Les cours du blé ont accéléré leur hausse jeudi à Chicago principalement à cause des tensions entre l’Ukraine et la Russie, deux gros producteurs et exportateurs de la céréale, ce qui a soutenu aussi le maïs et le soja.

" Tout tourne autour de l’Ukraine et évolue au gré des tensions géopolitiques, car ce sont deux pays qui exportent beaucoup de blé ", a résumé Dewey Strickler d’Ag Watch Market Advisors.L’Ukraine est le septième producteur de blé au monde et le cinquième exportateur, tandis que la Russie occupe la première place au classement des volumes exportés.

À l’ONU, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a exhorté jeudi la Russie à " abandonner la voie de la guerre ", en décrivant avec énormément de détails un scénario catastrophe d’une attaque imminente contre l’Ukraine. La Russie pour sa part a " expulsé " le numéro deux de l’ambassade des États-Unis à Moscou.

Cette vigueur du blé " a aussi apporté un peu de soutien aux cours du maïs et du soja ", a souligné M. Strickler. Pour ces produits, selon l’analyste, l’impact du temps trop sec en Amérique du Sud " est moins important car la récolte a commencé, notamment dans le sud du Brésil où, pour le soja, elle est réalisée à 59% ".

Le boisseau de blé (environ 27 kg) pour livraison en mars 2022 a bondi de 2,24% à 7,9800 dollars contre 7,8050 dollars la veille.

Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison le même mois a avancé de 0,46% à 6,5000 dollars contre 6,4700 dollars à la précédente clôture.

Le boisseau de soja (environ 27 kg) pour livraison en mars a grappillé 0,28% à 15,9200 dollars contre 15,8750 dollars mercredi.

Par ailleurs, les marchés occidentaux ont reculé jeudi, fuyant le risque face à l’aggravation de la crise ukrainienne, et Wall Street a même franchement dérapé.

Les places européennes se sont repliées: Paris a perdu 0,26%, Francfort 0,61% Londres 0,87% et Milan 1,11%.A New York, le Dow Jones a lâché 1,78%, l’indice Nasdaq, à forte composition technologique, 2,88%, et l’indice élargi S&P 500, 2,12%.

La montée des tensions au sujet de l’Ukraine " incite les investisseurs à rechercher des positions moins risquées ", estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.

Cela a profité aux actifs considérés comme les plus sûrs: l’once d’or est ainsi monté à son plus haut depuis juin 2021, avec un pic à 1.901,16 dollars l’once.

Les rendements obligataires étaient, eux, en baisse, illustrant l’attrait des investisseurs pour ce marché (les taux évoluent en sens inverse des prix).

Le taux des emprunts d’Etat américains à 10 ans, qui évolue en sens opposé des prix des obligations, c’est ainsi brutalement contracté, passant de 2,04% mercredi à 1,96%.

A Wall Street, " en ce moment, on navigue ", a commenté Adam Sarhan, fondateur et directeur général de 50 Park Investments. " On est dans un champ de mines avec les résultats d’entreprises ", à la merci d’une mauvaise surprise, estime le gérant. " Et les marchés n’aiment pas l’incertitude ", a-t-il poursuivi, d’autant que s’y ajoutent le manque de visibilité sur la crise ukrainienne et la trajectoire de la Banque centrale américaine (Fed).

Les partisans d’un marché en hausse, les " bulls " (taureaux), " cherchent désespérément un catalyseur qui pourrait faire monter les actions, mais ils n’en trouvent pas ", a expliqué Adam Sarhan.

Les prix du pétrole ont conclu en repli après des séances en dents de scie cette semaine, influencés par des informations contradictoires sur la crise en Ukraine et les discussions sur un accord autour du nucléaire iranien.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a perdu 1,94% à 92,97 dollars.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars a reculé de 2,02% à 90,81 dollars.

L’euro lâchait un peu de terrain (-0,01%) par rapport au billet vert, à 1,1362 dollar.

Le bitcoin perdait 7,60% à 40.720 dollars.