Il y a quelques semaines encore, les murs étaient tapissés d’affiches pour des concerts ou autres expositions d’art, et l’on pouvait écouter des musiciens ambulants dans les rues pavées du centre-ville. À Lviv, capitale culturelle de l’Ukraine, l’art s’est mis à l’heure de la guerre.

Affiches à la gloire de héros du conflit avec la Russie, caricatures de Vladimir Poutine ou encore souvenirs célébrant des figures ukrainiennes : à Lviv qui attirait de nombreux visiteurs avant la guerre, l’art ukrainien s’est mis, depuis, à l’heure de la guerre.

Dans l’imprimerie " Reklama Zovnichnia ", une affiche sur papier glacé qui sèche montre un tracteur ukrainien transportant un char russe à l’arrêt. À côté, une caricature du squelette d’un envahisseur russe tué, sur lequel pousse un tournesol, l’un des emblèmes nationaux de l’Ukraine, apparaît sur un écran d’ordinateur.

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine il y a plus de trois semaines, l’imprimerie produit des posters, des banderoles ou encore des autocollants aux accents résolument patriotiques.

Inondé d’une odeur d’encre particulièrement forte, le studio est l’un des nombreux points de vente de la ville de messages de guerre exhortant l’Ukraine à la victoire.

Pour Volodymyr Kotovitch, son directeur de 26 ans, " ce n’est pas de la propagande ". " Ce sont des slogans patriotiques qui motivent notre peuple et nos soldats ", assure-t-il, en grimpant sur des rames de papier industriel empilées sur le sol de l’atelier.

Depuis le 24 février dernier, son entreprise consacre 80% de son temps à imprimer de telles affiches, son activité habituelle ayant été réduite à une peau de chagrin.

Lviv, l’âme de la nation ukrainienne

Les habitants de Lviv admettent volontiers que Kiev est le centre névralgique du pays. Mais ils soutiennent que leur ville, peuplée de plus de 700.000 personnes avant la guerre, abrite l’âme culturelle de la nation ukrainienne.

L’invasion russe a malheureusement radicalement changé la donne et Lviv se pare désormais d’appels à prendre les armes.

Sur un panneau publicitaire, on voit le président russe Vladimir Poutine, face contre terre écrasée par une botte arborant le trident ukrainien. Sur un autre, un ours russe est dévoré par un blaireau portant le brassard jaune des forces armées ukrainiennes.

" Qui ose nous attaquer avec une épée sera tué par cette épée ", peut-on lire sur l’affiche, qui sollicite au passage des dons pour contribuer à l’effort de guerre.

Sur la façade de l’opéra, trois banderoles flottent dans les airs, chacune représentant des héros du conflit.

La première fait l’éloge du " Fantôme de Kiev ", un personnage mythique apparu au début du conflit qui aurait selon la légende abattu plusieurs avions russes le premier jour de l’invasion. Une autre rend hommage à des gardes-frontières tués à leur poste. La troisième, enfin, représente un ingénieur qui s’est sacrifié pour contrecarrer l’avancée de blindés russes.

Les exploits -et même l’existence – de certains de ces hommes sont contestés. Mais ils racontent tous l’histoire d’une Ukraine en route vers la victoire.

Volodymyr Kotovitch, le directeur de l’imprimerie, sait pertinemment que l’émotion a en partie pris le pas, déformant les faits.

Souvenirs de guerre

Depuis plusieurs jours, partout dans les rues de Lviv fleurissent des messages de soutien aux forces ukrainiennes.

Ici, sur une affiche collée sur une arche du centre-ville, l’aigle impérial russe est barré d’une croix bleue et jaune, les couleurs de l’Ukraine. Là, un pont est orné de l’image d’un cocktail Molotov, un symbole de la résistance des Ukrainiens.

Des prospectus en noir et blanc montrant un soldat déterminé au-dessus duquel planent des jets sont grossièrement collés sur des gouttières d’immeuble.

Preuve de la popularité de ce nouvel art visuel, les boutiques de souvenirs vendent déjà toutes sortes de babioles à la gloire de l’Ukraine.

Dans la boutique " Kram ", des tote bags affichent l’image du président Volodymyr Zelensky, le poing levé en l’air. Des barres de chocolat arborent le portrait de Taras Chevtchenko, grande figure littéraire ukrainienne du XIXe siècle.

" Propagande ou pas, les Russes sont venus sur nos terres et nous devons nous défendre ", estime une vendeuse, Mikhaïlyna Yarmola, 21 ans.

Elle montre du doigt l’article le plus populaire du magasin, des bonbons sur lesquels sont inscrits des messages de défiance à l’égard des navires de guerre russes.

" Les gens les achètent pour les offrir ou les emporter comme souvenirs s’ils se réfugient à l’étranger ", dit-elle.

Avec AFP

 

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