Après trois ans d’absence dans les salles de cinéma et malgré les circonstances que traverse actuellement le pays, Beirut DC revient avec sa 11e édition des Journées cinématographiques de Beyrouth qui se déroulera du 10 au 19 juin 2022.

Une programmation variée, composée de films récents et d’autres en lien avec le passé, mais aussi des coups de cœur, en passant par des discussions et un concert, sans oublier une exposition qui nous ramène dans le Beyrouth de l’avant-guerre.

Les projections en accès libre ont lieu à Beyrouth au Cinema City – Souks Beyrouth et à Dar el-Nimer, avec des reprises à Ettijahat – Independent Culture et en dehors de la ville, notamment à Ishbilia (Saïda), Kobayyat, Chebaa, Hermel, Arabsalim, Jiyé et au centre Action for Hope (Barllias).

Beirut DC, soutien du cinéma libanais

L’association Beirut DC présente un éventail de films qu’elle est fière d’avoir accompagnés tout au long de leur parcours et qui sont aujourd’hui récompensés dans les plus grands festivals, tout en poursuivant leur tournée dans le monde entier.

Le festival s’ouvre en présence de la réalisatrice jordanienne Darin J. Sallam, avec son film Farha, qui a fait sa première mondiale à la 46e édition du Festival international de Toronto. Prix du jury au Festival arabe de Malmo en Suède, Farha raconte l’histoire d’une jeune fille dont les rêves d’une éducation citadine se changent en un devoir de survie dans la Palestine de 1948.

Également au programme, Captains of Zaatari, premier documentaire du réalisateur égyptien Ali el-Arabi, présenté au festival de Sundance 2021. Le film raconte comment deux amis réfugiés qui rêvent de devenir footballeurs voient ce rêve devenir réalité. Ali el-Arabi sera présent pour présenter son film.

Ely Dagher sera également là pour introduire The Sea Ahead (Face à la mer), programmé en clôture du festival. Après avoir remporté la Palme d’Or du court-métrage au Festival de Cannes 2015, le jeune réalisateur revient avec un premier long-métrage projeté à la Quinzaine des réalisateurs. Le film reflète la situation du pays aujourd’hui à travers l’histoire de la jeune Jana qui, après une longue absence de son pays natal, vient renouer avec la vie familière et étrange qu’elle avait abandonnée.

Les Coups de cœur

En résonance avec l’ici et le maintenant, des "Coups de cœur" sont prévus, comme le documentaire franco-libanais Conversations with Siro de Dima el-Horr – en compétition internationale au Dok Leiptzig 2021 –, une lettre contre l’oubli, l’effacement, la mort et les moments de joie arrachés dans un Liban en cours de disparition.

Toujours dans la section documentaire, le film Homemade Stories du réalisateur syrien Nidal al-Dibs, exilé de son pays pendant la guerre, fait découvrir un ancien cinéma verrouillé au cœur du Caire, pour raconter l’espoir ou le désespoir de rentrer un jour chez lui.

Feathers, le premier long-métrage du réalisateur égyptien Omar el-Zohairy, Grand Prix à la Semaine de la critique au Festival de Cannes 2021, reflète une situation absurde. Lors d’un tour de magie qui tourne mal à l’anniversaire d’un enfant, un père autoritaire se transforme en poulet.

À travers son premier long métrage The Stranger, le réalisateur syrien Ameer Fakher Eldin suit un ancien médecin en difficulté qui doit affronter le fait de vivre sur le Plateau du Golan. Le film a fait sa première mondiale aux Giornate degli Autori en 2021, section parallèle de la Mostra de Venise.

Après The Mountain et The Valley, le dernier film de la trilogie du réalisateur Ghassan Salhab, The River, fait son avant-première libanaise durant le festival. Alors que la guerre semble frapper encore une fois, un homme et une femme se noient dans la nature, qui devient de plus en plus spectrale, tout comme le fil ténu qui les retient. The River a fait sa première mondiale au Festival de Locarno 2021.

Visions du passé, du présent et du futur

"In this Place" est une section du festival qui tente de reconstruire le passé à travers le cinéma et la photographie, pour mieux comprendre le présent et oser imaginer le futur, en projetant des films anciens et nouveaux.

Cela commence par deux films du réalisateur libanais Maroun Baghdadi. Le court-métrage Nostalgie d’un temps de guerre (1980) suit la poétesse Nada Tueni dans un voyage à travers différentes régions du Liban déchiré par la guerre, et le long-métrage Little Wars (1982) raconte les histoires entremêlées de trois personnages à la veille de la guerre civile libanaise. Le film s’accompagne d’une exposition de photographies de l’acteur/photographe Nabil Ismail à Dar el-Nimer dans le quartier de Hamra.

Le docu-fiction libanais Octopus de Karim Kassem suit un réalisateur qui commence à travailler sur son nouveau film et qui se retrouve confronté à une explosion colossale qui va changer sa vie.

Beirut, la rencontre (1982) de Borhane Alaouié raconte l’histoire de deux étudiants qui ont rompu durant la guerre et dont les sentiments d’amour et d’affection ne sont exprimés qu’à travers des mots.

The Insomnia of a Serial Dreamer de Mohamad Soueid est un voyage dans le temps et l’espace. Tourné pendant 18 ans, il s’inscrit dans la lignée des films les plus personnels du réalisateur.

Dans le journal de bord documentaire Little Palestine d’Abdallah al-Khatib, les réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk à Damas défient les bombardements, les déplacements et la faim par les rassemblements, la musique et la joie.

"In this Place" offre aussi l’occasion de revoir le moyen-métrage Re-destruction de Simon el-Habre, où Beyrouth est représentée comme une ville soumise à des politiques de reconstruction écrasantes depuis la fin de la guerre civile.

Une large programmation de courts-métrages

Deux courts-métrages documentaire de Mehdi Fleifel sont prévus: 3 Logical Exits et A Man Returned, ainsi qu’une vidéo d’art de Rabih Mroué, Cheers to our Wishes.

Une projection du film libanais Lettre de Beyrouth (1978) de Jocelyne Saab sera suivie d’un débat avec Fawwaz Traboulsi et Mohamed Soueid qui commenteront le travail de documentation durant les années de guerre, surtout à Beyrouth, principal témoin des combats.

Une série de courts-métrages est également programmée: 1941 (Yémen) d’Asim Abdul-Aziz, Bystander (Liban) de Rachel Aoun, Cai-Ber (Égypte) d’Ahmad Abdel Salam, I Love You, I Hate You (Égypte) d’Aya Elmorsy, Lot’s Wife (Liban) de Sabine el-Chamaa, Microbus (Égypte) de Maggie Kamal, Night (Palestine) d’Ahmad Saleh, Potato (Égypte) de Mohamed Elbadry.

Parallèlement, une compétition de courts-métrages aura lieu, avec pour thème principal la relation des individus à l’espace qu’ils occupent: Red Wall (Liban) de Cynthia Sawma, Strings of Hope (Liban) de Ghenwa Mroueh, When Beirut was Beirut (Liban) d’Alexandra el-Chanti, The Red Mountain (Liban) de Kamel Hareb, So We Live (Syrie) de Rand Abou Fakher, Alnajma (Liban) de Gilbert Karam, Our Father’s House (Liban) de Mourane Matar, Nafas (Liban) de Roy Dib, Soupir (Liban) de Yara el-Dahr, Elias (Syrie) de Mounaf el-Shamsy, Our Room (Liban) de Safa Makdah et Drought (Liban) de Rémi Itani,

Des événements parallèles

Dans le cadre de la plateforme en ligne Aflamunad’autres films libanais sont en outre visibles en ligne du 2 au 29 juin: In this Land Lay Graves of Mine de Reine Mitri, Entre nous deux… Beyrouth de Dima Al-Jondi,  In this House d’Akram Zaatari, Cheers to our Wishes de Rabih Mroueh, My Father Is still a Communist d’Ahmad Ghossein, Lemon Flowers de Pamela Ghanimeh, Sector Zero de Nadim Meshlawi, Tshweesh de Feyrouz Serhal, et Petites Guerres et Hanine de Maroun Baghdadi.

L’exposition In this Place – Reels of Beirut, dont l’inauguration aura lieu le 11 juin à Mina Image Centre, accompagne également le festival. À travers les images, cette installation transporte les visiteurs au centre de Beyrouth qui s’étend du port aux hôtels, en passant par le centre commercial durant les années 1935-1975.

Le festival se clôture en musique avec un concert de Rima Khcheich, le 19 juin au théâtre Al-Madina à Hamra. La chanteuse interprétera une sélection de classiques égyptiens d’actrices des films musicaux des années 1935 à 1972 telles Leila Murad, Hoda Sultan, Sabah, Shadia, ou Souad Hosni.

Entrée libre

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