Lors de sa dernière réunion tenue au Grand Sérail, le Conseil des ministres a donné son aval de principe à un plan pour le secteur de l’électricité prévoyant, entre autres, l’octroi d’une aide de 250 millions de dollars à EDL pour assurer certains frais de fonctionnement et d’entretien. Dans ce cadre, EDL a demandé au gouvernement un premier versement de 78 millions de dollars répartis comme suit :

  • 24 millions de dollars pour les sociétés qui assurent certains services de distribution.
  • 39 millions de dollars pour les contrats de fonctionnement des centrales de Deir Ammar et Zahrani ainsi que celles de Zouk et Jiyeh, ce montant étant réparti entre la société MEP appartenant à Karim Khayath (9 millions de dollars) et la société américaine Prime South (30 millions de dollars).
  • 15 millions de dollars pour les frais de production, de transport et de distribution.

Le Conseil des ministres a donné son accord de principe pour assurer ces montants, mais sans avoir obtenu au préalable le feu vert de la Banque du Liban, appelée à débloquer l’argent. Le ministre de l’Énergie Walid Fayad a discuté de la question avec le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, insistant sur l’importance du déblocage du montant en question pour l’approvisionnement en électricité. Mais s’appuyant sur une décision prise en la matière par le conseil central de la Banque du Liban, Riad Salamé a refusé de verser les sommes réclamées pour deux raisons : il a d’abord souligné que la BDL ne possède pas les réserves nécessaires en dollars qui lui permettent de donner une suite favorable à la demande d’EDL ; M. Salamé a ensuite souligné que si le gouvernement insiste à demander à la BDL de continuer à financer EDL, il faudrait alors que l’exécutif définisse le cadre légal qui permettrait au gouvernement de s’emprunter auprès de la BDL, en définissant de manière claire les échéances de remboursement de ce prêt, afin que nul ne reproche par la suite à la Banque centrale d’avoir dilapidé ce qui reste de réserves en devises.

Selon certaines informations, EDL a tenté dans un tel contexte de court-circuiter le refus de la BDL en demandant au Conseil des ministres d’avaliser la conversion en dollars, sur base du taux officiel de 1507 LL, le montant de 400 milliards de LL inscrits sur le compte d’EDL, parallèlement aux montants qui seront perçus au cours des six prochains mois.

Cette proposition n’a toutefois pas été agréée par la BDL du fait qu’elle aurait pour conséquence d’entrainer une grande perte au niveau des réserves en dollars. La BDL a toutefois précisé qu’elle était disposée à convertir les 400 milliards de LL en dollars, mais sur base du taux de la plateforme " Sayrafa ".

Il ressort de l’ensemble de ces considérations qu’EDL se trouve encore dans une situation difficile du fait que si les montants requis ne sont pas assurés, notamment pour la société Prime South, les centrales de Zahrani et Deir Ammar seront menacées de fermeture du fait qu’elles sont les seules à être fonctionnelles au stade actuel. La société américaine n’est plus en mesure, en effet, de maintenir le cap sans percevoir les montants qui lui sont dus.