La polémique enfle concernant une nouvelle tarification des télécommunications au Liban, demandée par le ministre Johnny Corm, afin que le secteur puisse survivre et que le service minimum soit assuré. La nouvelle tarification sera discutée en Conseil des ministres la semaine prochaine.

Le ministre des Télécommunications, Johnny Corm, estime qu’il est désormais évident que le secteur des télécommunications ne peut pas se maintenir sans ajustement des tarifs. Il a révélé que le plan à l’étude propose aujourd’hui pour les lignes Ogero et Internet l’adoption d’un taux moyen de 2,65. Le directeur général  d’Ogero, Imad Kreidieh, n’a pas répondu à nos multiples appels pour avoir de plus amples informations.

En ce qui concerne la téléphonie mobile et les entreprises " Alfa " et " Touch ", M. Corm a expliqué dans une interview radiodiffusée que " le plan actuel est basé sur le calcul des deux tiers de la facture en fonction du taux de change de la plateforme Sayrafa. Pour ce qui est des cartes de recharge à quatre ou à sept dollars en fonction du taux de change de la plateforme Sayrafa, une étude est en cours. "

Interrogés à ce propos, les deux opérateurs n’ont pas voulu se prononcer, jetant la balle dans le camp du ministre. Néanmoins, les compagnies de télécoms sont de plus en plus à court de liquidités à cause de la dépréciation de la livre libanaise et de l’encaissement des factures au taux officiel de 1500 LL, jusqu’à ne plus pouvoir payer en dollars frais le carburant nécessaire à leurs centraux et leurs coûts d’exploitation, provoquant des pannes et des dysfonctionnements de plus en plus récurrents sur le réseau.

Pour ce qui est d’internet, le plan préconise que l’augmentation se fera à un taux de 3900 livres, mais qu’il y aura des forfaits pour les personnes aux revenus limités.

Concernant la grogne des utilisateurs et leurs difficultés à payer, le ministère la comprend mais il se défend de vouloir augmenter les prix pour maintenir le secteur en marche. Pour lui, tout ajustement du tarif vise à couvrir les dépenses d’exploitation et non à réaliser des bénéfices, afin d’assurer la continuité du secteur des télécommunications et de fournir les meilleurs services à des prix qui tiennent compte de la crise actuelle que traverse le pays. Le ministère précise que le tarif ne sera pas augmenté de manière aléatoire, et que les personnes à faible revenu seront prises en compte. Il a en outre réduit toutes les dépenses inutiles afin d’assurer les services Internet et de communication.

Le ministre Corm a souligné que ce plan sera inscrit à l’ordre du jour de la séance du Conseil des ministres de la semaine prochaine, après avoir été remplacé, cette semaine par le point relatif aux déchets.

Tollé du côté des travailleurs

Le président de la Fédération générale des syndicats des travailleurs au Liban, Maroun al-Khaouli a pour sa part, déclaré lors d’une réunion lundi que " le secteur des télécommunications au Liban représente la pire performance et le plus mauvais service ". Selon lui, les avertissements du ministre Corm concernant l’éventuelle interruption des communications ont provoqué une catastrophe économique en entrainant le déménagement de dizaines de grandes entreprises vers les pays voisins, par crainte de pannes d’internet essentiel à toute économie moderne.

Il a déploré les justifications du ministre des Télécommunications selon lesquelles les tarifs actuels ne peuvent pas couvrir les prix du fuel et de l’entretien des réseaux pour maintenir le service minimum, et sa demande d’augmenter les tarifs sous prétexte de continuité dans le secteur. Il a estimé que " les justifications du ministre Corm sont irréalistes, injustifiées et non étudiées, et il n’y a pas d’excuse pour eux autre que de continuer à voler les Libanais en exploitant ce service élémentaire à leur vie et à leur économie ".

Pour le syndicaliste, les prix qui sont pratiqués aujourd’hui sont équivalents au prix réel de ce service après trois décennies de pillage organisé, si bien que le Liban était considéré comme l’un des pays les plus chers au monde en termes de coût des communications et d’Internet.

Al Khaouli a assuré qu’il est hors de question que le citoyen assume la responsabilité de la mauvaise gestion du secteur des télécommunications. Il a averti que " le projet de budget ne passera pas, notamment en matière d’augmentation des tarifs ".