Le marché noir des taxis-services! Voilà ce qui manquait encore aux Libanais qui se débattent avec une crise économique qui n’en finit plus, des prix qui n’arrêtent pas de grimper et des marchés noirs qui pullulent. Tarifé à 50.000 LL à l’intérieur de Beyrouth par le ministère des Travaux publics, le trajet en taxi partagé, également appelé "taxi-service", est compté jusqu’au double du prix par les conducteurs. 

La combinaison de la suppression des subventions sur les carburants, de la hausse mondiale du baril de pétrole et de la dollarisation des pièces de rechange s’est traduite par une augmentation constante du prix des courses en taxi-service sur l’ensemble du territoire libanais.

Jeudi, le président de la Fédération des syndicats du transport au Liban, Marwan Fayad, a annoncé, de but en blanc, l’augmentation du tarif du service qui passe de 50.000 LL à 80.000 LL par passager, à l’intérieur de Beyrouth. "Nous agissons dans l’intérêt des chauffeurs, a-t-il assuré, pour pallier la hausse des prix du carburant et des pièces de rechange".

Le syndicaliste a par ailleurs signalé que "le gouvernement n’a pas respecté l’accord conclu".

En effet, le gouvernement avait conclu, le 26 octobre 2021, un accord avec les syndicats, stipulant plusieurs aides dont des bons de 100.000 LL pour des bidons d’essence, une allocation mensuelle de 500.000 LL pour les pièces de rechange et une carte d’aide sociale aux conducteurs de taxis-services. Mais aucun point de l’accord n’a été mis en oeuvre à ce jour. D’ailleurs, il est désormais obsolète avec un bidon d’essence à plus de 800.000 LL et un taux de change du dollar à quelque 40.000LL.

Une tarification émise par le ministère des Transports

Interrogé par Ici Beyrouth, Bassam Tlaiss, président du syndicat des transporteurs routiers au Liban, a affirmé que "le tarif du trajet doit être fixé selon une décision du ministre des Travaux publics et des Transports, basée sur une étude du ministère prenant en compte les distances, en consultation avec les syndicats". "Ni moi, ni personne ne peut décider de la tarification, insiste-t-il" contredisant ainsi le lancement de la nouvelle tarification par M.Fayad.

Il a regretté qu’ "il n’y ait aucune surveillance! Les chauffeurs des taxis-services appliquent le tarif qui leur chante". M. Tlaiss s’est interrogé sur le point de savoir comment il leur sera possible de demander l’aide du gouvernement ou des Forces de sécurité intérieure quand les chauffeurs de voitures publiques appliquent les tarifications qu’ils veulent et violent les lois. "C’est un marché noir", s’est-il insurgé!

M. Tlaiss a estimé que le trajet à l’intérieur de la capitale doit coûter au plus 50.000 livres libanaises. En dehors, il sera fixé en fonction de la distance, sur base d’un barème émis par le ministère des Transports en coordination avec les syndicats.

De son côté, le ministère des Transports assure que cette nouvelle tarification n’est pas officielle et déplore "le fait que chaque conducteur de taxi-service augmente le tarif à sa guise: 70.000 LL,80.000 LL, 100.000 LL."

Il faut dire que les chauffeurs de services ont de plus en plus de mal à couvrir leurs dépenses de base en raison de la forte augmentation du prix de l’essence, de la dollarisation des pièces de rechange et de l’entretien des véhicules, sans compter l’impact de la dépréciation de la livre sur tous les aspects de la vie au quotidien.

L’incapacité de parvenir à une tarification juste des transports menace à la longue de paralyser le réseau, déjà faible, des transports publics dans le pays.