur qu’on ressent. Parfois ce sont les sourires qu’on simule.

La pièce est scandée de railleries sur les lois libanaises, archaïques et dangereuses, qui ne sont favorables qu’aux hommes. La femme mariée est considérée, notamment dans certains milieux, comme étant la "propriété de l’homme"; d’ailleurs quand elle se marie, on la barre d’un stylo rouge du registre familial d’origine où elle est rattachée à son père, pour être rattachée à celui de son mari. Et quelle que soit sa confession, si un jour elle veut divorcer, il lui sera très difficile d’obtenir ses droits d’un point de vue légal, et de se reconstruire d’un point de vue social. La société est en effet cruelle envers les femmes: le divorce provoque une perte de statut dans l’imaginaire collectif. La femme divorcée doit s’effacer, cesser d’exister, ayant échoué à "préserver sa famille".

L’égalité des sexes n’est pas un bien de luxe. Il n’y a pas de bon moment pour le militantisme des droits de la femme, c’est une bataille continue. Si on veut vraiment changer les mentalités, l’éducation et la culture sont indispensables pour faire évoluer les choses surtout en temps de crise.
Michèle Fenianos- Productrice

Aujourd’hui, les femmes libanaises tentent de s’affranchir socialement et politiquement.

Au coeur de cette pièce de théâtre, des femmes tentent de s’émanciper et luttent pour une liberté de leur corps, de leur parole et de leur esprit dans un pays qui ne fait que les réprimer.

La mise en scène est ingénieuse avec des changements de décors subtils réalisés par les actrices elles-mêmes. Les costumes, la musique et le jeu de lumière sont plutôt réussis et nous prenons plaisir à voir les trois actrices se déhancher au son d’une musique de fête. La pièce est peut-être un peu trop longue, et le message de la fin ambigu: une femme ne peut-elle être épanouie sans un homme dans sa vie? Il appartient aux spectateurs de juger.

Les actrices et les autrices

Marwa Khalil est une actrice libanaise. Elle a commencé à jouer à l’âge de 18 ans et a, depuis, participé à des productions locales et internationales syriennes, marocaines, françaises et américaines. Enchaînant pièces de théâtre, longs métrages, courts métrages et télévision, c’est une artiste accomplie qui touche à différents médiums. Elle est également productrice et scénariste.

Wafa’a Halawi est une actrice, danseuse et réalisatrice franco-libanaise. Diplômée de l’Université libanaise américaine (LAU), de la New York Academy et de University College London, elle est également directrice du Lebanese Film Festival depuis 2015. Elle a aussi joué dans de nombreux films libanais et internationaux dont un brésilien.

Serena Chami est une actrice libanaise diplômée de l’Université libanaise. Elle travaille dans le monde du cinéma et de la publicité depuis 2009, elle a à son actif plus de 10 pièces de théâtre. Elle travaille également avec la fondation " Ibtissama " en endossant le rôle d’un clown auprès d’enfants hospitalisés. Elle aime passer ses journées avec son fils à dessiner des chiens et faire des vers de terre avec de la pâte à modeler.

Le metteur en scène

Riad Chirazi est tombé amoureux du théâtre à l’université alors qu’il poursuit des études en biologie. A la suite de ce coup de foudre, il se lance dans l’écriture de scenarios et sort une trilogie, Il était une fois à Thèbes, qui finit par remporter le premier prix au festival de théâtre de Casablanca en 1997. En 1999, il a commencé à enseigner l’art dramatique au Collège international et jusqu’en 2005, il a jonglé avec les mondes éducatif et théâtral, après quoi il s’est consacré à l’enseignement à temps plein.

En 2019, Riad a reçu un appel téléphonique qui l’a ramené dans le monde du théâtre professionnel. Accepterait-il, ont demandé Marwa et Wafaa, de réaliser Mafroukeh?

Riad n’a pas hésité. Oui! Bien qu’il n’ait pas été facile de jongler entre l’enseignement et la réalisation, Riad n’a aucun regret. "Je suis revenu à la maison", a-t-il déclaré. "Ceci est mon monde."

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