Il y a quelques jours, le système de Sayrafa a été modifié au grand étonnement des Libanais. Les versements en devises ont été " momentanément échelonnés ". Est-ce un signe de l’arrêt prochain et définitif de cette plateforme ?

Les Libanais vont de surprise en surprise. Depuis décembre dernier, les déposants avaient le droit de troquer leurs livres libanaises contre des dollars auprès des banques au taux de la plateforme de la Banque du Liban, Sayrafa. Or ces derniers jours, ils ont été assujettis à un échelonnement en plusieurs versements. En effet, un déposant qui voulait se procurer des dollars à travers la plateforme Sayrafa devait fournir des livres libanaises en liquide contre lesquelles il obtenait des dollars au taux défini par la BDL. Or cette semaine, cette dernière a récupéré des banques la totalité des livres libanaises, ne versant en échange qu’une partie en dollars, en affirmant qu’elle versera le reste " au cours des deux prochains jours ouvrables ", soit lundi prochain, étant donné que vendredi était un jour férié.

Trop de demandes de dollars  

Cette mesure a entrainé un vent de panique dans le pays et a provoqué l’augmentation du taux de change sur le marché parallèle. Certaines rumeurs évoquaient la fin des réserves de la BDL. Ainsi, le taux de change est passé de 23 000 livres à environ 25 000 livres pour un dollar. Cette nouvelle dépréciation de la monnaie libanaise a lieu à cause du doute concernant la pérennité de la plateforme Sayrafa, ce qui limitera les dollars sur le marché. La demande sera plus élevée que l’offre. Sans oublier le mandat d’arrêt à l’encontre de Raja Salamé accusé tout comme son frère Riad Salamé d’" enrichissement illicite ".

Contacté par Ici Beyrouth, Nassib Ghobril, chargé d’études et d’analyses économiques à la Banque Byblos, explique qu’ " il y a eu beaucoup trop de demandes qui se sont accumulées cette semaine (avec deux jours de grève et un jour férié). Les quotas des banques ont été épuisés très rapidement, la BDL n’ayant pas suffisamment alimenté, d’où cette situation ".

Selon un économiste, la BDL a reçu un montant à échanger en devises beaucoup plus grand que sa capacité à le faire.

La BDL a souligné, pour sa part, que rien n’a été modifié concernant la Sayrafa ou les plafonds autorisés. Toutefois, des rumeurs font état du fait que des dispositions avaient été prises par certaines banques afin de réduire les montants d’échanges de certains clients qui gagnent en jouant sur la différence des taux de change (Sayrafa et le marché parallèle).

Par ailleurs, suite à de nombreuses réunions et contacts, le mécanisme de subvention des importations d’essence a finalement été modifié. La BDL a indiqué vendredi qu’elle assurera désormais 100 % des dollars aux importateurs de carburant à un taux de change de 22.200 livres libanaises jusqu’au mardi 29 mars, sans se soucier des fluctuations du taux du marché ou de celui de Sayrafa.