Après avoir fait couler beaucoup d’encre, causé des remous au sein du Conseil des ministres, le plan de l’électricité a été approuvé mercredi par le cabinet faisant suite à un accord de principe donné le 25 février.  Le ministre de l’Énergie a assuré qu’il allait mettre en place l’autorité de régulation réclamée pour le secteur et pomme de la discorde. La date pour la mise en place de cette autorité a avancée. Le plan initial la prévoyait pour 2023, elle a été avancée à 2022, donc cette année, dans le plan approuvé par le cabinet.

La réforme du secteur de l’électricité est exigée par le Fonds monétaire international et par les pays donateurs pour débloquer l’aide dont a besoin le Liban afin de sortir de l’abîme dans lequel ce secteur l’a en partie plongé. Et c’est la condition sine qua non de Washington pour pouvoir importer du courant et du gaz égyptiens et jordaniens et contourner le " Ceasar Act ".

Selon les explications du ministre de l’Education à Ici Beyrouth, Abbas Halabi, si le gouvernement s’est empressé d’approuver le document présenté par Walid Fayad, le ministre de l’Energie, c’est parce qu’il a été dit en Conseil des ministres qu’une fois le plan de réforme approuvé, le financement de la Banque mondiale sera débloqué.

Pour le ministre de l’Energie, la balle est désormais dans le camp de la Banque mondiale. " Nous devons commencer les négociations officielles pour le financement ", a-t-il annoncé au terme d’un entretien vendredi matin avec le président libanais, Michel Aoun. " Par ailleurs, nous attendons les feux verts américain et onusien pour acheminer le gaz d’Egypte ", a-t-il ajouté.

Le plan de Walid Fayad a été certes approuvé rapidement mais avec quelques amendements. Le gouvernement a refusé de donner son feu vert à la construction d’une troisième centrale, dont le Liban n’a pas besoin.

Le document initial prévoyait la construction de trois centrales une à Deir Ammar au nord du Pays, l’autre à Zahrani au sud avec une capacité de plus de 800 MW chacune (ces deux installations existent) et une troisième à Selaata, dans le caza de Batroune. " Les sites des centrales n’ont pas été définis, ils le seront selon le besoin, la nécessité et des études écologiques et environnementales ", dixit la décision du Conseil. Le cabinet précise qu’une de ces centrales se situera sur le littoral nord.

A noter que la centrale de Selaata est demandée par le Courant patriotique libre de Gebran Bassil qui est originaire du caza de Batroun. Lequel camp donne sa propre interprétaion de la décision du gouvernement.

A la question de savoir si la proposition de construction d’une centrale à Selaata a été bel et bien rejetée, Walid Fayad a précisé à Icibeyrouth : " le Cabinet n’a pas désapprouvé Selaata. Il faut juste confirmer le site au moment de la construction sur la base d’une révision de l’étude ". Pour lui, il est impératif d’arrêter la centrale de Zouk qui est vétuste et de recevoir les financements nécessaires pour faire fonctionner Deir Ammar et Zahrani.

Le ministre de l’Education Abbas Halabi, n’a pas la même lecture des faits. " La centrale de Selaata a bel et bien été désapprouvée et un accord a été donné seulement pour Deir Ammar et Zahrani.

Le Premier ministre a d’ailleurs demandé au ministre de l’Énergie de préparer, dans les deux mois à venir, les cahiers de charges pour les appels d’offres concernant la construction de centrales.

Un plan en trois points

En guise de rappel, le plan de réforme comporte trois étapes sur cinq ans. D’abord EDL fournira 8 à 10 heures d’électricité par jour en mars 2022 (nous sommes le 18 mars et toujours rien), ensuite l’approvisionnement augmentera à 16 et 18 heures d’ici à fin 2023 et enfin du courant 24 heures sur 24 en 2025-2026.

La tarification est étudiée avec des plages de consommation progressives qui dépendent de la consommation au kilowatt par heure. Plus on consomme plus on paie. Cela permettra aux familles à bas revenus de ne pas subir de grosses factures. Le ministre Fayad avait confié à Icibeyrouth que l’équilibre financier sera atteint d’ici 2023, si les tarifs sont augmentés et les factures payées par tous les Libanais, dont l’armée, le gouvernement, les FSI, les réfugiés. Selon ses calculs, l’augmentation de la cotisation est supposée commencer à couvrir les frais engagés après 2022. En d’autres termes, la tarification moyenne de 20 cents par kilowatt va couvrir les frais à partir de 2023.