Le Kremlin présente son offensive en Ukraine, lancée le 24 février, comme une opération pour protéger les populations russophones. Il affirme ne pas vouloir occuper son voisin et assure que la mission fixée actuellement vise à " libérer " le Donbass avec ses alliés séparatistes de cette région.
" Le monde n’a jamais aimé la Russie "
" Nous combattons le monde entier, en ce moment, comme lors de la Grande Guerre patriotique (nom donné à la Deuxième Guerre mondiale en Russie, ndlr), toute l’Europe, toute la planète était alors contre nous. C’est la même chose maintenant, ils n’ont jamais aimé la Russie ", a affirmé le général Minnekaïev.
Cette annonce intervient au lendemain de la revendication par Vladimir Poutine de la " libération " du port stratégique ukrainien de Marioupol au coeur d’une grande bataille depuis quasiment deux mois.
Après l’Ukraine… la Moldavie
Selon M. Minnekaïev, le contrôle du sud de l’Ukraine doit aussi permettre de venir en aide aux séparatistes pro-russes de Transdniestrie, qui contrôlent depuis 1992 ce territoire de Moldavie frontalier de l’ouest de l’Ukraine. Une garnison militaire russe s’y trouve déjà.
La Moldavie a convoqué vendredi l’ambassadeur de Russie pour protester contre les déclarations du général Minnekaïev.
La Transdniestrie, qui a fait sécession de la Moldavie après une brève guerre civile dans la foulée de l’effondrement de l’Union soviétique, compte environ 500.000 habitants et est soutenue économiquement et militairement par Moscou. Elle n’est pas reconnue comme un Etat par la communauté internationale.
Moscou a revu ses plans à la baisse et retiré fin mars ses troupes de la région de Kiev et du nord et l’Ukraine, qui a obtenu ces derniers jours une aide en armements plus substantielle des Occidentaux, continue d’assurer qu’elle peut repousser l’armée russe hors de son sol.
A Moscou, le ministère russe de la Défense, reconnaissant pour la première fois des pertes dans le naufrage du croiseur Moskva – que Kiev affirme avoir coulé -, a établi un premier bilan officiel à un mort et 27 disparus. Il a affirmé que les autres personnes se trouvant à bord, au nombre de 396, avaient été évacuées dans ce qu’il qualifie d’accident.
Le sort décisif de Marioupol
Sur le terrain, les forces ukrainiennes continuent selon Zelensky " de contenir les attaques des envahisseurs russes " dans l’Est et le Sud. Selon lui, le " défi numéro un " est actuellement " de fournir à nos militaires toutes les armes nécessaires ".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait affirmé mercredi qu’il y avait encore quelque " 1.000 civils, femmes et enfants " et des " centaines de blessés " dans l’aciérie.
Le Kremlin s’en prend à Kiev
Le Kremlin a lui affirmé à l’issue de cet entretien que Kiev refusait la reddition des derniers soldats ukrainiens présents dans la zone industrielle, tandis que l’armée russe se disait prête à observer " à tout moment " une trêve " sur tout ou partie " de ce site pour permettre l’évacuation de civils et la reddition de combattants.
Les autorités ukrainiennes accusent régulièrement les forces russes de cibler des voies utilisées par des personnes fuyant les combats.
" Dans les territoires provisoirement occupés, des unités de l’ennemi continuent de bloquer les mouvements de la population locale ", ainsi que " la livraison de chargements d’aide humanitaires à partir de l’Ukraine ", assure vendredi le ministère ukrainien de la Défense. Pour lui, " Il y a des cas de civils et de volontaires fusillés ".
L’ONU accuse la Russie de crimes de guerre
L’ONU a accusé vendredi l’armée russe d’actions " pouvant relever des crimes de guerre " en Ukraine depuis l’invasion du 24 février. " Lors de ces huit dernières semaines, le droit humanitaire international n’a pas seulement été ignoré, mais il a tout simplement été jeté par-dessus bord ", a déclaré Michelle Bachelet, la Haute commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, citée dans un communiqué.
" Les forces armées russes ont bombardé et pilonné de manière indiscriminée des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d’autres infrastructures civiles, autant d’actions pouvant relever des crimes de guerre ", a souligné Ravina Shamdasani, une porte-parole du Haut-commissariat aux droits de l’homme, lors d’un briefing régulier de l’ONU à Genève.
" C’est à une Cour de justice de déterminer in fine si c’est le cas, mais il y a de plus en plus de preuves que des crimes de guerre sont commis ", a-t-elle ajouté.
Boutcha n’était " pas un incident isolé "
La porte-parole a rapporté que les inspecteurs de l’ONU ont documenté le " meurtre, y compris certains par exécution sommaire ", de 50 civils dans la ville de Boutcha, en banlieue de Kiev, où les forces russes sont accusées d’avoir commis des exactions ayant fait des dizaines de morts. Des accusations que Moscou récuse.
" Durant une mission à Boutcha le 9 avril, des enquêteurs des droits humains de l’ONU ont documenté le meurtre, y compris par exécution sommaire de quelque 50 civils sur place ", a dit Mme Shamdasani.
Mais, au-delà des exactions, les attaques contre les infrastructures de santé ont aussi des conséquences funestes.
Mme Bachelet estime qu’au moins 3.000 civils sont morts faute de soins ou à cause du stress de la guerre.
Violences sexuelles
La mission enquête aussi sur les accusations de violences sexuelles des soldats russes contre des femmes, hommes et enfants et fait état de 155 cas de détention de civils -responsables locaux, journalistes, militants ou défenseurs des droits humains et autres- par les troupes russes. Une pratique qui se généralise dans les zones occupées, selon le Haut commissariat.
Certains ont été torturés et au moins 5 personnes victimes d’enlèvements forcés ont été retrouvées mortes.
Côté forces ukrainiennes, les services de Mme Bachelet disposent d’informations sur des personnes détenues arbitrairement et dans l’incapacité de communiquer avec des proches, ce qui soulève d’inquiétantes questions sur " les disparitions forcées, le respect du droit ainsi que le risque de torture et de mauvais traitement ".
La guerre durerait jusqu’à la fin 2023
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié vendredi de " réaliste " la possibilité que la guerre en Ukraine dure jusqu’à la fin de l’année 2023 en raison de la détermination de la Russie à poursuivre son offensive " épouvantable ".
Le président russe Vladimir " Poutine a une énorme armée, (…) il a fait une erreur catastrophique et la seule option qu’il a maintenant, c’est de continuer d’utiliser son approche épouvantable, basée sur l’artillerie, pour écraser les Ukrainiens ", a-t-il ajouté au terme d’une visite de deux jours en Inde.
Selon Boris Johnson, qui a rendu hommage à la résistance ukrainienne, une négociation " réaliste " visant à mettre fin au conflit " ne semble pas probable pour le moment ".
Concernant l’appui militaire à l’Ukraine et ses voisins, Boris Johnson a dit envisager de compenser les chars d’assaut de conception soviétique que la Pologne pourrait fournir à l’Ukraine pour contrer l’invasion russe.
La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, avait indiqué jeudi que l’Ukraine allait recevoir " dans les prochains jours " des armes lourdes, dont des chars de combat, de la part de pays est-européens. L’Allemagne s’est engagée à compenser ses matériels alors que plusieurs pays de l’Otan ont donné leur feu vert à la livraison d’armes lourdes.
Les négociations " patinent "
Les négociations entre Moscou et Kiev visant à régler le conflit " patinent ", a déclaré vendredi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, les discussions n’ayant donné lieu à aucune avancée apparente.
" Elles patinent, car une proposition que nous avons remise aux négociateurs ukrainiens il y a cinq jours et qui a été formulée en prenant en compte leurs commentaires reste sans réponse ", a déclaré M. Lavrov au cours d’une conférence de presse à Moscou avec son homologue kazakh Moukhtar Tleouberdi.
Le ministre russe a également dit avoir des doutes concernant la volonté des dirigeants ukrainiens de poursuivre ces pourparlers.
Guterres se rendra également en Ukraine la semaine prochaine pour rencontrer jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à la suite de sa rencontre à Moscou avec Vladimir Poutine, a annoncé vendredi l’organisation dans un communiqué.
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Avec AFP